jeudi 30 juin 2011

Hommage à Céline vendredi 1er juillet à Meudon

La Société d'Etudes Céliniennes, présidée par Me François Gibault, rendra hommage à Céline pour le cinquantième anniversaire de sa mort vendredi 1er juillet 2011 par le dépôt d'une gerbe sur sa tombe au cimetière des Longs Réages de Meudon à 12h.

www.celine-etudes.org

Céline, de l’aura de l’absent à la présence du spectre par François-Xavier Lavenne

François-Xavier Lavenne, chercheur à l'Université catholique de Louvain, publie un article sur la relation de Céline à la photographie intitulé "Céline, de l’aura de l’absent à la présence du spectre". A télécharger sur le site de l'Université :


Résumé
Céline est assurément un auteur dont l’image est bien connue du grand public. Cependant, l’auteur s’est toujours montré hostile face à la photographie et, en particulier, face à la reproduction de son image en tant qu’écrivain. À la sortie de Voyage, le romancier avait choisi de ne pas diffuser sa photographie. Dans l’imaginaire célinien, la photographie est associée à la mort. Par cette position, Céline impose une autre image de lui et une autre relation avec les lecteurs, l’aura de l’absent attire le regard sur l’auteur qui apparaît comme une figure charismatique dont les journalistes s’interrogent sur la ressemblance avec Bardamu. Après la guerre, l’écrivain change de stratégie et accepte de jouer son propre rôle devant les photographes. Au refus initial, succède le désir de se jouer de l’attente du public soit en la décevant soit en s’en servant grâce à une mise en scène de nature à prolonger et soutenir le texte. Au final, ces images fixent pour la postérité la présence spectrale de l’auteur.

Comment faire avec Céline ? - L'Avenir - 23 juin 2011

Le journal belge L'Avenir du 23 juin 2011 consacre une double page à Céline (à télécharger ici et ), composée principalement d'une interview d'Henri Godard par Michel Paquot :

En janvier dernier, à la demande de Serge Klarsfeld, président de l'association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France, le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, a retiré Louis-Ferdinand Céline du catalogue des Célébrations nationales. La France ne commémorera donc pas le cinquantenaire de la mort de l'écrivain. Ce reniement prouve que l'auteur à la fois de chefs d'œuvre et de pamphlets antisémites (dont la réédition est toujours interdite) continue de semer le trouble. D'un point de vue éditorial, il est pourtant, avec Proust, l'écrivain français du XXe siècle le plus porteur comme le confirment les nombreux livres et hors-séries parus ces dernières semaines. Henri Godard, éditeur de son oeuvre en Pléiade et auteur du texte exclu des Célébrations nationales, tente de cerner, dans une passionnante biographie, la complexité du médecin des pauvres Louis-Ferdinand Destouches, qui signait ses livres du prénom de sa grand-mère maternelle.

Que vous inspire cette profusion éditoriale ?
L'étonnement. Quel chemin parcouru quand on sait qu'en juillet 1951, les proches de Céline ont tu sa mort pendant quelques jours par crainte de manifestations. Même si l'état d'esprit n'a guère changé, comme on l'a vu avec son retrait de la plaquette pourtant élaborée par le Haut Comité pour les Célébrations nationales composé d'experts. Je ne m'attendais pas à une telle levée de boucliers. Ce qui, de mon point de vue, me
semble positif, c'est le nombre de réactions protestant contre ce retrait.

En 1994, dans votre essai "Céline Scandale" (Folio), vous parlez d'un "dialogue de sourds".
Il y a toujours des irréductibles pour lesquels la seule idée que l'on puisse dire que c'est un écrivain majeur, ça les met hors d'eux. Or l'affirmer ne justifie pas pour autant ses pamphlets. " Grand écrivain " ne veut pas forcément dire " grand homme ".

