La première partie de cet article est à lire ici.
M. Bounan mentionne l’envoi de L’Église à Gallimard en 1929 et y voit la preuve d’un antisémitisme provocateur. Il oublie de dire que Céline avait également proposé Semmelweis à Gallimard. C’est le premier pamphlet de Céline, bien qu’il ne soit pas antisémite, bien qu’il soit même peut-être philosémite, puisqu’on soutient que Semmelweis était d’origine juive. Est-ce le seul intérêt du livre? C’est un livre qui s’en prend à la langue de bois de l’époque, aux abstractions politiques, aux discours médicaux, ceux qui cachent l’impuissance, le mensonge, la tricherie devant l’effort, le génie de vaincre la fatalité de la maladie et de la mort. Un premier texte “situationiste” en quelque sorte. Antisémite ou guignolesque, cet acte III de L’Eglise avec le personnage de Yudenzweck, caricature d’un diplomate international? Les Juifs n’y sont qu’un symbole parmi d’autres, comme le colon, le Russe ou le bourgeois. Yudensweck est plutôt sympathique. C’est son obligation de rationalité, sa soumission à une idéologie, son appartenance à un clan, qui le séparent de Bardamu, ce médecin plus amoureux de la danse que des chiffres, plus confiant dans le microscope que dans les commissions. L’acte III de L’Église tourne surtout la satire contre les grands fonctionnaires d’une administration internationale qui ne voient que l’intérêt politique des choses et qui font passer leurs communications savantes avant l’intérêt des individus, l’écoulement d’un produit sur le marché avant la santé des habitants du pays, et qui écartent les réalités si elles n’entrent pas dans leurs statistiques. Illustration de l’éternel combat de l’individu face à la société, ce texte demeure on ne peut plus actuel, et c’est pourquoi Jean-Louis Martinelli n’a pas craint d’en proposer une mise en scène en 1992 à Lyon et à Nanterre avec un succès surprenant.
M. Bounan évoque les lettres à Garcin, croyant prouver que Céline a fait semblant de s’intéresser à Freud parce qu’il était “à la mode”. C’est oublier que la pensée de Freud alors n’était guère “à la mode”dans le peuple ou chez les bourgeois, que très peu d’intellectuels en fait la connaissaient et s’y intéressaient. Même si “le jeu du délire” était “à la mode” dans le petit groupe des surréalistes, les théories de Freud ne seront vraiment connues en France qu’après la Seconde guerre mondiale, et dans ses interviews de l’époque Céline reprochera d’ailleurs à ses confrères d’avoir ignoré “l’énorme école freudienne”. Dans son Hommage à Zola , il lui rendra encore hommage. M. Bounan a une lecture sélective et une connaissance limitée. Il ne voit pas que Céline “fait le mac” avec Garcin, imite sa gouaille de proxénète. Qu’il en rajoute, se veut plus “jules” que lui, cherche à le bluffer. Qu’il joue à l’affranchi. Qu’il cherche à amuser. Dans chacune de ses lettres, Céline, en musicien, essaie son instrument.
M. Bounan reproche ensuite la bienveillance de Céline envers les arsouilles, les marginaux, les voyous, ne décelant dans cet intérêt provisoire qu’un désir de pouvoir et d’argent pour échapper au monde du travail. C’est oublier que de Villon à Hugo, de Bruant à Rictus, et même Élie Faure, beaucoup se sont intéressés aux marginaux, et pas seulement pour leur langage, mais aussi pour leur refus d’une société à la morale mortifère. Dans le travail de galérien de Céline, dans ses pyramides de dentelles et ses opéras de souffrance, M. Bounan ne voit qu’un désir d’argent facile et de maquereautage. Qui peut croire que Céline, comme médecin et comme écrivain, échappait au monde du travail? M. Bounan souffre peut-être de “la vie innommable” au point qu’il veuille se mesurer à Céline, se croire meilleur médecin et meilleur écrivain que lui. Son opuscule, qui n’innove en rien, n’est guère probant. Il appartient plutôt à la génération des “nouveaux céliniens”, ces thésards qui confondent la compilation et la paraphrase, le détournement, les critères de moralité ou de politique, avec la véritable recherche personnelle, la proposition d’une thèse enrichissante, qui font leur carrière grâce à Céline, en crachant dessus, comme M. Bounan sort de l’anonymat et de l’insignifiance en se servant du nom de Céline. Un ténia qui réclame des purges.
Céline a joué avec sa biographie? La belle histoire! Quelle découverte! Depuis 1963, la revue L’Herne, Marcel Brochard, nous savons tout cela. Qui croit-il surprendre, M. Bounan? Un brelan de benêts qui ne sauraient pas encore que tout art est transposition? Que le réalisme est le pire des mensonges? Que les biographies sont aussi infidèles que les traductions? Depuis Rousseau et Chateaubriand, Cendrars ou Malraux, quel écrivain n’a pas joué avec son histoire, puisque sa véritable vie est dans ses livres? M. Bounan n’a sans doute vu dans le naturalisme de Zola que la tarte à la crème du réalisme. Qu’il retourne au lycée ! Qu’il relise l’Hommage à Zola où Céline traite Hitler de dictateur épileptique et son ministre de sous-gorille, en leur opposant la grandeur du naturalisme.
