Louis-Ferdinand Céline est décédé en 1961, la même année que d'autres grands écrivains. Fallait-il apposer son nom en 2011 sur une plaquette éditée par le Ministère français de la culture et qui célèbre les reconnaissances nationales? Non, a dit Serge Klarfeld, il n'est pas décent d'honorer un pareil antisémite. C'est un infâme. Quatre pamphlets d'une violence inouïe et raciste, ce n'est pas un simple dérapage de quelques lignes comme il est arrivé à plus d'un grand écrivain. C'est inadmissible. On a donc retiré le nom de Céline de la plaquette, et depuis l'affaire fait grand bruit.
Un écrivain de grand talent et un pauvre homme aigri: les deux visages de Céline qui n'en forment peut-être qu'un seul.
L'épigraphe de «La Nausée» (1938) de Sartre est justement de Céline. Le grand Sartre rend ainsi hommage au contempteur de bourgeois, mais c'est avant la guerre de 39, avant les quatre consternants pamphlets de Céline où s'étale, lamentable, son antisémitisme. Immense écrivain et homme détestable. Comment est-ce possible? Comment cet inventeur de style, ce dénonciateur de la pensée bourgeoise («Les Salauds», avant Sartre) qui avait conduit la France dans la guerre de 14 la fleur au fusil, ce créateur d'un monde littéraire, d'une langue qui hurle de douleur, de l'inoubliable Ferdinand Bardamu, comment peut-il en même temps se tromper ainsi en politique? Comment même devant les camps de concentration ne jamais éprouver de remords? Tel fut Céline, haineux, ségrégationniste, ignoble.
«Le voyage au bout de la nuit», au style si révolutionnaire, est un roman étudié dans nos collèges. Là, rien de médiocre. Céline est même édité dans «La Pléiade», la prestigieuse collection de Gallimard. Ce qu'on reconnaît en lui c'est le romancier et non pas l'homme. Sans ces romans, il n'y aurait pas de mémoire de Céline. Personne ne lit en classe Brasillach ni Drieu La Rochelle! Lorsqu'on rencontre leurs noms, ce n'est pas les écrivains qu'on met en avant mais leur action de collabos. Le Céline romancier est d'une tout autre trempe. C'est de lui qu'il faut se souvenir, et de lui seul. L'écrivain rachète-t-il l'homme? On aimerait bien, sauf que les pamphlets sont aussi ceux d'un écrivain.
Cinquante ans après sa mort, les avis sont toujours tranchés. L'homme dérange. Scandaleux, sulfureux, Céline le restera, et on peut se dire, lui qui tenait les critiques et les célébrations officielles pour de la roupie de sansonnet, on peut se dire que l'oeuvre romanesque sait se défendre seule.
Jean ROMAIN, écrivain, philosophe
LeNouvelliste.ch, 2/2/2011
Il faut être au moins romancier et philosophe pour chier ces lieux communs...
RépondreSupprimerJ'en ai vraiment plus qu'assez de ces attaques systématiques sur Céline parfait salaud. Faut-il lancer une pétition pour relever l'absurdité et la lacheté du propos ?
RépondreSupprimerEnfin, cela permet de constater que la France est remplie de SAints.
D'où il sort ce neuneu ? Jamais entendu parler...C'est effectivement insupportable cette rengaine "écrivain de génie / homme ignoble". Moi je pense qu'il m'aurait bien fait marrer, Céline.
RépondreSupprimerLe grand Sartre, ?????????????,le ténia !
RépondreSupprimer"L'épigraphe de «La Nausée» (1938) de Sartre est justement de Céline. Le grand Sartre rend ainsi hommage au contempteur de bourgeois, mais c'est avant la guerre de 39, avant les quatre consternants pamphlets de Céline où s'étale, lamentable, son antisémitisme."