C'est l'échec de "Mort à crédit" qui a déclenché sa fureur ?
Ça a été décisif. Il y avait en lui des choses latentes qui auraient pu le rester, même si on ne sait pas ce qui se serait passé avec la guerre. Cette déception a orienté sa production dans une tout autre voie. Et c'est d'autant plus regrettable que, pour écrire ses pamphlets, il a interrompu la suite de Mort à Crédit...

À quoi correspond chez lui cette hystérie verbale ?
Si, dans Voyage au bout de la nuit, il y a déjà des aspects de polémique, avec ses pamphlets, il découvre quelque chose qui était en lui et qui trouve à se déchaîner. À partir de ce moment-là, l'invective restera une constante de son style. Il y a, chez lui, un besoin de se mettre en danger. Le titre même de Bagatelles pour un massacre a été victime d'un terrible malentendu. On a pris "massacre" comme étant celui de juifs alors que c'était celui des Français poussés, d'après lui, par le lobby juif à faire la guerre contre Hitler. Les bagatelles sont des arguments de ballets qu'il joint à ces pages de fureur.

Céline se définit d'abord comme raciste ?
Sa vision est celle d'une guerre des races pour la domination du monde et, dans ce cadre, les adversaires de la race blanche les plus dangereux, ce sont les Juifs. Dans les années 1950, il en viendra à dire que les vrais adversaires sont les Chinois.

Comment se comporte-t-il pendant la guerre ?
Étant donné ce qu'il avait écrit avant-guerre et sa connivence avec le racisme hitlérien, on aurait pu croire qu'il s'investisse davantage. Or il est plutôt en retrait. Il n'appartient pas à la collaboration officielle même s'il en est proche en esprit. Il fréquente essentiellement ceux qui étaient avant-guerre ses admirateurs littéraires. Ce ne sont pas uniquement des relations idéologiques. Et toute une franche d'officiels allemands se méfie de lui. Ils pensent que, s'il a de " bonnes idées ", il les exprime d'une manière qui nuit à la cause. Et quand, après-guerre, il se défendra en arguant n'avoir pas écrit d'articles, c'est à la fois vrai et faux puisqu'il a écrit des lettres qui ont été publiées.

Comment le racisme fonctionne-t-il avec la compassion, lui qui soigne gratuitement des pauvres, se soucie de la sous-alimentation des enfants, etc.
On bute là sur l'inexplicable. Je crois qu'il y avait chez lui une sincère disposition à la compassion qui se marque dans sa médecine. Et tout d'un coup, quand il s'agit d'une certaine partie de la population, c'est la tâche aveugle.

Propos recueillis par Michel Paquot



Henri Godard, Céline, Gallimard, 593 p., 25,50 €.

Louis-Ferdinand Céline crève l'écran - Téléobs - 23 juin 2011

Le style, c’est l’homme même !” , disait Céline. “Vestimentairement” parlant, le sien laissait sérieusement à désirer. Pour sa première apparition à la télévision française, en juillet 1957, dans “Lecture pour tous”, la célèbre émission de Pierre Dumayet, l’écrivain a beau avoir mis son plus beau costume, son élégance élimée, sa cravate malencontreusement coincée dans sa chemise, sa mèche rebelle, lui confèrent un faux air de paysan provincial monté à la ville pour vendre quelques bêtes, et, pourquoi pas, aller faire ensuite un tour au bordel. Dans une autre interview accordée à Louis Pauwels, quelques années plus tard, et enregistrée cette fois, chez lui, à Meudon, on le retrouve toujours aussi mal fagoté, ermite engoncé dans une superposition de gilets hors d’âge, “toujours plein de colère et enveloppé de misère” , comme le décrit le journaliste.

Mais chez Céline, le brio est ailleurs. Dès qu’il ouvre la bouche, de sa voix douce s’écoulent, en flots ininterrompus, pépites, bobards, vacheries, billevesées, bonheurs de langage, un phrasé unique, un mélange de folie, de fureur et de génie. Ses phrases claquent comme des aphorismes. Un vrai régal que la chaîne Histoire a la bonne idée de rediffuser, à l’occasion des cinquante ans de la disparition de l’écrivain.