Quand M. Bounan parle des pamphlets de Céline, il ne précise pas lesquels. Semmelweis ? Voyage ? Mea Culpa ? L’Agité du bocal ? Entretiens ? Féerie ? Ou bien ne compte-t-il comme textes pamphlétaires que ceux qui contiennent certaines pages, certains chapitres contre les Juifs: les deux pamphlets du Front Populaire et celui de l’alliance germano-soviétique? Pourquoi préciser qu’ils sont “violemment” antisémites, alors que l’adjectif suffirait à lui seul, et qu’auparavant Céline fut “violemment” pacifiste, “violemment” anti-capitaliste, “violemment” anti-mandarin, qu’il peignit “violemment” parents et amis après s’être “noirci” lui-même “violemment”.
Nous n’employons pas les mêmes dictionnaires ni les même méthodes de lecture. Quand M. Bounan (p.56) nous dit avoir lu chez Céline (sans nous préciser où) “luxez le Juif au poteau ”, il transforme d’abord l’infinitif des Beaux Draps (p.197) en impératif, et l’extrait de son contexte pour feindre de comprendre “attachez et tuez le Juif au poteau”, comme un Indien ou un cow-boy dans un western. Restituons la phrase dans son chapitre: “Le communisme Labiche ou la mort! Voilà comme je cause ! Et pas dans vingt ans, mais tout de suite! Si on n’en n’arrange pas un nous, un communisme à notre manière, qui convienne à nos genres d’esprit, les juifs nous imposeront le leur, ils attendent que ça (...) Vinaigre! Luxer le juif au poteau! y a plus une seconde à perdre! C’est pour ainsi dire couru! ça serait un miracle qu’on le coiffe! une demi-tête!... un oiseau!...” Ou M. Bounan ne sait pas lire, ou il recopie des ouvrages de seconde main, ou il est de mauvaise foi. Il n’aurait pas dû ignorer que l’expression “luxer au poteau”, en argot parisien des champs de courses, voulait dire “battre au poteau”, “gagner” , “dépasser”, en parlant de chevaux. C’est ce sens là que l’expression a dans le texte. Cela me semble clair. Je n’interprète pas. Le Larousse des argots (Esnault, 1965) précise que “luxer”, en argot médical, veut dire “remplacer quelqu’un”. Céline poussait les Français à se montrer plus révolutionnaires que les juifs du Front populaire ne l’avaient été dans leur programme d’égalité sociale: “Abolition des privilèges! un 89 jusqu’au bout!” L’hyperbole des injures, la cruauté des portraits, rendent certains passages aujourd’hui difficiles, car les images atroces de l’Histoire ont dénaturé la charge caricaturale admise à l’époque, mais dans aucun de ses livres Céline ne réclame un “pogrom”, contrairement à ce que M. Bounan prétend (p.57). “Luxer au poteau” est d’ailleurs la seule expression qu’il ait trouvée. C’est peu sur les 906 pages des trois pamphlets incriminés. Pour recourir à un détournement et à une exploitation, aussi malhonnêtes, faut-il manquer d’arguments et de probité!
Quand j’ouvre au hasard un livre de Céline, ce n’est pas pour y prendre une leçon d’anarchisme, de nazisme ou d’antisémitisme. Je laisse cela aux masochistes et aux sadiques. Je prends Céline comme j’ouvre La Fontaine, Voltaire, Chateaubriand ou Baudelaire, qui eux aussi avaient certainement des idées politiques et sociales, mais qu’on ne lit pas pour approuver ou réfuter une idéologie. On les lit pour le plaisir, la poésie, le lyrisme, la langue, la drôlerie, la musique, la verve, le mensonge, la cruauté. Quand je relis Villon, quand je regarde un Caravage, quand j’écoute du Gesualdo, qu’ils fussent des assassins n’entrave pas mon plaisir, et je ne me sens pas coupable de complicité. Quand j’écoute La Flûte enchantée, si j’en connais le livret et en ai étudié les symboles, je me soucie peu alors de son “message” , et si je m’intéresse à la franc-maçonnerie, c’est ailleurs que je me renseigne. Quand Voltaire s’en prend aux Jésuites, je ne le tiens pas pour l’instigateur des massacres de bonnes soeurs pendant la Révolution. Quand je lis Pauvre Belgique de Baudelaire, je ne me demande pas s’il a inspiré les massacres de Belges par les Allemands ou par les Congolais. Quand je lis Rousseau, Vallès ou Zola, je ne le les tiens pas pour responsables des millions de morts en Russie, et quand j’écoute un poème d’Aragon, je ne pense pas au Guépéou, à Staline et au Goulag. J’avoue que la littérature ou la poésie l’emportent à ce moment- là sur la politique et sur l’histoire. Ce n’est pas que je lise ces auteurs pour leur style seulement, leurs idées m’intéressent, mais je ne vais pas les partager ou y adhérer forcément.
