Il y a cinquante ans, le 1er juillet 1961, disparaissait le plus grand écrivain du vingtième siècle. L'auteur immortel du Voyage au bout de la nuit, de Mort à crédit, mais aussi des pamphlets antisémites, tels Bagatelles pour un massacre, rejoignait le panthéon des écrivains de génie. Son génie est au demeurant universellement reconnu puisqu'on ne compte pas les colloques, les livres qui lui sont consacrés, urbi et orbi. Même la prestigieuse collection La Pléiade l'édite.
Serge Klarsfeld ordonne
Son nom figure (enfin, figurait) dans le petit recueil des célébrations nationales 2011 du ministère de la Culture. Placé sous la présidence de Jean Favier, c'est un Haut comité des célébrations nationales, dépendant de la direction des Archives de France, qui établit la liste annuelle des célébrations, et publie un recueil, préfacé cette année par le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand. Mais c'était sans compter sur la fureur qui saisit Serge Klarsfeld, président de l'association des Fils et Filles de déportés juifs de France et grand chasseur de nazis devant Yahvé. Il demande, il exige « le retrait immédiat de ce recueil et la suppression dans celui qui le remplacera des pages consacrées à Céline ». Il répond d' avance à ceux qui s'offusqueraient de cette incroyable arrogance : « A ceux qui s'offusqueraient de cette exigence, nous répondons qu'il faut attendre des siècles pour que l'on célèbre en même temps les victimes et les bourreaux ». Référence sans doute à la Torah, c'est-à-dire à l'Ancien Testament, où Dieu dit : « Car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punit l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième ou quatrième génération de ceux qui me haïssent ». Gageons que ces gens-là n'hésiteront pas à prolonger l'opprobre sur quelques milliers de générations. On en frémit...
Et Serge Klarsfeld de poursuivre : « La République doit maintenir ses valeurs : Frédéric Mitterrand doit (c'est un ordre) renoncer à jeter des fleurs sur la mémoire de Céline, comme François Mitterrand a été obligé (oui, obligé) de ne plus déposer de gerbe sur la tombe de Pétain ». Depuis 1987, le chef de l'État faisait déposer tous les 11 novembre une gerbe de fleurs sur la tombe du maréchal Pétain à l'île d'Yeu, honorant par ce geste le héros de la guerre de 1914/1918. Sous la pression incessante des lobbys juifs, et notamment de la Licra, il finira par y renoncer en 1993, nonobstant ou sans doute à cause de la Francisque dont le Maréchal l'avait honoré.
Delanoë, maire de Paris, invité sur Europe 1, rajoute bien sûr sa petite crotte à cette persécution posthume de Céline : « C'est un excellent écrivain, mais un parfait salaud ». Serge Klarsfeld attaque. Il déclare, le 20 janvier, qu'il se tournerait vers Nicolas Sarkozy, afin qu'il prenne position si la célébration nationale de Louis-Ferdinand Céline était maintenue : « Ce serait un acte de courage de la part du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand d'enlever Céline de ce recueil, comme nous le réclamons ». Et puis, menaçant : « S'il ne désavoue pas la décision de le faire figurer dans les célébrations nationales, nous attendons que le Premier Ministre François Fillon et le président de la République prennent position », a-t-il annoncé, ajoutant : « Notre réaction va être dure ».
Frédéric Mitterrand se couche
Devinez ce qui se passa ? Frédéric Mitterrand se coucha.
Philippe Sollers, écrivain de gauche, a jugé "insensé" le retrait de Céline du calendrier des célébrations nationales, estimant par ailleurs, pour s'en réjouir ?, qu'on ne pouvait faire meilleure publicité à l'auteur de Mort à crédit. Pour Philippe Sollers, « il est insensé qu'un citoyen (Serge Klarsfeld) demande au président de la République de retirer un auteur de l'importance de Céline d'un volume officiel paru avec la validation du ministère de la culture ». Et il ajoute : « C'est une façon de jouer avec le feu qui me semble extrêmement dangereuse. Hemingway disait : Quand ça va mal, la littérature est en première ligne. Cette réaction me paraît tout à fait illégitime et déplacée. On ne doit pas traiter la littérature avec ce genre de censure ». Et Sollers insiste : « Cette affaire est absurde. J'ai rassemblé des textes sur Céline dans un livre paru en 2009. Cela n'a pas fait de moi un nazi notoire ».
