BibliObs, 21/01/2011 : Tandis que Serge Klarsfeld en appelle à Nicolas Sarkozy pour obtenir que le nom de Céline soit retiré du calendrier 2011 des «Célébrations nationales», l'écrivain et philosophe Catherine Clément se désolidarise du haut comité qui a pris cette décision, et dans lequel elle a siégé. Lettre ouverte.
Je partage en tous points l’indignation de Serge Klarsfeld sur la célébration de Louis-Ferdinand Céline, décidée par le haut comité des célébrations nationales à l’époque où j’y siégeais (je n’ai pas reçu de convocation depuis plus d’une année). Pire encore, on m’assure que j’étais présente ce jour-là, un procès-verbal faisant foi, du moins pour ce qui concerne le début de la réunion. Le nom de Céline me révulsant depuis plus de cinquante ans, je doute d’avoir approuvé cette décision sans mot dire.
Suivant les règles de ce haut comité dans lequel chacun est libre de ses textes, je n’ai jamais pris connaissance avant publication d’un texte de présentation indulgent, et que j'aurais désapprouvé. Mais j’en comprends la cause: car tant que ne seront pas publiés les textes antisémites de Céline, il en sera ainsi. Seule cette publication, qui me paraît essentielle, permettra de faire toute la lumière sur un écrivain qui, pour l’instant, bénéficie d’un flou qui sert sa réputation littéraire et gomme la virulence de son racisme. En tout état de cause, je tiens à m’en désolidariser et, à supposer que j’en fasse encore partie, j’en démissionne immédiatement. Serge Klarsfeld a raison: tant que restent vivants des victimes (dont je fais partie), une célébration officielle de Louis-Ferdinand Céline leur est insupportable.
Ma mère me disait: «Tant qu’il n’y a que 20% d’antisémites en France, ça va.» Ce qui voulait dire, cela ne menace pas nos vies. Je pense que l’antisémitisme va décroissant dans mon pays, que les trentenaires en sont presque indemnes, et que bientôt, il n'existera plus, même s’il est remplacé, hélas, par d’autres racismes tout aussi toxiques. Dans la tranche d’âge à laquelle j’appartiens, celle des septuagénaires, l’antisémitisme rampe souvent de façon latente jusque dans l’inconscient.
Catherine CLEMENT
Née en 1939 d'une famille mi-juive mi-catholique, Catherine Clément, dont les grands-parents maternels ont été gazés à Auschwitz en mai 1944, est l'auteur d'une vingtaine de romans (dont "Pour l'amour de l'Inde", "la Putain du diable"...) et d'autant d'essais consacrés à Lévi-Strauss, Lacan, Freud...
Je partage en tous points l’indignation de Serge Klarsfeld sur la célébration de Louis-Ferdinand Céline, décidée par le haut comité des célébrations nationales à l’époque où j’y siégeais (je n’ai pas reçu de convocation depuis plus d’une année). Pire encore, on m’assure que j’étais présente ce jour-là, un procès-verbal faisant foi, du moins pour ce qui concerne le début de la réunion. Le nom de Céline me révulsant depuis plus de cinquante ans, je doute d’avoir approuvé cette décision sans mot dire.
Suivant les règles de ce haut comité dans lequel chacun est libre de ses textes, je n’ai jamais pris connaissance avant publication d’un texte de présentation indulgent, et que j'aurais désapprouvé. Mais j’en comprends la cause: car tant que ne seront pas publiés les textes antisémites de Céline, il en sera ainsi. Seule cette publication, qui me paraît essentielle, permettra de faire toute la lumière sur un écrivain qui, pour l’instant, bénéficie d’un flou qui sert sa réputation littéraire et gomme la virulence de son racisme. En tout état de cause, je tiens à m’en désolidariser et, à supposer que j’en fasse encore partie, j’en démissionne immédiatement. Serge Klarsfeld a raison: tant que restent vivants des victimes (dont je fais partie), une célébration officielle de Louis-Ferdinand Céline leur est insupportable.
Ma mère me disait: «Tant qu’il n’y a que 20% d’antisémites en France, ça va.» Ce qui voulait dire, cela ne menace pas nos vies. Je pense que l’antisémitisme va décroissant dans mon pays, que les trentenaires en sont presque indemnes, et que bientôt, il n'existera plus, même s’il est remplacé, hélas, par d’autres racismes tout aussi toxiques. Dans la tranche d’âge à laquelle j’appartiens, celle des septuagénaires, l’antisémitisme rampe souvent de façon latente jusque dans l’inconscient.
Catherine CLEMENT
Née en 1939 d'une famille mi-juive mi-catholique, Catherine Clément, dont les grands-parents maternels ont été gazés à Auschwitz en mai 1944, est l'auteur d'une vingtaine de romans (dont "Pour l'amour de l'Inde", "la Putain du diable"...) et d'autant d'essais consacrés à Lévi-Strauss, Lacan, Freud...
Et Pascal Ory, qu'était du comité, il ne démissionne pas ?
RépondreSupprimerIls devraient tous démissionner !
RépondreSupprimersauve qui peut, les plans de carrière sont menacés, ça sent le pet foireux.
RépondreSupprimerSoit elle est gâteuse (elle ne se souvient pas), soit elle ment. Ou alors, hypothèse la pire, elle est paresseuse et n'a pas écouté, n'ayant accepté ce poste que par vanité.
RépondreSupprimerÀ l'issue de son plein gré, elle aussi ?
C'est fou comme le terme de révulsion est attaché au seul nom de Louis Ferdinand Céline.
RépondreSupprimerCela démontre l'indéniable manque d'originalité et de personnalité des quidam qui l'emploient !