Comment se retrouver dans le maquis d'ouvrages publiés ou annoncés à l'occasion du cinquantenaire de la mort de l'auteur de «Voyage au bout de la nuit».
Commémoré ou non, Louis-Ferdinand Céline se vend bien en librairie. Cinquante ans après la mort de l’auteur de Voyage au bout de la nuit, les livres, études, biographies, témoignages s’amoncellent. Admiré pour ses écrits tout autant que détesté pour son ignominie, Céline provoque les passions et l’appétit des éditeurs. Un casse-tête pour les lecteurs qui peinent à s’y retrouver. N’en fait-on pas trop avec cet auteur sulfureux ?
Au début de l’année 2011, qui marque le cinquantenaire de la mort (le 1er juillet 1961) de Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline, Serge Klarsfeld s’indigne: la République ne doit pas célébrer l’un des auteurs les plus violemment antisémites de son temps —en une époque qui n’en manquait pas. Un antisémitisme décuplé par le génie de son écriture, tel est le paradoxe célinien. Le ministère de la Culture fait machine arrière et retire l’écrivain de la liste des commémorations officielles, ce sport national français.
Personne, surtout pas les céliniens, n’a exigé que l’on célèbre l’auteur. Comme dit Emile Brami, l’un de ses biographes, « la seule célébration qui vaille pour un écrivain, ce sont ses lecteurs. En ce qui concerne Céline, il est célébré tous les jours ».
Le Voyage et Mort à crédit restent d'excellentes ventes
Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit restent d’excellentes ventes que les libraires réassortissent constamment. En un an, les deux cents librairies indépendantes françaises regroupées dans le réseau Datalib ont vendu plus de 5.000 exemplaires du Voyage au bout de la nuit et près de 1.600 exemplaires de Mort à crédit en Folio. Qu’on imagine les chiffres de mastodontes comme la Fnac, Leclerc ou Amazon… Les éditions Gallimard, qui ne souhaitent pas communiquer de chiffres, précisent que le Voyage se vend cinq fois plus que ses autres ouvrages parus en format de poche. La proportion est identique avec la Pléiade.
De 1932 à 1961, il n’aura écrit qu’une dizaine de romans, une thèse, deux pièces (théâtre et ballet), quelques articles et préfaces, sans oublier quatre pamphlets édités entre 1936 et 1941 —Mea culpa, Bagatelles pour un massacre, L’Ecole des cadavres et Les Beaux draps. Sa veuve interdit leur réimpression (ils se vendent néanmoins en éditions pirates). Ils tomberont dans le domaine public dans une vingtaine d’années.
Le nombre d’ouvrages consacrés à Céline pour cet anniversaire est sans commune mesure avec sa production. Mais qu’on le veuille ou non, Céline est un génie littéraire. Le monde de l’édition frétille et le lecteur en perd la tête: une dizaine d’études, de biographies, de témoignages paraissent ce printemps. Des rééditions et de nombreuses nouveautés parfois insignifiantes ou de circonstance, et quelques incontournables. On en attend autant avant la fin de l’année. Sans compter les unes des news magazine, des pièces de théâtre et Lorànt Deutsch qui prépare un documentaire pour la chaîne Histoire pour cet automne sur Céline et Paris… A quand les tee-shirts, posters, porte-clés ou mugs à l’effigie de Ferdinand?
«Se promener dans l'abondance»
«Tout ce qui tourne autour de Céline marche bien, sans pour autant que cela soit d’énormes ventes», modère Anne Ghisoli de la librairie Gallimard, boulevard Raspail à Paris. «Mais du coup, chaque éditeur veut faire son petit bouquin en espérant qu’il marchera beaucoup. C’est marketing.» Certains s’en réjouissent: «Pour un lecteur "passionné", il est toujours difficile d’admettre que l’on publie trop ou que l’on parle trop de Céline. J’ai recensé ces trois dernières années entre dix et quinze titres qui lui sont consacrés (uniquement en français et sans compter la presse ou les travaux universitaires), ce chiffre sera largement dépassé en 2011», précise Matthias Gadret, animateur du site Le Petit célinien, qui inventorie exhaustivement tout ce qui paraît sur cet auteur, à la manière de son aîné en papier, Le Bulletin célinien, créé à la fin des années 70 par le Belge Marc Laudelout. Les célinomaniaques sont servis et peuvent, comme lance Matthias Gadret en une formule toute célinienne, «se promener dans l’abondance».