Déjà en 2008, à Strasbourg...
Ce n'est pas la première fois que Céline subit des persécutions. A Strasbourg, la bêtise et le fanatisme firent leur œuvre en 2008. Inauguration d'une nouvelle médiathèque. Pierre Assouline raconte cet épisode sur son excellent blog La République des livres.
« Alors que n'était même pas inaugurée la nouvelle médiathèque André Malraux à Strasbourg, les visiteurs pouvaient remarquer l'originalité de la signalétique : des phrases d'écrivains écrites un peu partout sur les murs et les sols, mais choisies dans la mesure où elles faisaient ressortir un mot-clé. Une citation de Céline, extraite de Rigodon (paru en 1969), anodine au demeurant, fait ressortir le mot "Messieurs" sur les toilettes idoines : "Par ici, Mesdames et MESSIEURS... deux mille pages au moins" ». Ce n'est sans doute pas la phrase de Céline qui passera à la postérité, et on peut contester le génie du "plasticien" qui a imaginé de créer cet environnement... Mais bon, la suite vaut son pesant de cacahuètes...
Fureur du sociologue Freddy Raphaël, ancien doyen de la faculté des sciences sociales, qui vitupère, glapit et exige le retrait de Céline des chiottes de la médiathèque. Il est vrai que Freddy Raphaël avait toujours été un contempteur maniaque, vétilleux, sourcilleux de tout ce qui concerne la défense de l'identité européenne... Roland Ries, maire de Strasbourg, pourtant agrégé de lettres, se couche immédiatement, conseillé par sa collaboratrice Yaël Bussidan : « Ce n'est pas le moment de réveiller de vieux démons ! » déclare-t-il.
Mais qui sont ceux qui, par leur frénésie, leur hystérie, leur fanatisme, les réveillent ?
Déjà en 2007, le projet d'apposer une simple plaque commémorative sur la façade d'une maison de Genève, rappelant que Céline y avait vécu dans les années 1920, avait suscité couinements et retrait de la plaque. Extravagantes bouffonneries...
Comme le disait excellemment Coclès sur le site La droite strasbourgeoise, « C'était "Gogue" et Magog, le retour de l'Antéchrist, l'annonce de l'Apocalypse. Branle bas de combat donc chez les chaisières du nouvel ordre moral. La pornographie de Céline, c'était son antisémitisme, violent, démesuré, rabique, au point que même Charles Maurras y passait pour un juif. C'est dire ! Pour protéger l'enfance de cette infâme contagion, c'est aujourd'hui le nom de Céline que l'on entend épurer. Mais alors, il ne faut pas mégoter et faire les choses à demi. C'est toute la littérature qui va des Pères de l'Église jusqu'à Voltaire, de Marx jusqu'à Morand qu'il faut proscrire, et fissa! La tyrannie du Bien est insatiable. Toujours il lui faut de nouvelles figures du Mal à exorciser, de nouveaux procès en sorcellerie à instruire, de nouveaux libertins à lyncher, de nouvelles têtes à trancher. Suivre sa logique, c'est à terme condamner une littérature qui ne serait pas une littérature d'édification. Voulons-nous de ce monde là ? »
L'universitaire Henri Godard estime que « la création artistique est devenue une valeur que nous reconnaissons, même là où elle ne coïncide pas avec nos valeurs morales, voire les contredit ». Quant au regretté Philippe Muray, voilà ce qu'il écrivait dans son ouvrage "Céline" (Gallimard 2001) : « Le nom de Céline appartient à la littérature, c'est-à-dire à l'histoire de la liberté. Parvenir à l'en expulser afin de le confondre tout entier avec l'histoire de l'antisémitisme et ne plus le rendre inoubliable que par là, est le travail particulier de notre époque, tant il est vrai que celle-ci, désormais, veut ignorer que l'Histoire était cette somme d'erreurs considérables qui s'appelle la vie, et se berce de l'illusion que l'on peut supprimer l'erreur sans supprimer la vie. Et, en fin de compte, ce n'est pas seulement Céline qui sera liquidé, mais aussi, de proche en proche, toute la littérature, et jusqu'au souvenir même de la liberté ».