Sa vie durant, Louis Ferdinand Céline n’aura donné que trois entretiens à la télévision française. Seul le premier, enregistré dans la foulée de la sortie de son roman “D’un château l’autre” qui marque le début d’un regain d’intérêt pour l’écrivain, a été diffusé, les deux autres, accordés à André Parinaud puis à Louis Pauwels, n’ayant pas passé les fourches caudines de la censure de l’époque. En tout, à peine une heure d’entretiens. Mais quelle heure ! De quoi renvoyer les apparitions télévisuelles de nos écrivaillons contemporains à leur insondable vacuité. Pourtant Céline ne s’en cache pas : il va à la télévision “dans un but strictement mercantile”. “Vous n’êtes ici que pour m’attirer les avances de Gaston Gallimard” , lance-t-il à l’un de ses interlocuteurs. Mais tant qu’à faire, il en profite aussi pour réécrire un peu son histoire, façonner sa légende, cabotiner aussi, tour à tour émouvant, brillant, horripilant.

Avec Pierre Dumayet qui l’interroge sur les raisons qu’ils l’ont poussé à écrire “Voyage au bout de la nuit”, chef-d’œuvre qui bouscula l’histoire de la littérature, Céline joue les (faux) modestes et feint la surprise : “Je comptais seulement en tirer un honnête bénéfice pour me payer un petit appartement. A cette époque, on avait la hantise du terme. J’avais hérité cela de mon enfance.” Avant d’ajouter : “Je pensais qu’on y trouverait un petit intérêt, le même qu’on peut trouver à lire une nouvelle dans un journal.” Ses souvenirs du passage Choiseul, où sa mère tenait une boutique de dentelles, sont drolatiques : “On faisait une lessiveuse de nouilles. C’est le seul aliment qui n’avait pas d’odeur. Or la dentelle ancienne retient les odeurs. J’ai vécu dans la panique de l’odeur.

Il est beaucoup moins drôle lorsqu’il aborde le sujet de ses pamphlets antisémites sortis en rafale avant la Seconde Guerre mondiale et pour lesquels il n’exprime pas le moindre remord : “Ces livres très fâcheux que j’ai pu écrire étaient contre la violence.” Il va même à se décrire comme une sorte de chien de traîneau, chef de meute, ayant tenté d’avertir l’équipage d’un grand danger à venir : “J’ai le raffinement d’une chienne de traîneau.

C’est lorsqu’il évoque le métier d’écrivain ou bien ses collègues de travail qu’il retrouve son ardent : “C’est rare un style, monsieur. Un style, il y en a un ou deux par génération. Il y a des milliers d’écrivains. Ce sont de pauvres cafouilleux. Ce n’est pas intéressant. Ils rampent dans les phrases. Ils répètent ce que l’autre a dit.” Et quand Pierre Dumayet lui demande le mot de la fin, il se laisse aller à une diatribe d’une noirceur : “L’homme est lourd. Son esprit est lourd. Il n’a jamais cessé d’être lourd. J’ai lu tellement de vers. Des vers du XVIIe, soit-disant galants. J’en ai trouvé 3 ou 4 de bons sur des milliers. Il y a très peu de légèreté chez l’homme.

Vincent MONNIER
Article paru dans le supplément Téléobs du 23 juin 2011.

Un libraire en colère

Présentation de l'éditeur
Dans un texte sincère et partial, succession de courts billets d'humeur, Emmanuel Delhomme raconte la vie d'une librairie au jour le jour et les petits riens de son quotidien : ses joies de libraire, bien sûr, mais aussi ses agacements et ses déceptions. Après des années de pratique passionnée de son métier, le "libraire en colère" navigue à vue en espérant tenir longtemps encore. Il veut croire à l'avenir du livre papier plutôt qu'à la victoire inéluctable du numérique.