Emile Brami est plus circonspect sur cette inflation. Auteur d’un excellent Céline à rebours qui remonte le cours de la vie de l’écrivain, éditeur chez l’Editeur, ancien directeur de la collection «Céline & Cie» aux éditions Écriture (aujourd’hui dirigée par André Derval), il estime, même s’il y participe, qu’on publie trop de livres sur son écrivain de prédilection: «Il y a un phénomène éditorial. Les éditeurs se disent que c’est l’année Céline, qu’il se vend bien et qu’il leur en faut un dans leur catalogue. Mais personne n’achètera tout. La biographie de Céline, je la connais par cœur. En tant que célinien, j’achèterai un livre qui m’apprendra quelque chose ou qui me sera utile. Or, ce n’est pas le cas avec la plupart de ceux publiés en ce moment.»
Une biographie très attendue
Une bonne indication pour le lecteur lambda qui ne sait comment se retrouver dans le maquis de ces publications souvent dispensables. Quels sont les livres à lire sur Céline? A la fin du mois de mai paraît chez Gallimard un ouvrage d’Henri Godard, l'universitaire qui dirige l’édition de Céline en Pléiade. Une référence, donc, et son étude, annoncée comme une biographie, est très attendue.
Henri Godard est l’un des pionniers des études céliniennes en France avec Jean-Pierre Dauphin et l’éditeur Jean-Paul Louis, fondateur des éditions du Lérot. Ce dernier a publié fin 2010, sans attendre ce cinquantenaire, un ouvrage érudit recensant de nombreuses pièces, souvent inédites, analysant le procès de Céline qui dura six ans, de 1944 à 1950. Avec L’Année Céline, publiée depuis deux décennies, Jean-Paul Louis, en dehors de toute considération opportuniste (les tirages de ses livres, joliment fabriqués, sont presque confidentiels) ne s’occupe pas, selon ses propres termes, «de l’effervescence éditoriale».
Parmi les réimpressions, on doit lire La Brinqueballe avec Céline du peintre Henri Mahé, ouvrage indispensable et épuisé depuis longtemps que rééditent les éditions Ecriture. Et puis, il faut bien sûr mentionner D’un Céline l’autre, la somme que publie David Alliot dans la célèbre collection Bouquins/Laffont. Sa volumineuse compilation (plus de 1.100 pages) propose d’approcher Céline d’une manière originale, à travers la présentation raisonnée et séquencée d’une impressionnante collection de témoignages à charge et à décharge (la plupart repris du Cahier de l’Herne consacré à Céline). Au lecteur de faire la part des choses. Alliot tire le gros lot avec cet ouvrage qui, déjà réimprimé, est entré dans le classement des meilleures ventes de L’Express et de Livres Hebdo. Avec déjà huit livres sur Céline à son actif, dont le récent Céline, idées reçues sur un auteur sulfureux, Alliot représente une nouvelle génération de céliniens. S’il fait allégeance à ses aînés biographes, il propose d’aborder Céline sans en évacuer les turpitudes, mais en dépassionnant le débat.
«Céline total et non retouché»
Dépassionner le débat n’est en revanche pas le fort du controversé Philippe Alméras, auteur d’une volumineuse biographie de Céline que réédite, dix-sept ans après sa publication chez Robert Laffont, l’éditeur Pierre-Guillaume de Roux (fils de Dominique, éditeur et célinien célèbre). Pour ce dernier, cette biographie «n’est pas une hagiographie. C’est la première qui étudie, analyse, dissèque l’antisémitisme de Céline. Elle reste la plus originale, la plus juste et honnête. Et c’est une biographie d’écrivain. C’est quelqu’un qui a le sens de la formule, une alacrité».
Précisons que le premier témoignage sur Céline, et le premier à pointer son antisémitisme, fut l'oeuvre de Stuart Kaminsky, dont le Céline en chemise brune est toujours disponible. Quand il paraît en 1938, il a néanmoins beaucoup moins de succès que les pamphlets céliniens… La somme d’Alméras (495 pages) n’a rien à voir avec le court essai de Kaminsky. Les céliniens ne sont pas tous d’accord sur cet universitaire atypique qui a dû passer sa thèse aux Etats-Unis: selon certains d’entre eux, «il ne vérifie jamais rien et est très content de lui».
Dans la postface à sa nouvelle édition, il se justifie, n’hésitant pas à conclure, presqu’hautain: «Attention, c’est le Céline total et non retouché que propose ma biographie». Gouailleur et sans doute provocateur, il considère pourtant que la multiplication de –bons– livres sur Céline ne nuit pas à la compréhension de l’homme et de l’œuvre: «Elle éclaire aussi. Si j’étais du même avis qu’Henri Godard, on n’aurait pu parler de rien. Attendons sa biographie. A mon avis, il est en train de se réconcilier avec moi !»
Le cinquantenaire de la mort de Céline verra t-il les céliniens se rabibocher? Rien n’est moins sûr. Mais que, malgré cette frénésie, les lecteurs n’oublient pas l’essentiel: lire Céline. Il n’y a rien de mieux pour se faire une opinion et découvrir un auteur qui, admiré ou détesté, reste l’un des plus grands du XXème siècle.