Un extrait de L'Ecole des cadavres
Céline ne fonctionnait certes pas dans le registre de la modération. Il est franc, net, brutal, excessif, reprochant notamment à Maurras d'être germanophobe et pas — ou pas assez — antisémite. Car, dit-il, ce n'est pas « Ni Berlin, ni Moscou » qu'il faut dire. C'est « avec les Juifs ou contre les Juifs ». Merci aux éradicateurs de Céline de nous permettre de le relire. Voilà un extrait de L'Ecole des cadavres :
« Pour le noyé tout ce qui flotte devient miracle, le pire chien crevé. Le Goye plongé, tourbillonné dans le prodigieux, torrentiel, percutant carnaval juif, a perdu tout discernement, et même toute velléité de discernement. Il ne réagit plus. Il ne se doute même plus qu'il n'existe plus. Il est trop minutieusement entrepris depuis l'école, depuis le lycée, depuis trop longtemps accaparé, robotisé, implacablement sonné, du berceau jusqu'à la tombe. Dès qu'il entr'ouvre un œil, qu'il prête la moindre oreille au plus furtif écho du monde, il ne s'attend plus à autre chose qu'à des vérités juives, des mots juifs, des rythmes juifs, des transes juives, des charabiateries juives, des croisades juives. Il est fixé comme un poisson dans sa friture. Ce qui n'est pas juif peut seul encore, par extraordinaire inversion, le mettre en état de rébellion, d'hostilité, tellement il est devenu juif, synthétiquement par persuasion. Tout lui parvient toujours du monde extérieur, inexorablement, infailliblement, invinciblement juif. Il n'est plus que le somnambule des volontés juives. Il a tout perdu dans la prodigieuse vacarmerie juive, jusqu'à la velléité de se retrouver, de retrouver sa personne, son âme, sa volonté... Le Juif l'emmène où il veut, comme il veut.
Les démocraties ne sont que les dominions de Tintamarrerie ahurissante juive, prodigieux, stratosphérique tambourinage et gigantesque accompagnement de notre appareil de torture et de servitude. Absolument irrésistible. Quels sont les patrons de ce cauchemar ? Les banques juives, la conjuration des rabbins, l'Intelligence Service (grande productrice de guerres et de révolutions), l'Angleterre judéocratique, la Cité, toute aux juifs ».
Jaurès bientôt à la trappe ?
Jean Jaurès exprimait lui aussi un antisémitisme virulent. Extraits : « Dans les villes, ce qui exaspère le gros de la population française contre les Juifs, c'est que par l'usure, par l'infatigable activité commerciale et par l'abus des influences politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique. [ ... ] En France, l'influence politique des Juifs est énorme mais elle est, si je puis dire indirecte. Elle ne s'exerce pas par la puissance du nombre, mais par la puissance de l'argent. Ils tiennent une grande partie de la presse, les grandes institutions financières, et, quand ils n'ont pu agir sur les électeurs, ils agissent sur les élus » (Jean Jaurès, 1/5/1895, Dépêche de Toulouse, La question juive en Algérie). Et puis, ce discours au Tivoli, en 1898 : « Nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n'est pas par la force du prophétisme, nous savons bien qu'elle manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d'extorsion ». Alors, posons la question aux camarades socialistes : Jaurès, Céline, même combat ? Et même traitement ?
La roche tarpéienne est proche du Capitole
Laissons la conclusion à Anne Kling, qui écrit ceci sur son blog La France Licratisée, au sujet de l'affaire Céline : « Comme on pouvait s'en douter, le "ministre" de la culture s'est couché de tout son long devant les injonctions crifiennes et klarsfeldiennes réunies. C'est bien, très bien même. Céline s'en remettra sans peine et y trouvera même vraisemblablement de nouveaux lecteurs [...] Et puis, on en arrive tellement au stade de la caricature dans les exigences formulées et les empressements serviles à y répondre qu'il faut ça pour dessiller certains yeux qui n'avaient pas encore saisi l'ampleur de la chose. A la place du CRIF (dont l'association de Klarsfeld fait partie), je lirais attentivement les commentaires qui accompagnent l'affaire, sur des sites "honorables", traduire, pas les nôtres. Et si j'avais deux sous de bon sens, ça me donnerait à réfléchir. Pour le moment, ils sont encore juchés sur le Capitole. Mais à ce train-là, la roche tarpéienne se rapproche de plus en plus ».
