Le Monde.fr, 4/12/2009 : Au cas où l'événement vous aurait échappé, sachez que La Première Nuit, le nouveau roman de Marc Lévy, vient de sortir aux éditions Robert Laffont. Si vous hésitez à vous le procurer, allez voir la bande-annonce du livre sur Internet. Elle n'a rien à envier aux plus grosses productions cinématographiques américaines. Sachez aussi que la version papier du roman sera doublée d'une version numérique. 15,99 euros sur le Reader de Sony, contre 21 euros en librairie. Au plus tard en janvier, une version iPhone sera, elle aussi, disponible.
Coïncidence ? Quinze jours avant la sortie de ce roman, paraissait au Journal officiel un décret - le N° 2009-1393 - relatif aux missions et à l'organisation du ministère de la culture et de la communication. Ce texte officialise la disparition de la direction du livre et de la lecture et son remplacement par une direction générale des médias et des industries culturelles. Cette nouvelle entité "définit, met en oeuvre et évalue la politique de l'Etat en faveur du développement et du pluralisme des médias, de l'industrie publicitaire, de l'ensemble des services de communication au public par voie électronique, de l'industrie phonographique, du livre et de la lecture et de l'économie culturelle"... Interrogé par Les Inrockuptibles, Paul Otchakovsky-Laurens, le directeur des éditions POL, regrette : "Peut-être cela fonctionnera-t-il aussi bien qu'avant, mais c'est le symbole qui m'affecte. Le fait que le livre soit absorbé dans un ensemble qui comprenne la publicité, la communication..." Opinion partagée par Olivier Rubinstein, le patron de Denoël : "C'est le symbole d'un changement d'époque important : le livre, qui reste, parmi les "produits" culturels, le plus important économiquement, devient un produit comme un autre. J'ai l'impression que le papier est de plus en plus marginalisé, que ça va devenir un produit "chic" pour une minorité éclairée."
Allez savoir pourquoi, l'évocation de ce changement d'époque me fait penser à Louis-Ferdinand Céline dont un volume de Lettres vient de paraître dans "La Pléiade". L'auteur de Voyage au bout de la nuit apportait une extrême minutie à chacun de ses romans. "Il n'est pas de petits détails qui peuvent me lasser ! JE LES VEUX TOUS ! LA MOINDRE VIRGULE ME PASSIONNE", écrivait-il en 1936 à Marie Canavaggia, sa secrétaire. En 1949, au moment de la réédition de Voyage, il avertit : "Je tiens à la correction absolue des textes (...). Je me crève moi en scrupules de labeur (...). Mes textes sont très ardus, pleins d'embûches, ce ne sont pas les merdeux correcteurs d'imprimerie qui s'en tirent ! (...). Je suis un ouvrier, je ne fais pas de pâtés sur la plage, j'amuse pas les enfants. Je fais des travaux publics sérieux." Et encore : "Je suis un artisan maniaque. Mes frégates ont le monde entier contre elles, elles doivent sortir impeccables des jetées." Une autre époque.
Coïncidence ? Quinze jours avant la sortie de ce roman, paraissait au Journal officiel un décret - le N° 2009-1393 - relatif aux missions et à l'organisation du ministère de la culture et de la communication. Ce texte officialise la disparition de la direction du livre et de la lecture et son remplacement par une direction générale des médias et des industries culturelles. Cette nouvelle entité "définit, met en oeuvre et évalue la politique de l'Etat en faveur du développement et du pluralisme des médias, de l'industrie publicitaire, de l'ensemble des services de communication au public par voie électronique, de l'industrie phonographique, du livre et de la lecture et de l'économie culturelle"... Interrogé par Les Inrockuptibles, Paul Otchakovsky-Laurens, le directeur des éditions POL, regrette : "Peut-être cela fonctionnera-t-il aussi bien qu'avant, mais c'est le symbole qui m'affecte. Le fait que le livre soit absorbé dans un ensemble qui comprenne la publicité, la communication..." Opinion partagée par Olivier Rubinstein, le patron de Denoël : "C'est le symbole d'un changement d'époque important : le livre, qui reste, parmi les "produits" culturels, le plus important économiquement, devient un produit comme un autre. J'ai l'impression que le papier est de plus en plus marginalisé, que ça va devenir un produit "chic" pour une minorité éclairée."
Allez savoir pourquoi, l'évocation de ce changement d'époque me fait penser à Louis-Ferdinand Céline dont un volume de Lettres vient de paraître dans "La Pléiade". L'auteur de Voyage au bout de la nuit apportait une extrême minutie à chacun de ses romans. "Il n'est pas de petits détails qui peuvent me lasser ! JE LES VEUX TOUS ! LA MOINDRE VIRGULE ME PASSIONNE", écrivait-il en 1936 à Marie Canavaggia, sa secrétaire. En 1949, au moment de la réédition de Voyage, il avertit : "Je tiens à la correction absolue des textes (...). Je me crève moi en scrupules de labeur (...). Mes textes sont très ardus, pleins d'embûches, ce ne sont pas les merdeux correcteurs d'imprimerie qui s'en tirent ! (...). Je suis un ouvrier, je ne fais pas de pâtés sur la plage, j'amuse pas les enfants. Je fais des travaux publics sérieux." Et encore : "Je suis un artisan maniaque. Mes frégates ont le monde entier contre elles, elles doivent sortir impeccables des jetées." Une autre époque.
Franck Nouchi
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