Olivier BAILLY
Slate.fr, 19/05/2011
Commémoré ou non, Louis-Ferdinand Céline se vend bien en librairie. Cinquante ans après la mort de l’auteur de Voyage au bout de la nuit, les livres, études, biographies, témoignages s’amoncellent. Admiré pour ses écrits tout autant que détesté pour son ignominie, Céline provoque les passions et l’appétit des éditeurs. Un casse-tête pour les lecteurs qui peinent à s’y retrouver. N’en fait-on pas trop avec cet auteur sulfureux ?
Au début de l’année 2011, qui marque le cinquantenaire de la mort (le 1er juillet 1961) de Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline, Serge Klarsfeld s’indigne: la République ne doit pas célébrer l’un des auteurs les plus violemment antisémites de son temps —en une époque qui n’en manquait pas. Un antisémitisme décuplé par le génie de son écriture, tel est le paradoxe célinien. Le ministère de la Culture fait machine arrière et retire l’écrivain de la liste des commémorations officielles, ce sport national français.
Personne, surtout pas les céliniens, n’a exigé que l’on célèbre l’auteur. Comme dit Emile Brami, l’un de ses biographes, « la seule célébration qui vaille pour un écrivain, ce sont ses lecteurs. En ce qui concerne Céline, il est célébré tous les jours ».
Le Voyage et Mort à crédit restent d'excellentes ventes
Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit restent d’excellentes ventes que les libraires réassortissent constamment. En un an, les deux cents librairies indépendantes françaises regroupées dans le réseau Datalib ont vendu plus de 5.000 exemplaires du Voyage au bout de la nuit et près de 1.600 exemplaires de Mort à crédit en Folio. Qu’on imagine les chiffres de mastodontes comme la Fnac, Leclerc ou Amazon… Les éditions Gallimard, qui ne souhaitent pas communiquer de chiffres, précisent que le Voyage se vend cinq fois plus que ses autres ouvrages parus en format de poche. La proportion est identique avec la Pléiade.
De 1932 à 1961, il n’aura écrit qu’une dizaine de romans, une thèse, deux pièces (théâtre et ballet), quelques articles et préfaces, sans oublier quatre pamphlets édités entre 1936 et 1941 —Mea culpa, Bagatelles pour un massacre, L’Ecole des cadavres et Les Beaux draps. Sa veuve interdit leur réimpression (ils se vendent néanmoins en éditions pirates). Ils tomberont dans le domaine public dans une vingtaine d’années.
Le nombre d’ouvrages consacrés à Céline pour cet anniversaire est sans commune mesure avec sa production. Mais qu’on le veuille ou non, Céline est un génie littéraire. Le monde de l’édition frétille et le lecteur en perd la tête: une dizaine d’études, de biographies, de témoignages paraissent ce printemps. Des rééditions et de nombreuses nouveautés parfois insignifiantes ou de circonstance, et quelques incontournables. On en attend autant avant la fin de l’année. Sans compter les unes des news magazine, des pièces de théâtre et Lorànt Deutsch qui prépare un documentaire pour la chaîne Histoire pour cet automne sur Céline et Paris… A quand les tee-shirts, posters, porte-clés ou mugs à l’effigie de Ferdinand?
«Se promener dans l'abondance»
«Tout ce qui tourne autour de Céline marche bien, sans pour autant que cela soit d’énormes ventes», modère Anne Ghisoli de la librairie Gallimard, boulevard Raspail à Paris. «Mais du coup, chaque éditeur veut faire son petit bouquin en espérant qu’il marchera beaucoup. C’est marketing.» Certains s’en réjouissent: «Pour un lecteur "passionné", il est toujours difficile d’admettre que l’on publie trop ou que l’on parle trop de Céline. J’ai recensé ces trois dernières années entre dix et quinze titres qui lui sont consacrés (uniquement en français et sans compter la presse ou les travaux universitaires), ce chiffre sera largement dépassé en 2011», précise Matthias Gadret, animateur du site Le Petit célinien, qui inventorie exhaustivement tout ce qui paraît sur cet auteur, à la manière de son aîné en papier, Le Bulletin célinien, créé à la fin des années 70 par le Belge Marc Laudelout. Les célinomaniaques sont servis et peuvent, comme lance Matthias Gadret en une formule toute célinienne, «se promener dans l’abondance».
Emile Brami est plus circonspect sur cette inflation. Auteur d’un excellent Céline à rebours qui remonte le cours de la vie de l’écrivain, éditeur chez l’Editeur, ancien directeur de la collection «Céline & Cie» aux éditions Écriture (aujourd’hui dirigée par André Derval), il estime, même s’il y participe, qu’on publie trop de livres sur son écrivain de prédilection: «Il y a un phénomène éditorial. Les éditeurs se disent que c’est l’année Céline, qu’il se vend bien et qu’il leur en faut un dans leur catalogue. Mais personne n’achètera tout. La biographie de Céline, je la connais par cœur. En tant que célinien, j’achèterai un livre qui m’apprendra quelque chose ou qui me sera utile. Or, ce n’est pas le cas avec la plupart de ceux publiés en ce moment.»