Aldric SÈTE
Rivarol n°2984 du 28/01/2011
Serge Klarsfeld ordonne
Son nom figure (enfin, figurait) dans le petit recueil des célébrations nationales 2011 du ministère de la Culture. Placé sous la présidence de Jean Favier, c'est un Haut comité des célébrations nationales, dépendant de la direction des Archives de France, qui établit la liste annuelle des célébrations, et publie un recueil, préfacé cette année par le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand. Mais c'était sans compter sur la fureur qui saisit Serge Klarsfeld, président de l'association des Fils et Filles de déportés juifs de France et grand chasseur de nazis devant Yahvé. Il demande, il exige « le retrait immédiat de ce recueil et la suppression dans celui qui le remplacera des pages consacrées à Céline ». Il répond d' avance à ceux qui s'offusqueraient de cette incroyable arrogance : « A ceux qui s'offusqueraient de cette exigence, nous répondons qu'il faut attendre des siècles pour que l'on célèbre en même temps les victimes et les bourreaux ». Référence sans doute à la Torah, c'est-à-dire à l'Ancien Testament, où Dieu dit : « Car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punit l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième ou quatrième génération de ceux qui me haïssent ». Gageons que ces gens-là n'hésiteront pas à prolonger l'opprobre sur quelques milliers de générations. On en frémit...
Et Serge Klarsfeld de poursuivre : « La République doit maintenir ses valeurs : Frédéric Mitterrand doit (c'est un ordre) renoncer à jeter des fleurs sur la mémoire de Céline, comme François Mitterrand a été obligé (oui, obligé) de ne plus déposer de gerbe sur la tombe de Pétain ». Depuis 1987, le chef de l'État faisait déposer tous les 11 novembre une gerbe de fleurs sur la tombe du maréchal Pétain à l'île d'Yeu, honorant par ce geste le héros de la guerre de 1914/1918. Sous la pression incessante des lobbys juifs, et notamment de la Licra, il finira par y renoncer en 1993, nonobstant ou sans doute à cause de la Francisque dont le Maréchal l'avait honoré.
Delanoë, maire de Paris, invité sur Europe 1, rajoute bien sûr sa petite crotte à cette persécution posthume de Céline : « C'est un excellent écrivain, mais un parfait salaud ». Serge Klarsfeld attaque. Il déclare, le 20 janvier, qu'il se tournerait vers Nicolas Sarkozy, afin qu'il prenne position si la célébration nationale de Louis-Ferdinand Céline était maintenue : « Ce serait un acte de courage de la part du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand d'enlever Céline de ce recueil, comme nous le réclamons ». Et puis, menaçant : « S'il ne désavoue pas la décision de le faire figurer dans les célébrations nationales, nous attendons que le Premier Ministre François Fillon et le président de la République prennent position », a-t-il annoncé, ajoutant : « Notre réaction va être dure ».
Frédéric Mitterrand se couche
Devinez ce qui se passa ? Frédéric Mitterrand se coucha.
Philippe Sollers, écrivain de gauche, a jugé "insensé" le retrait de Céline du calendrier des célébrations nationales, estimant par ailleurs, pour s'en réjouir ?, qu'on ne pouvait faire meilleure publicité à l'auteur de Mort à crédit. Pour Philippe Sollers, « il est insensé qu'un citoyen (Serge Klarsfeld) demande au président de la République de retirer un auteur de l'importance de Céline d'un volume officiel paru avec la validation du ministère de la culture ». Et il ajoute : « C'est une façon de jouer avec le feu qui me semble extrêmement dangereuse. Hemingway disait : Quand ça va mal, la littérature est en première ligne. Cette réaction me paraît tout à fait illégitime et déplacée. On ne doit pas traiter la littérature avec ce genre de censure ». Et Sollers insiste : « Cette affaire est absurde. J'ai rassemblé des textes sur Céline dans un livre paru en 2009. Cela n'a pas fait de moi un nazi notoire ».
Déjà en 2008, à Strasbourg...
Ce n'est pas la première fois que Céline subit des persécutions. A Strasbourg, la bêtise et le fanatisme firent leur œuvre en 2008. Inauguration d'une nouvelle médiathèque. Pierre Assouline raconte cet épisode sur son excellent blog La République des livres.