Biographie de l'auteur
Emmanuel Delhomme a fondé et dirige depuis 1981 la librairie Livre Sterling située au coeur de Paris. Se faisant une haute idée de sa profession, il a coutume de dire qu'un libraire "joue sa réputation sur chaque livre" et a ainsi su fidéliser de nombreux lecteurs en leur proposant les livres "qui accompagnent toute une vie".

Emmanuel Delhomme, Un libraire en colère, L'Editeur, 2011.
Commande possible sur Amazon.fr.

Céline, la gloire du paria par Bruno de Cessole - Valeurs Actuelles - 30 juin 2011

Cinquante ans après sa mort, l’un des plus grands écrivains du XXe siècle demeure un objet de scandales et de polémiques. Tant mieux.

Le 1er juillet 1961, dans son pavillon du 25 ter, chemin des Gardes à Meudon, Louis-Ferdinand Destouches alias Céline achevait son voyage terrestre, dix ans après son retour du Danemark en France et l’amnistie dont il avait bénéficié. Il venait juste de mettre le point final à son dernier livre, Rigodon, dernier volet de la Trilogie allemande. Un an plus tard se réalisait ce qu’il aurait tant voulu voir de son vivant : la parution du Voyage au bout de la nuit et de Mort à crédit dans ce panthéon littéraire qu’est la collection de la Pléiade. Témoignage de reconnaissance de ce qu’il avait apporté à la littérature française.

Avec ce mélange d’orgueil prophétique et de bouffonnerie qui était sa marque, Céline avait proclamé, dès 1932, à la remise du manuscrit du Voyage au bout de la nuit, la nouveauté révolutionnaire de son oeuvre : « Une symphonie littéraire émotive. […] Du pain pour un siècle entier de littérature […] et le Goncourt dans un fauteuil pour l’heureux éditeur qui saura retenir cette œuvre sans pareille, ce moment capital de la nature humaine. »

En 1955, dans son désopilant Entretiens avec le Professeur Y, où il livre les secrets de fabrication de son oeuvre, il réaffirmait l’importance de la révolution dont il avait été le fourrier : « Je suis qu’un petit inventeur, et que d’un tout petit truc ! […] je connais mon infime importance ! […] L’émotion dans le langage écrit !… Le langage écrit était à sec, c’est moi qu’ai redonné l’émotion au langage écrit ! […] C’est pas qu’un petit turbin je vous jure ! […] C’est infime, mais c’est quelque chose ! »

Depuis la disparition de l’écrivain, sa stature et son audience n’ont cessé de croître, à telle enseigne que Céline est l’auteur français auquel le plus grand nombre de travaux ont été consacrés, tant chez nous qu’à l’étranger, tandis que ses romans figurent parmi les plus vendus aussi bien dans la Pléiade qu’en collection de poche. À titre anecdotique, Voyage est le livre de poche le plus volé dans les librairies… Si l’écrivain est reconnu comme l’un des deux plus grands, avec Proust, de la littérature française du XXe siècle, l’homme suscite toujours “haines et passions”, selon le titre du livre de Philippe Alméras, l’un de ses biographes et exégètes. À preuve, son éviction des “commémorations nationales”, de la part du ministre de la Culture cédant à l’intimidation de Serge Klarsfeld, capitulation honteuse qui témoigne à la fois de l’imbécillité congénitale ou de l’inculture crasse de l’administration et de la lâcheté proverbiale de la classe politique. L’anecdote montre, si besoin était, que l’imprécateur le plus forcené de la littérature française ne sera jamais l’objet d’un consensus fade, et que ce mort encombrant, cinquante ans après sa disparition, est plus vivant que bien des momies contemporaines.