Les pages de Bagatelles qui retiennent l’attention de M. Bounan ne sont pas les mêmes que celles qui m’attirent. Je lui laisse les phrases illisibles, aujourd’hui encore plus qu’hier; qu’il me laisse les phrases qui parlent d’esthétique. Elles sont plus nombreuses que les siennes. Qu’il me laisse les pages, si prophétiques hélas, si poétiques aussi, sur la Russie. Qu’il me laisse les ballets sans paroles. Qu’il me laisse les idées sur le lyrisme, la littérature, le cinéma, la danse, idées tellement importantes que Céline dut les reprendre dans Entretiens. Cela suffit au génie de Céline, et à mon plaisir personnel. M. Bounan et moi, nous ne lisons pas le même Céline, et chacun a le sien, et jusque dans un même ouvrage, ce qui prouve la richesse de ce poète. Je laisse son Céline aux historiens, aux sociologues, à l’ homo politicus, et je plains M. Bounan de s’ infliger tel supplice à sa lecture.
M. Bounan fait de Céline un “dénonciateur” de Juifs pendant l’Occupation, ce qui serait impardonnable, mais ce qui est pure diffamation, fondée sur les démêlées de Céline avec Rouquès, Mackiewicz, Desnos, Cocteau, Lifar. Je ne sais pas si le premier était juif, mais il était bien connu des Allemands pour son engagement politique, et Céline ne pouvait donc rien leur apprendre. Les autres n’étaient pas juifs. Les deux derniers cités étaient festoyés par l’occupant et ne couraient aucun risque. Aucune de ces “dénonciations” n’eut le moindre effet. M. Bounan suggère pourtant que Desnos est mort en déportation à cause de Céline. Couronnement de la calomnie! Desnos, qui n’était pas juif mais breton depuis Saint Louis, écrivait dans Aujourd’hui, un journal “résistant dans la collaboration”, quand il traita Céline d’alcoolique, alors qu’il le connaissait. Etre comparé à Henry Bordeaux, passe encore, mais être accusé de chercher dans l’alcool son inspiration! Et par qui? quel bouffon? C’était trop! Céline demanda à ce journaleux apointé d’afficher sa carte du Parti, sa photo de face et de profil, sa tête d’alcoolique, au lieu de se cacher sous une signature. Ceci se passait le 3 mars1941, bien avant la rupture du pacte germano-soviétique. Desnos ne fut inquiété qu’en 1944 et, selon le témoignage de sa veuve, fut arrêté à cause d’un tract qu’Aragon lui avait donné.
M. Bounan suggère encore que le témoignage de Chamfleury est d’une “aimable” complaisance, sans aucune preuve à l’appui, ce qui l’ autorise à remettre en doute l’honnêteté de ce témoin. Chamfleury n’est pas le seul résistant à avoir témoigné en faveur de Céline. Je ne connais pas l’âge de M. Bounan. Peut-être est-il bardé de médailles, d’exploits dans la Résistance. Mais il y a aussi les témoignages du Dr Tuset, de Pétrovitch, qui ont risqué cent fois leur peau pour que des gens comme M. Bounan puissent écrire aujourd’hui en français. Il parle également de l’amitié de Tixier-Vigancour (sans ”t” final, ce serait mieux!) avec Céline, qu’il n’a vu que deux fois, et il passe sous silence la défense de Maître Albert Naud, sans doute parce qu’il était résistant. Le livre de M. Bounan, pour finir, ressemble fort à un pamphlet, dans le genre Kaminsky, actualisé, moins moscoutaire (c’est démodé), mais n’apprend rien au célinien et déçoit le chercheur. Non le pamphlet de haute graisse, de grand style, mais le pamphlet de style mesquin et insidieux. Qu’il se rassure ! Son pamphlet aura du succès auprès des lecteurs pour qui Céline est le salaud intégral de la littérature française. Formés dans des livres de classe mitonnés par des sorbonnagres, les lecteurs ne manquent pas, pour se gaver de 40 francs de jalousie chafouine.
Dans son chapitre intitulé “Histoire d’une reconquête”, M. Bounan rejoint, ne lui déplaise, ce que pensait Céline sur bien des points. Les véritables responsables des massacres qui ont ensanglanté notre XXe siècle se sont toujours cachés derrière les guignols qu’on propose à la foule pour l’empêcher de réfléchir aux véritables causes des misères. Relire Mea Culpa. Je me perds totalement dans le chapitre sur le “révisionnisme” où M. Bounan évoque des déclarations, des querelles, des reniements, dont j’ignore tout. M. Bounan règle des comptes avec l’équipe de la librairie La Vieille Taupe. J’ai longtemps habité en face, rue des Fossés Saint-Jacques. J’y avais acheté un Céline en chemise noire de Kaminsky. Je m’étais demandé si ce n’étaient pas les mêmes barbus qui avaient publié en 1984 une édition pirate de Mea Culpa, préfacé par un texte “situationniste” qui reprochait à Céline son “anti-humanisme”, au nom de l’Internationale des dépossédés. Est-ce bien intéressant? Ces histoires de groupuscules soixante-huitards nous semblent bien dépassées. L’énorme calèche emballée de l’Histoire a renversé dans les ornières tous les postillons qui rêvaient d’en être le cocher.
