BibliObs, 21/01/2011 : «C’est insensé. Il est insensé qu’un citoyen demande au président de la République de retirer un auteur de l’importance de Céline d’un volume officiel paru avec la validation du Ministère de la Culture. On ne pouvait pas mieux faire comme pub à Céline.
Ca me laisse vraiment stupéfait. Cette réaction me paraît tout à fait illégitime et déplacée: on ne doit pas traiter la littérature avec ce genre de censure, qui se rapproche de celle de Monsieur Hessel à l’ENS par Madame Canto-Sperber, obtenue semble-t-il avec l’accord de Madame Pécresse. Tout ceci est extrêmement négatif. C’est une façon de jouer avec le feu qui me semble extrêmement dangereuse. Hemingway disait: «Quand ça va mal, la littérature est en première ligne.» Nous en avons la preuve éclatante. Les jugements deviennent déraisonnables.
Cette affaire est absurde. J’ai rassemblé mes textes sur Céline dans un livre paru en 2009 (*), cela ne fait pas de moi un nazi notoire. Il a dit une chose définitive: «Je suis anarchiste jusqu’au poil.» Les deux grands écrivains français du XXe siècle sont Proust et Céline. Point, à la ligne.
On peut critiquer Céline tant qu’on veut, on ne manque d’ailleurs pas de le faire, et il faudra évidemment publier une édition critique parfaitement formulée de ses pamphlets. On peut même critiquer tant qu’on veut ce volume édité par le Ministère. Il n’y a qu’à lui tirer dessus à boulets rouges, mais pas demander une censure au président de la République, enfin!»
Propos recueillis par Grégoire Leménager
(*) «Céline», par Philippe Sollers, éd. Ecriture, 107 p., 14,95 euros.
Ca me laisse vraiment stupéfait. Cette réaction me paraît tout à fait illégitime et déplacée: on ne doit pas traiter la littérature avec ce genre de censure, qui se rapproche de celle de Monsieur Hessel à l’ENS par Madame Canto-Sperber, obtenue semble-t-il avec l’accord de Madame Pécresse. Tout ceci est extrêmement négatif. C’est une façon de jouer avec le feu qui me semble extrêmement dangereuse. Hemingway disait: «Quand ça va mal, la littérature est en première ligne.» Nous en avons la preuve éclatante. Les jugements deviennent déraisonnables.
Cette affaire est absurde. J’ai rassemblé mes textes sur Céline dans un livre paru en 2009 (*), cela ne fait pas de moi un nazi notoire. Il a dit une chose définitive: «Je suis anarchiste jusqu’au poil.» Les deux grands écrivains français du XXe siècle sont Proust et Céline. Point, à la ligne.
On peut critiquer Céline tant qu’on veut, on ne manque d’ailleurs pas de le faire, et il faudra évidemment publier une édition critique parfaitement formulée de ses pamphlets. On peut même critiquer tant qu’on veut ce volume édité par le Ministère. Il n’y a qu’à lui tirer dessus à boulets rouges, mais pas demander une censure au président de la République, enfin!»
Propos recueillis par Grégoire Leménager
(*) «Céline», par Philippe Sollers, éd. Ecriture, 107 p., 14,95 euros.
Benêt !
RépondreSupprimerPour une fois que je suis d'accord avec Sollers, c'est que la situation en France est vraiment grave !
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