dimanche 25 octobre 2009

Céline chez Aristèle...

L'Express, 21/10/2009 : De l'Ancien Régime à la Ve République, un livre revisite les "dossiers roses" de la police des moeurs. Extrait :

Chaque matrone [de maison close] a son condé : une sorte de pacte passé avec la police. Elle fournit des renseignements de tous ordres contre une protection. Les rituels des habitués, les secrets d'alcôve des "maisons à passions", les spécialités de ces dames foisonnent dans les "carnets d'amour" tenus par les filles, dans les cahiers des maisons tenues par les sous-maîtresses, mais aussi dans les rapports de surveillance et dans les enquêtes dites délicates effectuées par la Brigade mondaine, à la demande du préfet de police ou du directeur de la police judiciaire. [...]. Chez Aristèle, 31, rue de la Chaussée-d'Antin, un petit cabinet indépendant meublé d'une chaise jouxtait chaque chambre et un petit oeilleton avait été installé afin de permettre aux voyeurs d'assister à de multiples ébats sexuels [...]. Le cabinet était loué le temps d'une passe. Le prix d'une séance de voyeurisme était celui de la chambre. Les cabinets étaient disposés si astucieusement qu'on ne pouvait y accéder que par l'immeuble d'à côté, dont le mur avait été percé d'oeilletons. Lors d'une descente de la Mondaine, le propriétaire, un ancien gendarme révoqué pour malversation, déclara : "J'ai de gros frais, il faut bien que je rentabilise..." C'est dans ce lieu que Louis-Ferdinand Céline venait, derrière une vitre sans tain, assister aux coquineries de son amie Elizabeth Graig, à qui il a dédié, en 1932, son roman Voyage au bout de la nuit.

Au Chabanais, 12, rue Chabanais, un ministre des Affaires étrangères fréquentait assidûment la maison close. Il se mettait nu et se laissait passer un collier à pointes autour du cou. A quatre pattes, promené en laisse, il présentait son postérieur devant une ronde de filles nues qui lui assénaient chacune des coups de fouet, chaque fois qu'il passait devant elles. Ce collier est conservé précieusement dans le musée de la Mondaine. La presse royaliste se fit un plaisir de surnommer et de caricaturer le ministre qui aimait faire le chien "Barthoutou". M. Louis Barthou n'arrêta pas pour autant son cabotinage...

V. Willemin, La Mondaine, Histoire et archives de la Police des Moeurs, Ed. Hoebeke, 2009.
Commande possible sur Amazon.fr.

4 commentaires:

  1. J'avoue que je suis septique quant à cette information, il y a bien de rumeurs concernant Elizabeth Graig, que Céline l'offrait à tous les copains...

    Il ne s'est jamais caché qu'il aimait bien regarder... mais, d'un autre côté, il était aussi très puriste.

    Pierre L

    RépondreSupprimer
  2. Céline est souvent contradictoire...
    On retrouve cette "rumeur" dans La Brinquebale avec Céline d'Henri Mahé, pp.27-28.

    RépondreSupprimer
  3. Oui, il y a aussi ce documentaire dans les années 70 de Pollack où un copain de Céline, je ne me souviens plus de son nom, il habitait à Rennes, je crois, qui raconte que les amis s'occupaient de «l'impératrice».

    Dans le livre de Julliard «Élizabeth et Louis» Élizabeth n'est pas aussi catégorique, enfin c'est elle qui parle.

    Mais vous avez raison, Céline était contradictoire, alors... qui sait...

    Pierre L

    RépondreSupprimer
  4. Par ailleurs, la pièce de théatre l'Eglise montre bien le gout de Céline pour le voyeurisme, je me souviens également d'une déclaration ou il affirmait etre " plus voyeur que consommateur".
    Le post de Pierre L me dit aussi quelquechose, je crois qu'il laissait ses amis s'occupait de E.Craig non pas lorsqu'il était encore à Rennes mais bien plutot lors de la rédaction du Voyage au bout de la Nuit... Il y a aussi le court texte trés drole qu'a écrit Céline pour l'hotel particulier de la Chaussé-d'antin, et affiché a sa devanture.

    Ainsi je donne un certain crédit à cette rumeur tout en tenant compte des contradictions de Céline
    Julien K.

    RépondreSupprimer