Je ne sais pas grand chose du Situationnisme, même si j’ai rencontré Guy Debord quelques fois au Troumilou, bistrot sympa des bords de Seine. Il cherchait à convertir quelques bouquinistes qui en savaient plus que lui sur l’utopie de l’anarchie ou sur la forfaiture du marxisme. Ils y avaient abandonné bien des désillusions et les avaient plus chèrement payées que notre intellectuel. Gavés du livresque fourgué à bas prix, ils trouvaient ce gros matou de Debord bien bavard et abstrait. Il préférait Machiavel à Dante et Léon Bloy à Céline. Il préférait la politique à la littérature, la religion à la poésie. Cela nous séparait. Comme son besoin d’alcool et mon goût pour le thé. Il prophétisait une guerre en Europe en descendant son litre de beaujolais. Un suicide en public, et un cas médical. Il se croyait suivi, se voyait assassiné. C’était un romantique en fait. J’aimais bien l’écouter, c’était un spectacle. Je suis bon public.
Le dernier chapitre de M. Bounan, son épilogue, si célinien encore, me touche, car ce n’est plus de la parade anti-célinienne, facile, gagnée d’avance auprès de lecteurs pressés. La disparition des baleines est sans doute plus grave que la disparition des Gaulois. A-t-il lu le début de Scandale aux abysses sur le massacre des phoques? Je suis prêt à le suivre sur la catastrophe écologique de la planète pour l’ intérêt de quelques psychopathes. Dommage que M. Bounan n’ait pas osé ou pas pu les nommer précisément comme il dénonce les “vrais” et “seuls” responsables de la Deuxième guerre mondiale. Encore une diversion? Je referme ce livre qui ne m’a rien appris, et je regarde encore une fois la couverture. M. Bounan connaît-il le tarot de Marseille? Son choix de la treizième lame, après tout, s’avère n’être pas si mauvais. C’est à vrai dire ce que le livre présente de mieux. Car la XIIIe lame du Tarot ne symbolise pas tant la noire camarde, la faucheuse blême, la rouge guillotineuse, mais personnifie le travail de deuil, le renoncement à la matière pour accéder à une initiation, par une évolution spirituelle. Carte du dépouillement, du mouvement, de la transformation. En cela donc, très célinienne, très poétique...
Éric MAZET
Le Bulletin célinien, n° 175, avril 1997, pp. 15-22.
Michel Bounan, L’art de Céline et son temps, Éd. Allia.
M. Bounan mentionne l’envoi de L’Église à Gallimard en 1929 et y voit la preuve d’un antisémitisme provocateur. Il oublie de dire que Céline avait également proposé Semmelweis à Gallimard. C’est le premier pamphlet de Céline, bien qu’il ne soit pas antisémite, bien qu’il soit même peut-être philosémite, puisqu’on soutient que Semmelweis était d’origine juive. Est-ce le seul intérêt du livre? C’est un livre qui s’en prend à la langue de bois de l’époque, aux abstractions politiques, aux discours médicaux, ceux qui cachent l’impuissance, le mensonge, la tricherie devant l’effort, le génie de vaincre la fatalité de la maladie et de la mort. Un premier texte “situationiste” en quelque sorte. Antisémite ou guignolesque, cet acte III de L’Eglise avec le personnage de Yudenzweck, caricature d’un diplomate international? Les Juifs n’y sont qu’un symbole parmi d’autres, comme le colon, le Russe ou le bourgeois. Yudensweck est plutôt sympathique. C’est son obligation de rationalité, sa soumission à une idéologie, son appartenance à un clan, qui le séparent de Bardamu, ce médecin plus amoureux de la danse que des chiffres, plus confiant dans le microscope que dans les commissions. L’acte III de L’Église tourne surtout la satire contre les grands fonctionnaires d’une administration internationale qui ne voient que l’intérêt politique des choses et qui font passer leurs communications savantes avant l’intérêt des individus, l’écoulement d’un produit sur le marché avant la santé des habitants du pays, et qui écartent les réalités si elles n’entrent pas dans leurs statistiques. Illustration de l’éternel combat de l’individu face à la société, ce texte demeure on ne peut plus actuel, et c’est pourquoi Jean-Louis Martinelli n’a pas craint d’en proposer une mise en scène en 1992 à Lyon et à Nanterre avec un succès surprenant.