RépondreSupprimerManque de chance pour l'indigent scribouillard, "Bagatelle pour un massacre" est paru en 1937 et "La nausée" en 1938. Sartre, compte tenu du bruit que fit l'ouvrage, ne pouvait en ignorer le contenu, ainsi le raisonnement de Jean Romain ne tient pas plus debout que l'ensemble de son texte.
Autre détail qui montre son incompétence, Céline a écrit trois pamphlets à caractère antisémite et non pas quatre. A moins qu'il n'inclut dans cette liste "Mea culpa", édité en 1936, qui est une charge anticommuniste, comportant tout au plus, peut-être, une demi-phrase que l'on pourrait qualifier d'antisémite.
J'oubliais l'essentiel qui ruine encore plus l'alibi stupide choisi par Romain pour défendre Sartre et enfoncer Céline, genre "Saint Jean-Paul Sartre ne savait pas ce que deviendrait le diabolique Céline". L'épigraphe de la Nausée reprend une phrase de l'Eglise pièce datant de 1933! cinq ans avant, dans laquelle l'antisémitisme de Céline commence à apparaître déjà assez clairement.
RépondreSupprimerPourquoi l'article de M.E. Nabe (dans "le point") n'apparait il pas ici? Il y défend très justement Céline pourtant. Je vous invite à le lire.
RépondreSupprimerwilliam
L'article de Nabe n'apparait pas ici parce que nous n'en avions pas connaissance. N'hésitez pas à nous le transmettre...
RépondreSupprimerJean Romain Putallaz, de Sion natif, écrivain et philosophe, comme Jean-Baptiste Sartre, a publié en Suisse vingt ouvrages en vingt ans, et nous ne le savions pas ! Cela valait bien une petite reconnaissance, en effet. Merci encore, Ferdinand.
RépondreSupprimerC'est sur le site du "Nouvelliste" qu'il faut écrire, pas seulement sur celui du Petit célinien.
RépondreSupprimerNabe ? Il manie comme d'habitude le paradoxe, la contre vérité, le contre courant, avec le lyrisme et certitude, et ne fait guère avancer les choses, demeurant dans le tourbillon des mots, parce qu'il lui manque l'argumentation précise.
Voici le lien pour Nabe:
RépondreSupprimerhttp://www.lepoint.fr/societe/celebre-ou-pas-celine-c-est-la-star-de-2011-il-n-y-aura-personne-d-autre-par-marc-edouard-nabe-27-01-2011-132471_23.php
william
"et ne fait guère avancer les choses" ??? parce que dire que Céline est un salaud les faits avancer? ainsi que Jean Romain? La moindre des choses c'est quand même de défendre Céline et de le remettre dans un contexte. Déporter voulait dire exclure d'Europe, par ex, ce mot n'a pas le même sens aujourd'hui qu'hier. Celine n'a dénoncer personne alors qu'il le pouvait, il a soigner tout le monde, il n'était pas obligé, il n'a pas de sang sur les mains. Si c'est ça un salaud...en 40... Les choses ne sont pas simple, et si les Céliniens ne le défends pas, même avec une dose de mauvaise foi, qui le fera? Qui gagne sa vie sur son dos?
RépondreSupprimervouloir réduire les trois pamphlets de céline à l'antisémitisme est une escroquerie intellectuelle. Céline craignait les hommes d'où qu'il viennent, pays, races, religions et partis politiques. Seuls les femmes et les animaux trouvaient grâce à ses yeux. Il suffit d'ailleurs de lire dans sa correspondance les conseils de prudence donnés à ses amies juives à l'arrivée du nazisme pour s'en persuader. Entendre "grand écrivain mais salaud" à tout bout de phrases est fatigant. MD
RépondreSupprimerCe n'est certainement pas Nabe le meilleur avocat ou promoteur de Céline mais les céliniens qu'il agresse et dont il s'est nourri, y compris Henri Godard, maître d'oeuvre des Céline en Pléiade, éditeur du vrai Guignol's Band, des lettres et brouillons de Féérie...
RépondreSupprimer