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Son amour impossible pour Céline fut la grande affaire de sa vie, et même au-delà, puisque si on s’intéresse aujourd’hui à elle, c’est précisément en raison de cette relation qu’elle évoqua, de manière romancée, dans un livre connu de tous les céliniens ¹.
À plusieurs reprises, je lui rendis visite dans son petit appartement de Boitsfort, commune verdoyante de Bruxelles. La flamme avec laquelle cette alerte octogénaire évoquait son grand homme m’étonnait à chaque fois. C’est qu’elle l’aimait manifestement toujours d’une manière intense. « Les yeux de cet homme dur avaient une extraordinaire expression de langueur, de confiance, d’appel. » Belle phrase extraite de ce roman, dont elle commença la rédaction après une rupture douloureuse. On retiendra aussi ce portrait pénétrant : « Céline était un homme secret ; mais il irradiait une ambiance qui dispersait les mensonges, tuait le simulacre. Avec lui, on cessait de tenir la vie à bout de bras, pour la regarder de près. Il était tout le temps à l’affût de la vie. Il était la vie elle-même ».
C’est avec une sorte de résignation souriante qu’elle accueillait les visiteurs, toujours un peu désappointée qu’on s’intéressât à elle à travers Céline et non pour elle-même. L’amertume était bien présente aussi lorsqu’elle évoquait sa carrière littéraire « ratée » qu’elle comparait à celle de sa belle-sœur, Marie Gevers, qui avait, selon elle, l’entregent qui lui faisait défaut.
J’aimais son franc-parler qui lui faisait affirmer ceci : « Je ne dirai jamais assez qu’en écrivant ses pamphlets, Céline avait l’impression très forte de commettre un acte dangereux et qui lui attirerait mille ennuis, au lieu de s’abaisser à une lâcheté, comme tout le monde le lui reproche ». Ce qui ne l’empêchait pas de préciser : « Je n’aimais pas ces pamphlets. Ils me semblaient excessifs, un peu enfantins, et me décevaient pour tout dire » ².
Évelyne était assurément un personnage. Forte et écorchée vive à la fois, rude dans certains de ses jugements et si sensible en même temps, marquée à jamais par la mort prématurée de son fils, le comédien Ivan Dominique, qu’elle a mis tant d’années à rejoindre.
Marc LAUDELOUT
1. Escaliers, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1956.
2. Lettres du 11 juillet et du 7 août 1976 à Henri Thyssens. Extraits cités dans le catalogue Tout Céline, Liège, n° 14, juin 1982, pp. 4-5.
Pour les besoins d'un ouvrage historique en Belgique, je cherche le lieu d'inhumation d'Evelyne POLLET décédée à Anvers en 2005.
RépondreSupprimerJe suis journaliste et historien.
Je vous remercie pour votre éventuelle collaboration
Cordialement
Thierry Luthers thierryluthers@gmail.com