M. Bounan évoque les lettres à Garcin, croyant prouver que Céline a fait semblant de s’intéresser à Freud parce qu’il était “à la mode”. C’est oublier que la pensée de Freud alors n’était guère “à la mode”dans le peuple ou chez les bourgeois, que très peu d’intellectuels en fait la connaissaient et s’y intéressaient. Même si “le jeu du délire” était “à la mode” dans le petit groupe des surréalistes, les théories de Freud ne seront vraiment connues en France qu’après la Seconde guerre mondiale, et dans ses interviews de l’époque Céline reprochera d’ailleurs à ses confrères d’avoir ignoré “l’énorme école freudienne”. Dans son Hommage à Zola , il lui rendra encore hommage. M. Bounan a une lecture sélective et une connaissance limitée. Il ne voit pas que Céline “fait le mac” avec Garcin, imite sa gouaille de proxénète. Qu’il en rajoute, se veut plus “jules” que lui, cherche à le bluffer. Qu’il joue à l’affranchi. Qu’il cherche à amuser. Dans chacune de ses lettres, Céline, en musicien, essaie son instrument.
M. Bounan reproche ensuite la bienveillance de Céline envers les arsouilles, les marginaux, les voyous, ne décelant dans cet intérêt provisoire qu’un désir de pouvoir et d’argent pour échapper au monde du travail. C’est oublier que de Villon à Hugo, de Bruant à Rictus, et même Élie Faure, beaucoup se sont intéressés aux marginaux, et pas seulement pour leur langage, mais aussi pour leur refus d’une société à la morale mortifère. Dans le travail de galérien de Céline, dans ses pyramides de dentelles et ses opéras de souffrance, M. Bounan ne voit qu’un désir d’argent facile et de maquereautage. Qui peut croire que Céline, comme médecin et comme écrivain, échappait au monde du travail? M. Bounan souffre peut-être de “la vie innommable” au point qu’il veuille se mesurer à Céline, se croire meilleur médecin et meilleur écrivain que lui. Son opuscule, qui n’innove en rien, n’est guère probant. Il appartient plutôt à la génération des “nouveaux céliniens”, ces thésards qui confondent la compilation et la paraphrase, le détournement, les critères de moralité ou de politique, avec la véritable recherche personnelle, la proposition d’une thèse enrichissante, qui font leur carrière grâce à Céline, en crachant dessus, comme M. Bounan sort de l’anonymat et de l’insignifiance en se servant du nom de Céline. Un ténia qui réclame des purges.
Céline a joué avec sa biographie? La belle histoire! Quelle découverte! Depuis 1963, la revue L’Herne, Marcel Brochard, nous savons tout cela. Qui croit-il surprendre, M. Bounan? Un brelan de benêts qui ne sauraient pas encore que tout art est transposition? Que le réalisme est le pire des mensonges? Que les biographies sont aussi infidèles que les traductions? Depuis Rousseau et Chateaubriand, Cendrars ou Malraux, quel écrivain n’a pas joué avec son histoire, puisque sa véritable vie est dans ses livres? M. Bounan n’a sans doute vu dans le naturalisme de Zola que la tarte à la crème du réalisme. Qu’il retourne au lycée ! Qu’il relise l’Hommage à Zola où Céline traite Hitler de dictateur épileptique et son ministre de sous-gorille, en leur opposant la grandeur du naturalisme.
Quand M. Bounan parle des pamphlets de Céline, il ne précise pas lesquels. Semmelweis ? Voyage ? Mea Culpa ? L’Agité du bocal ? Entretiens ? Féerie ? Ou bien ne compte-t-il comme textes pamphlétaires que ceux qui contiennent certaines pages, certains chapitres contre les Juifs: les deux pamphlets du Front Populaire et celui de l’alliance germano-soviétique? Pourquoi préciser qu’ils sont “violemment” antisémites, alors que l’adjectif suffirait à lui seul, et qu’auparavant Céline fut “violemment” pacifiste, “violemment” anti-capitaliste, “violemment” anti-mandarin, qu’il peignit “violemment” parents et amis après s’être “noirci” lui-même “violemment”.