Pérenne sujet de scandales et d’empoignades, l’auteur de Mort à crédit et de Bagatelles pour un massacre demeure un ferment de divisions et suscite toujours une sorte de sidération. L’attestent les nombreux livres qui viennent de paraître à l’occasion du cinquantenaire de sa disparition : Céline, la biographie nuancée d’Henri Godard, le maître d’oeuvre de l’édition des oeuvres littéraires dans la Pléiade, celle, plus politique de Philippe Alméras, Céline entre haines et passions, les deux livres de David Alliot, D’un Céline l’autre et Céline, idées reçues sur un auteur sulfureux, le recueil d’entretiens composé par Joseph Vebret, Céline l’infréquentable, avec les meilleurs céliniens actuels, de François Gibault à Émile Brami, en passant par Frédéric Vitoux, Éric Mazet, Marc Laudelout et Philippe Sollers. Question centrale : comment concilier le génie littéraire et la morale ? Comment peut-on, à la fois, être l’auteur d’une oeuvre puissamment originale, humainement bouleversante, et la bouche d’ombre sacrilège qui proféra invectives et élu cubrations racistes et antisémites ?

Longtemps, une thèse a prévalu, celle des “deux Céline”, le Céline d’avant et celui d’après Bagatelles pour un massacre, comme si une soudaine conversion avait, en 1937, métamorphosé l’écrivain sensible à la détresse des humbles en un antisémite enragé et paranoïaque, dénonçant la “persécution” infligée aux goyim par les futurs persécutés. Cette thèse, postulant la folie ou l’irresponsabilité d’un homme en proie à l’ébriété verbale (sans même évoquer l’accusation – gratuite – de vénalité lancée par Sartre), avait l’avantage de concilier occultation et morale sociale. Elle permettait aussi d’exonérer les admirateurs du “premier” Céline – à commencer par Sartre lui-même qui avait inscrit en exergue de La Nausée une citation célinienne tirée de l’Église – du soupçon de complicité ou d’aveuglement.

Souvent, littérature et morale s’accordent mal
Philippe Alméras, dont Pierre-Guillaume de Roux réédite le livre magistral, Céline entre haines et passions, le dévoile, textes à l’appui : d’une part, Céline n’a pas attendu 1937 pour verser dans le racisme ; d’autre part, on ne saurait voir dans son “délire” une sorte d’accès de folie lié à des raisons contingentes. Au vrai, l’imprécateur solitaire s’était imprégné, très tôt, de la vulgate antisémite de la Belle Époque, des textes des Toussenel, Chirac « et autres socialisants qui dénoncent la puissance de l’or juif », avant que Drumont ne fasse basculer l’antisémitisme de la gauche vers la droite. Nulle originalité donc – hormis celle du style et de la mise en scène – dans Bagatelles et les Beaux Draps, mais l’écho amplifié d’un antisémitisme largement partagé, à gauche comme à droite, que Céline laïcise dans le fond et la forme.

Tel est le réel occulté qu’Alméras met au jour, révélant du même coup ce paradoxe de « voir l’oeuvre célinienne défendue contre de prétendus sympathisants par des adversaires déclarés de tout ce à quoi il a cru, incarnant tout ce qu’il a détesté ». Dans sa postface, prenant en compte les découvertes les plus récentes, notamment l’édition en Pléiade de la correspondance, l’auteur réaffirme sa position : « les convictions de celui qui dira n’avoir pas d’opinions et aucune idée sont en fait aussi précises que précoces » et Céline ne les a jamais reniées, pas plus que Lucien Rebatet les siennes. À rebours du vieil idéalisme grec du kalos kagathos, où le beau se confond avec le bien, il faut admettre qu’un grand créateur peut aussi être un “monstre” et que la littérature et la morale peuvent faire chambre à part. Sur ce point, la majorité des céliniens interrogés par Joseph Vebret en sont d’accord : il est absurde de vouloir séparer le Céline romancier et le Céline pamphlétaire, l’auteur du Voyage et celui de Bagatelles, l’École des cadavres et les Beaux Draps, dont il faut souhaiter l’édition critique, interdite de par la volonté de Lucette Destouches, la veuve de l’écrivain, et non de par la loi, comme certains le croient.

