Pierre Assouline, La république des livres, 9/6/2009 : Est-il de plus en plus difficile d’organiser de véritables débats d’idées à la radio ? Le journaliste Emmanuel Laurentin en est convaincu. Et même dépité. Depuis des années, il anime l’émission La Fabrique de l’Histoire, tous les matins de 9h05 à 10h sur France-Culture. Or il voit un symptôme inquiétant dans le fait que désormais, de plus en plus souvent, les intéressés se dérobent à ses invitations sous différents prétextes, par crainte d’affronter de vive voix et face à face des contradicteurs avec lesquels ils sont en conflit ouvert mais par voie de presse écrite. Et Laurentin de citer sur le site de idéeAjour de récentes controverses sur les traites négrières, le rôle des Arabes dans la transmission de ses racines grecques à l’Europe chrétienne ou la médiatisation sensationnaliste de recherches sur la Shoah par balles. Selon lui, les intellectuels, de plus en plus crispés, préfèrent fuir plutôt qu’affronter :
“Nous avons de plus en plus de mal à organiser des débats structurés et francs. Combien de débats en histoire tombent à l’eau, parce que finalement les acteurs d’une polémique ou d’un échange un peu vif ne veulent plus assumer leurs positions. Ici dans l’affaire Desbois, c’est l’interpellé qui se dérobe, mais dans d’autres cas comme pour Olivier Pétré-Grenouilleau ou bien Sylvain Gougenheim, il s’agit des accusateurs. Cette attitude de démission tue toute vitalité du débat public.”
Il faut ramener cette affaire à ses justes proportions.
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