Nous n’employons pas les mêmes dictionnaires ni les même méthodes de lecture. Quand M. Bounan (p.56) nous dit avoir lu chez Céline (sans nous préciser où) “luxez le Juif au poteau ”, il transforme d’abord l’infinitif des Beaux Draps (p.197) en impératif, et l’extrait de son contexte pour feindre de comprendre “attachez et tuez le Juif au poteau”, comme un Indien ou un cow-boy dans un western. Restituons la phrase dans son chapitre: “Le communisme Labiche ou la mort! Voilà comme je cause ! Et pas dans vingt ans, mais tout de suite! Si on n’en n’arrange pas un nous, un communisme à notre manière, qui convienne à nos genres d’esprit, les juifs nous imposeront le leur, ils attendent que ça (...) Vinaigre! Luxer le juif au poteau! y a plus une seconde à perdre! C’est pour ainsi dire couru! ça serait un miracle qu’on le coiffe! une demi-tête!... un oiseau!...” Ou M. Bounan ne sait pas lire, ou il recopie des ouvrages de seconde main, ou il est de mauvaise foi. Il n’aurait pas dû ignorer que l’expression “luxer au poteau”, en argot parisien des champs de courses, voulait dire “battre au poteau”, “gagner” , “dépasser”, en parlant de chevaux. C’est ce sens là que l’expression a dans le texte. Cela me semble clair. Je n’interprète pas. Le Larousse des argots (Esnault, 1965) précise que “luxer”, en argot médical, veut dire “remplacer quelqu’un”. Céline poussait les Français à se montrer plus révolutionnaires que les juifs du Front populaire ne l’avaient été dans leur programme d’égalité sociale: “Abolition des privilèges! un 89 jusqu’au bout!” L’hyperbole des injures, la cruauté des portraits, rendent certains passages aujourd’hui difficiles, car les images atroces de l’Histoire ont dénaturé la charge caricaturale admise à l’époque, mais dans aucun de ses livres Céline ne réclame un “pogrom”, contrairement à ce que M. Bounan prétend (p.57). “Luxer au poteau” est d’ailleurs la seule expression qu’il ait trouvée. C’est peu sur les 906 pages des trois pamphlets incriminés. Pour recourir à un détournement et à une exploitation, aussi malhonnêtes, faut-il manquer d’arguments et de probité!
Quand j’ouvre au hasard un livre de Céline, ce n’est pas pour y prendre une leçon d’anarchisme, de nazisme ou d’antisémitisme. Je laisse cela aux masochistes et aux sadiques. Je prends Céline comme j’ouvre La Fontaine, Voltaire, Chateaubriand ou Baudelaire, qui eux aussi avaient certainement des idées politiques et sociales, mais qu’on ne lit pas pour approuver ou réfuter une idéologie. On les lit pour le plaisir, la poésie, le lyrisme, la langue, la drôlerie, la musique, la verve, le mensonge, la cruauté. Quand je relis Villon, quand je regarde un Caravage, quand j’écoute du Gesualdo, qu’ils fussent des assassins n’entrave pas mon plaisir, et je ne me sens pas coupable de complicité. Quand j’écoute La Flûte enchantée, si j’en connais le livret et en ai étudié les symboles, je me soucie peu alors de son “message” , et si je m’intéresse à la franc-maçonnerie, c’est ailleurs que je me renseigne. Quand Voltaire s’en prend aux Jésuites, je ne le tiens pas pour l’instigateur des massacres de bonnes soeurs pendant la Révolution. Quand je lis Pauvre Belgique de Baudelaire, je ne me demande pas s’il a inspiré les massacres de Belges par les Allemands ou par les Congolais. Quand je lis Rousseau, Vallès ou Zola, je ne le les tiens pas pour responsables des millions de morts en Russie, et quand j’écoute un poème d’Aragon, je ne pense pas au Guépéou, à Staline et au Goulag. J’avoue que la littérature ou la poésie l’emportent à ce moment- là sur la politique et sur l’histoire. Ce n’est pas que je lise ces auteurs pour leur style seulement, leurs idées m’intéressent, mais je ne vais pas les partager ou y adhérer forcément.
Les pages de Bagatelles qui retiennent l’attention de M. Bounan ne sont pas les mêmes que celles qui m’attirent. Je lui laisse les phrases illisibles, aujourd’hui encore plus qu’hier; qu’il me laisse les phrases qui parlent d’esthétique. Elles sont plus nombreuses que les siennes. Qu’il me laisse les pages, si prophétiques hélas, si poétiques aussi, sur la Russie. Qu’il me laisse les ballets sans paroles. Qu’il me laisse les idées sur le lyrisme, la littérature, le cinéma, la danse, idées tellement importantes que Céline dut les reprendre dans Entretiens. Cela suffit au génie de Céline, et à mon plaisir personnel. M. Bounan et moi, nous ne lisons pas le même Céline, et chacun a le sien, et jusque dans un même ouvrage, ce qui prouve la richesse de ce poète. Je laisse son Céline aux historiens, aux sociologues, à l’ homo politicus, et je plains M. Bounan de s’ infliger tel supplice à sa lecture.