« Alors que n'était même pas inaugurée la nouvelle médiathèque André Malraux à Strasbourg, les visiteurs pouvaient remarquer l'originalité de la signalétique : des phrases d'écrivains écrites un peu partout sur les murs et les sols, mais choisies dans la mesure où elles faisaient ressortir un mot-clé. Une citation de Céline, extraite de Rigodon (paru en 1969), anodine au demeurant, fait ressortir le mot "Messieurs" sur les toilettes idoines : "Par ici, Mesdames et MESSIEURS... deux mille pages au moins" ». Ce n'est sans doute pas la phrase de Céline qui passera à la postérité, et on peut contester le génie du "plasticien" qui a imaginé de créer cet environnement... Mais bon, la suite vaut son pesant de cacahuètes...
Fureur du sociologue Freddy Raphaël, ancien doyen de la faculté des sciences sociales, qui vitupère, glapit et exige le retrait de Céline des chiottes de la médiathèque. Il est vrai que Freddy Raphaël avait toujours été un contempteur maniaque, vétilleux, sourcilleux de tout ce qui concerne la défense de l'identité européenne... Roland Ries, maire de Strasbourg, pourtant agrégé de lettres, se couche immédiatement, conseillé par sa collaboratrice Yaël Bussidan : « Ce n'est pas le moment de réveiller de vieux démons ! » déclare-t-il.
Mais qui sont ceux qui, par leur frénésie, leur hystérie, leur fanatisme, les réveillent ?
Déjà en 2007, le projet d'apposer une simple plaque commémorative sur la façade d'une maison de Genève, rappelant que Céline y avait vécu dans les années 1920, avait suscité couinements et retrait de la plaque. Extravagantes bouffonneries...
Comme le disait excellemment Coclès sur le site La droite strasbourgeoise, « C'était "Gogue" et Magog, le retour de l'Antéchrist, l'annonce de l'Apocalypse. Branle bas de combat donc chez les chaisières du nouvel ordre moral. La pornographie de Céline, c'était son antisémitisme, violent, démesuré, rabique, au point que même Charles Maurras y passait pour un juif. C'est dire ! Pour protéger l'enfance de cette infâme contagion, c'est aujourd'hui le nom de Céline que l'on entend épurer. Mais alors, il ne faut pas mégoter et faire les choses à demi. C'est toute la littérature qui va des Pères de l'Église jusqu'à Voltaire, de Marx jusqu'à Morand qu'il faut proscrire, et fissa! La tyrannie du Bien est insatiable. Toujours il lui faut de nouvelles figures du Mal à exorciser, de nouveaux procès en sorcellerie à instruire, de nouveaux libertins à lyncher, de nouvelles têtes à trancher. Suivre sa logique, c'est à terme condamner une littérature qui ne serait pas une littérature d'édification. Voulons-nous de ce monde là ? »
L'universitaire Henri Godard estime que « la création artistique est devenue une valeur que nous reconnaissons, même là où elle ne coïncide pas avec nos valeurs morales, voire les contredit ». Quant au regretté Philippe Muray, voilà ce qu'il écrivait dans son ouvrage "Céline" (Gallimard 2001) : « Le nom de Céline appartient à la littérature, c'est-à-dire à l'histoire de la liberté. Parvenir à l'en expulser afin de le confondre tout entier avec l'histoire de l'antisémitisme et ne plus le rendre inoubliable que par là, est le travail particulier de notre époque, tant il est vrai que celle-ci, désormais, veut ignorer que l'Histoire était cette somme d'erreurs considérables qui s'appelle la vie, et se berce de l'illusion que l'on peut supprimer l'erreur sans supprimer la vie. Et, en fin de compte, ce n'est pas seulement Céline qui sera liquidé, mais aussi, de proche en proche, toute la littérature, et jusqu'au souvenir même de la liberté ».
