Dans la potée célinienne, ils ont tous mis leur grain de sel. Les journalistes, les hommes politiques, le ministre de la culture, et même ce pauvre Delanoë. Céline ? Le cinquantième anniversaire de sa mort ? Ah, pas bien, pas question de commémoration, c’était un salaud… Tout le monde donne son avis. C’est une maladie, ça, l’avis de tout le monde. Sans compter les commémorations. On commémore à tort, à travers. N’importe qui, n’importe quoi, pourvu qu’on commémore. Là où il est, il s’en bat les joyeuses, sa majesté Destouches. Cela ne l’empêche pas d’être un grand écrivain. Le grand écrivain. L’année Céline, c’est tous les ans. Et ça, les autres, ils l’ont en travers. Ils auraient préféré un gentil ramollo du bulbe, bien pensant, propre sur lui, faussement rebelle, avec des idées plein la tête, des mots aimables pour les uns, pour les autres, une sauce bobo comme il faut, avec de l’indignation bien calibrée, digne d’un bon petit repentant de commerce. Indignez-vous que diable ! Allez, pour mieux éluder Céline, ce choléra, ce tétanos, ce pourri d’antisémite, lisez donc Brami. Emile Brami. Son « Céline à rebours » vient d’être réédité (Archipoche, 474p., 8.50€). Entre « l’impatience et la colère » ; comme disait Jean-Louis Bory, pas de place pour la commémoration. Brami joue les Huysmanns. On retrouve un Céline génial et pitoyable. Sa marque de fabrique.
François CERESA
Edito du Service Littéraire n°39, mars 2011.
François CERESA
Edito du Service Littéraire n°39, mars 2011.
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