Une biographie très attendue
Une bonne indication pour le lecteur lambda qui ne sait comment se retrouver dans le maquis de ces publications souvent dispensables. Quels sont les livres à lire sur Céline? A la fin du mois de mai paraît chez Gallimard un ouvrage d’Henri Godard, l'universitaire qui dirige l’édition de Céline en Pléiade. Une référence, donc, et son étude, annoncée comme une biographie, est très attendue.
Henri Godard est l’un des pionniers des études céliniennes en France avec Jean-Pierre Dauphin et l’éditeur Jean-Paul Louis, fondateur des éditions du Lérot. Ce dernier a publié fin 2010, sans attendre ce cinquantenaire, un ouvrage érudit recensant de nombreuses pièces, souvent inédites, analysant le procès de Céline qui dura six ans, de 1944 à 1950. Avec L’Année Céline, publiée depuis deux décennies, Jean-Paul Louis, en dehors de toute considération opportuniste (les tirages de ses livres, joliment fabriqués, sont presque confidentiels) ne s’occupe pas, selon ses propres termes, «de l’effervescence éditoriale».
Parmi les réimpressions, on doit lire La Brinqueballe avec Céline du peintre Henri Mahé, ouvrage indispensable et épuisé depuis longtemps que rééditent les éditions Ecriture. Et puis, il faut bien sûr mentionner D’un Céline l’autre, la somme que publie David Alliot dans la célèbre collection Bouquins/Laffont. Sa volumineuse compilation (plus de 1.100 pages) propose d’approcher Céline d’une manière originale, à travers la présentation raisonnée et séquencée d’une impressionnante collection de témoignages à charge et à décharge (la plupart repris du Cahier de l’Herne consacré à Céline). Au lecteur de faire la part des choses. Alliot tire le gros lot avec cet ouvrage qui, déjà réimprimé, est entré dans le classement des meilleures ventes de L’Express et de Livres Hebdo. Avec déjà huit livres sur Céline à son actif, dont le récent Céline, idées reçues sur un auteur sulfureux, Alliot représente une nouvelle génération de céliniens. S’il fait allégeance à ses aînés biographes, il propose d’aborder Céline sans en évacuer les turpitudes, mais en dépassionnant le débat.
«Céline total et non retouché»
Dépassionner le débat n’est en revanche pas le fort du controversé Philippe Alméras, auteur d’une volumineuse biographie de Céline que réédite, dix-sept ans après sa publication chez Robert Laffont, l’éditeur Pierre-Guillaume de Roux (fils de Dominique, éditeur et célinien célèbre). Pour ce dernier, cette biographie «n’est pas une hagiographie. C’est la première qui étudie, analyse, dissèque l’antisémitisme de Céline. Elle reste la plus originale, la plus juste et honnête. Et c’est une biographie d’écrivain. C’est quelqu’un qui a le sens de la formule, une alacrité».
Précisons que le premier témoignage sur Céline, et le premier à pointer son antisémitisme, fut l'oeuvre de Stuart Kaminsky, dont le Céline en chemise brune est toujours disponible. Quand il paraît en 1938, il a néanmoins beaucoup moins de succès que les pamphlets céliniens… La somme d’Alméras (495 pages) n’a rien à voir avec le court essai de Kaminsky. Les céliniens ne sont pas tous d’accord sur cet universitaire atypique qui a dû passer sa thèse aux Etats-Unis: selon certains d’entre eux, «il ne vérifie jamais rien et est très content de lui».
Dans la postface à sa nouvelle édition, il se justifie, n’hésitant pas à conclure, presqu’hautain: «Attention, c’est le Céline total et non retouché que propose ma biographie». Gouailleur et sans doute provocateur, il considère pourtant que la multiplication de –bons– livres sur Céline ne nuit pas à la compréhension de l’homme et de l’œuvre: «Elle éclaire aussi. Si j’étais du même avis qu’Henri Godard, on n’aurait pu parler de rien. Attendons sa biographie. A mon avis, il est en train de se réconcilier avec moi !»
Le cinquantenaire de la mort de Céline verra t-il les céliniens se rabibocher? Rien n’est moins sûr. Mais que, malgré cette frénésie, les lecteurs n’oublient pas l’essentiel: lire Céline. Il n’y a rien de mieux pour se faire une opinion et découvrir un auteur qui, admiré ou détesté, reste l’un des plus grands du XXème siècle.
Olivier BAILLY
Slate.fr, 19/05/2011
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