Un extrait de L'Ecole des cadavres
Céline ne fonctionnait certes pas dans le registre de la modération. Il est franc, net, brutal, excessif, reprochant notamment à Maurras d'être germanophobe et pas — ou pas assez — antisémite. Car, dit-il, ce n'est pas « Ni Berlin, ni Moscou » qu'il faut dire. C'est « avec les Juifs ou contre les Juifs ». Merci aux éradicateurs de Céline de nous permettre de le relire. Voilà un extrait de L'Ecole des cadavres :
« Pour le noyé tout ce qui flotte devient miracle, le pire chien crevé. Le Goye plongé, tourbillonné dans le prodigieux, torrentiel, percutant carnaval juif, a perdu tout discernement, et même toute velléité de discernement. Il ne réagit plus. Il ne se doute même plus qu'il n'existe plus. Il est trop minutieusement entrepris depuis l'école, depuis le lycée, depuis trop longtemps accaparé, robotisé, implacablement sonné, du berceau jusqu'à la tombe. Dès qu'il entr'ouvre un œil, qu'il prête la moindre oreille au plus furtif écho du monde, il ne s'attend plus à autre chose qu'à des vérités juives, des mots juifs, des rythmes juifs, des transes juives, des charabiateries juives, des croisades juives. Il est fixé comme un poisson dans sa friture. Ce qui n'est pas juif peut seul encore, par extraordinaire inversion, le mettre en état de rébellion, d'hostilité, tellement il est devenu juif, synthétiquement par persuasion. Tout lui parvient toujours du monde extérieur, inexorablement, infailliblement, invinciblement juif. Il n'est plus que le somnambule des volontés juives. Il a tout perdu dans la prodigieuse vacarmerie juive, jusqu'à la velléité de se retrouver, de retrouver sa personne, son âme, sa volonté... Le Juif l'emmène où il veut, comme il veut.
Les démocraties ne sont que les dominions de Tintamarrerie ahurissante juive, prodigieux, stratosphérique tambourinage et gigantesque accompagnement de notre appareil de torture et de servitude. Absolument irrésistible. Quels sont les patrons de ce cauchemar ? Les banques juives, la conjuration des rabbins, l'Intelligence Service (grande productrice de guerres et de révolutions), l'Angleterre judéocratique, la Cité, toute aux juifs ».
Jaurès bientôt à la trappe ?
Jean Jaurès exprimait lui aussi un antisémitisme virulent. Extraits : « Dans les villes, ce qui exaspère le gros de la population française contre les Juifs, c'est que par l'usure, par l'infatigable activité commerciale et par l'abus des influences politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique. [ ... ] En France, l'influence politique des Juifs est énorme mais elle est, si je puis dire indirecte. Elle ne s'exerce pas par la puissance du nombre, mais par la puissance de l'argent. Ils tiennent une grande partie de la presse, les grandes institutions financières, et, quand ils n'ont pu agir sur les électeurs, ils agissent sur les élus » (Jean Jaurès, 1/5/1895, Dépêche de Toulouse, La question juive en Algérie). Et puis, ce discours au Tivoli, en 1898 : « Nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n'est pas par la force du prophétisme, nous savons bien qu'elle manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d'extorsion ». Alors, posons la question aux camarades socialistes : Jaurès, Céline, même combat ? Et même traitement ?
La roche tarpéienne est proche du Capitole
Laissons la conclusion à Anne Kling, qui écrit ceci sur son blog La France Licratisée, au sujet de l'affaire Céline : « Comme on pouvait s'en douter, le "ministre" de la culture s'est couché de tout son long devant les injonctions crifiennes et klarsfeldiennes réunies. C'est bien, très bien même. Céline s'en remettra sans peine et y trouvera même vraisemblablement de nouveaux lecteurs [...] Et puis, on en arrive tellement au stade de la caricature dans les exigences formulées et les empressements serviles à y répondre qu'il faut ça pour dessiller certains yeux qui n'avaient pas encore saisi l'ampleur de la chose. A la place du CRIF (dont l'association de Klarsfeld fait partie), je lirais attentivement les commentaires qui accompagnent l'affaire, sur des sites "honorables", traduire, pas les nôtres. Et si j'avais deux sous de bon sens, ça me donnerait à réfléchir. Pour le moment, ils sont encore juchés sur le Capitole. Mais à ce train-là, la roche tarpéienne se rapproche de plus en plus ».
Aldric SÈTE
Rivarol n°2984 du 28/01/2011
Clair,net,précis,du Rivarol!
RépondreSupprimerOui, ça chauffe! Touché à Céline était une mauvaise stratégie. Ils vont la manger leur quenelle.
RépondreSupprimerPauvre Céline, réduit à son antisémitisme. Hé bien il vont en avoir des phrases antisémites issue de ces années terribles. Jaurès ouvre le bal. Renoir aussi en a sortie une pas mal. A diffuser!
"J'ai été victime des Juifs qui nous empêchaient de travailler et qui nous exploitaient. Quand je reviendrai, je serai dans une France désenjuivée, où l'homme aura retrouvé sa noblesse et sa raison de vivre." J. Renoir cité par Jeanson.
Et merde.
william