M. Bounan fait de Céline un “dénonciateur” de Juifs pendant l’Occupation, ce qui serait impardonnable, mais ce qui est pure diffamation, fondée sur les démêlées de Céline avec Rouquès, Mackiewicz, Desnos, Cocteau, Lifar. Je ne sais pas si le premier était juif, mais il était bien connu des Allemands pour son engagement politique, et Céline ne pouvait donc rien leur apprendre. Les autres n’étaient pas juifs. Les deux derniers cités étaient festoyés par l’occupant et ne couraient aucun risque. Aucune de ces “dénonciations” n’eut le moindre effet. M. Bounan suggère pourtant que Desnos est mort en déportation à cause de Céline. Couronnement de la calomnie! Desnos, qui n’était pas juif mais breton depuis Saint Louis, écrivait dans Aujourd’hui, un journal “résistant dans la collaboration”, quand il traita Céline d’alcoolique, alors qu’il le connaissait. Etre comparé à Henry Bordeaux, passe encore, mais être accusé de chercher dans l’alcool son inspiration! Et par qui? quel bouffon? C’était trop! Céline demanda à ce journaleux apointé d’afficher sa carte du Parti, sa photo de face et de profil, sa tête d’alcoolique, au lieu de se cacher sous une signature. Ceci se passait le 3 mars1941, bien avant la rupture du pacte germano-soviétique. Desnos ne fut inquiété qu’en 1944 et, selon le témoignage de sa veuve, fut arrêté à cause d’un tract qu’Aragon lui avait donné.
M. Bounan suggère encore que le témoignage de Chamfleury est d’une “aimable” complaisance, sans aucune preuve à l’appui, ce qui l’ autorise à remettre en doute l’honnêteté de ce témoin. Chamfleury n’est pas le seul résistant à avoir témoigné en faveur de Céline. Je ne connais pas l’âge de M. Bounan. Peut-être est-il bardé de médailles, d’exploits dans la Résistance. Mais il y a aussi les témoignages du Dr Tuset, de Pétrovitch, qui ont risqué cent fois leur peau pour que des gens comme M. Bounan puissent écrire aujourd’hui en français. Il parle également de l’amitié de Tixier-Vigancour (sans ”t” final, ce serait mieux!) avec Céline, qu’il n’a vu que deux fois, et il passe sous silence la défense de Maître Albert Naud, sans doute parce qu’il était résistant. Le livre de M. Bounan, pour finir, ressemble fort à un pamphlet, dans le genre Kaminsky, actualisé, moins moscoutaire (c’est démodé), mais n’apprend rien au célinien et déçoit le chercheur. Non le pamphlet de haute graisse, de grand style, mais le pamphlet de style mesquin et insidieux. Qu’il se rassure ! Son pamphlet aura du succès auprès des lecteurs pour qui Céline est le salaud intégral de la littérature française. Formés dans des livres de classe mitonnés par des sorbonnagres, les lecteurs ne manquent pas, pour se gaver de 40 francs de jalousie chafouine.
Dans son chapitre intitulé “Histoire d’une reconquête”, M. Bounan rejoint, ne lui déplaise, ce que pensait Céline sur bien des points. Les véritables responsables des massacres qui ont ensanglanté notre XXe siècle se sont toujours cachés derrière les guignols qu’on propose à la foule pour l’empêcher de réfléchir aux véritables causes des misères. Relire Mea Culpa. Je me perds totalement dans le chapitre sur le “révisionnisme” où M. Bounan évoque des déclarations, des querelles, des reniements, dont j’ignore tout. M. Bounan règle des comptes avec l’équipe de la librairie La Vieille Taupe. J’ai longtemps habité en face, rue des Fossés Saint-Jacques. J’y avais acheté un Céline en chemise noire de Kaminsky. Je m’étais demandé si ce n’étaient pas les mêmes barbus qui avaient publié en 1984 une édition pirate de Mea Culpa, préfacé par un texte “situationniste” qui reprochait à Céline son “anti-humanisme”, au nom de l’Internationale des dépossédés. Est-ce bien intéressant? Ces histoires de groupuscules soixante-huitards nous semblent bien dépassées. L’énorme calèche emballée de l’Histoire a renversé dans les ornières tous les postillons qui rêvaient d’en être le cocher.
Je ne sais pas grand chose du Situationnisme, même si j’ai rencontré Guy Debord quelques fois au Troumilou, bistrot sympa des bords de Seine. Il cherchait à convertir quelques bouquinistes qui en savaient plus que lui sur l’utopie de l’anarchie ou sur la forfaiture du marxisme. Ils y avaient abandonné bien des désillusions et les avaient plus chèrement payées que notre intellectuel. Gavés du livresque fourgué à bas prix, ils trouvaient ce gros matou de Debord bien bavard et abstrait. Il préférait Machiavel à Dante et Léon Bloy à Céline. Il préférait la politique à la littérature, la religion à la poésie. Cela nous séparait. Comme son besoin d’alcool et mon goût pour le thé. Il prophétisait une guerre en Europe en descendant son litre de beaujolais. Un suicide en public, et un cas médical. Il se croyait suivi, se voyait assassiné. C’était un romantique en fait. J’aimais bien l’écouter, c’était un spectacle. Je suis bon public.
Le dernier chapitre de M. Bounan, son épilogue, si célinien encore, me touche, car ce n’est plus de la parade anti-célinienne, facile, gagnée d’avance auprès de lecteurs pressés. La disparition des baleines est sans doute plus grave que la disparition des Gaulois. A-t-il lu le début de Scandale aux abysses sur le massacre des phoques? Je suis prêt à le suivre sur la catastrophe écologique de la planète pour l’ intérêt de quelques psychopathes. Dommage que M. Bounan n’ait pas osé ou pas pu les nommer précisément comme il dénonce les “vrais” et “seuls” responsables de la Deuxième guerre mondiale. Encore une diversion? Je referme ce livre qui ne m’a rien appris, et je regarde encore une fois la couverture. M. Bounan connaît-il le tarot de Marseille? Son choix de la treizième lame, après tout, s’avère n’être pas si mauvais. C’est à vrai dire ce que le livre présente de mieux. Car la XIIIe lame du Tarot ne symbolise pas tant la noire camarde, la faucheuse blême, la rouge guillotineuse, mais personnifie le travail de deuil, le renoncement à la matière pour accéder à une initiation, par une évolution spirituelle. Carte du dépouillement, du mouvement, de la transformation. En cela donc, très célinienne, très poétique...
Éric MAZET
Le Bulletin célinien, n° 175, avril 1997, pp. 15-22.
Michel Bounan, L’art de Céline et son temps, Éd. Allia.
Merci Monsieur Eric Mazet pour ces petites précisions qui méritaient d'être signalées à son "auteur".
RépondreSupprimerUne fois de plus, vous visez juste et bottez en touche !
Sans vouloir en aucun cas être servile, je veux rendre hommage au travail que vous avez mené sur l'oeuvre de Céline depuis 30 ans, tendant à une meilleure compréhension de l'oeuvre et de la vie de Céline, ce en quoi vous avez réussi à merveille.
Continuez s'il vous plait !
Mais à quoi bon perdre son temps à répondre à ceux que Guy Debord lui-même appelait avec le plus grand mépris les "pro-situs" ? (enfin comme dit Jean Marc, cela vous permet d'apporter un certain nombre de précisions et c'est là l'essentiel)
RépondreSupprimerEric Mazet ....image d exil....tres mauvais livre...repetition du sujet...pour des gens comme Jean marc qui achete tout ...les eds du Lerot tres mauvais...ne foutez pas votre fric dans ces etudes merdique...aller plutot mettre votre fric dans le cul d une bonne pute...faite vous plaisir...surtout que L.F. CELINE aurait partager mon avis...
RépondreSupprimerAnonyme tu as un sacré problème, ou une dent contre les éditeurs !
RépondreSupprimerMais à force de cracher tes dents, tu es laid, et ça c'est insupportable !
Reste "anonyme" le plus longtemps possible et cache-toi, ça vaudra mieux !
Que le Petiot Célinien reconduise ce monsieur dans sa cellule de dégrisement. Il manque cruellement d'humour.
RépondreSupprimerE C-G
Rêvons du jour où les lecteurs resteront courtois et sympathiques...
RépondreSupprimerEt puis, on se demande pourquoi ces attaques virulentes et grossières, vulgaires, répétitives, scatologiques, contre les Editions d Lérot et Jean Paul Louis, qui n'y sont pour rien dans la publication par le Petit Célinien de l'article de Mazet publié, gracieusement, comme toujours, il y a 14 ans dans le Bulletin célinien, et qui n'avait pas la prétention de dire au lecteur comment lire Céline mais seulement la prétention de démonter historiquement ou biographiquement les malveillances de Bounan.
RépondreSupprimerj ai rien contre le petit celinien...bien au contraire...j adore son blog...pour les infos...
RépondreSupprimermaintenant dés qu il ya un livre sur celine...vous les guignols vous dite super grande etude sur celine...celine lui meme serai de mon avis...hardi petit...
bravo au "petit célinien" à Mazet et à Barberousse!
RépondreSupprimerhip hip hourra!!
Il est clair que l'anonyme mal embouché est pris de logorrhée scatologique, n'a pas lu, entrouvert, les ouvrages qu'il voue aux gémonies, s'identifie à Céline, se l'approprie, prête à autrui sans les connaître des pouvoirs ou des motifs qu'ils n'ont pas, anathémise, ordonne ceci, conseille cela, connaît tout, par devant par derrière. Bien des symptômes de pathologie chez ce malheureux. Ça fait beaucoup. Autrefois on enfermait pour moins que ça. Heureux temps d'aujourd'hui pour ces pèlerins d'absolu et prophètes d'apocalypse. Ils peuvent aller sur les routes ou sur les blogs raconter leur vie, étaler leurs idées, vitupérer l'inconnu, défier les réalités. Enfin, comme disait Céline, "N'importe quel trou du cul se voit Jupiter dans la glace". C'est dans l'Agité du bocal je crois bien. L'anonyme ira vérifier.
RépondreSupprimerExtraite de Mea Culpa : "Le moindre ostrué trou du cul se voit Jupiter dans la glace. Voilà le grand miracle moderne. Une fatuité gigantesque, cosmique." Qui précède A l'agité du bocal, dans l'exemplaire imprimé des Éditions de la Reconquête.
RépondreSupprimerE C-G
Merci à E C G pour la citation exacte et la référence Mea Culpa.
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