Prétendre cataloguer, étiqueter, et donc neutraliser Céline participe d’un vain combat. À cet égard, le livre de David Alliot, recueil de tous les témoignages sur l’écrivain, dont beaucoup étaient inédits, en fait foi, qui dévoile combien l’homme était grevé de contradictions, de même l’oeuvre, immense bric-à-brac de visions hétéroclites et terrifiantes, contient tout et le contraire de tout. On n’a pas voulu voir que ce réfractaire inclassable, ce poète enragé, rebelle à toute annexion était d’abord un écrivain, mi-Diogène mi-roi Lear, visionnaire halluciné qui bouleversa, à l’égal de Joyce, la forme et l’idée même de littérature en exprimant, dans une voix jamais entendue jusqu’alors, ce que Bardèche a nommé dans une excellente formule, « l’interdit, l’innommable, le secret tragique de la bête humaine » et ce, « avec des mots proscrits ».

Bruno DE CESSOLE
Valeurs Actuelles, 30/06/2011.

mercredi 29 juin 2011

Quand la municipalité de Meudon inaugurera-t-elle le square Louis-Ferdinand Céline sur les hauteurs de sa commune ?

Quand la municipalité de Meudon inaugurera-t-elle le square Louis-Ferdinand Céline sur les hauteurs de sa commune ? C'est la question qui sera soulevée par Rémi Astruc lors du colloque "Figures et lieux patrimoniaux en questions" le jeudi 8 septembre 2011 en l'Abbaye de Maubuisson (Val d'Oise).

Programme du colloque :
9h 00 Accueil des participants
9h15-9h30 Ouverture par Mrs. François Germinet et Hung T. Diep, vice-présidents à l'UCP.
9h30-10h François PERNOT : Henri IV : comment la mort tragique a fait du "bon roi Henri" une icône du patrimoine historique national français ?
10h30-11h00 Christiane Chaulet Achour : La fabrique de l'écrivain patrimonial, l'exemple d'Albert Camus.
11h-11h30 Sylvie Brodziak : Quel destin pour les Grands hommes ? L'exemple de Georges Clemenceau
11h30-12h Corinne Blanchaud : René Char : mode d'emploi pour construire une figure patrimoniale.

12h-12h30 Débat

14h00-15h Eric VIAL: Piero Gobetti (1901-1926), entre embaumements d'une pensée malcommode et patrimonialisation d'un personnage emblématique.
15h-15h30 Rémi ASTRUC : Quand la municipalité de Meudon inaugurera-t-elle le square Louis-Ferdinand Céline sur les hauteurs de sa commune ?
15h30-16h Laetitia BRANCOVAN : Prokoviev au patrimoine de l'ex Union Soviétique ?
16h-16h30 Denis ANTOINE : Niki de Saint Phalle, le choix d'un destin pour les (l') oeuvre(s)
16h30 -17h : Violaine Houdart- MÉrot - Le patrimoine théâtral, à la croisée d'un lieu symbolique et concret et d'une haute idée du théâtre : l'exemple d'Ariane Mnouchkine et du Théâtre du Soleil
17h Débat et conclusion


Responsable : Sylvie Brodziak
Contact : UCP, 33 bd du Port 95000 Cergy-Pontoise

Monsieur, ce n'est pas nécessaire...

_ Monsieur Céline, voulez-vous m'indiquer un peu les traits saillants de votre vie ?
_ Monsieur, ce n'est pas nécessaire. Je ne crois pas qu'on puisse expliquer une oeuvre par la connaissance de son auteur.

Entretien avec Victor Molitor, dans Cahiers Céline 1, Céline et l'actualité littéraire (1932-1957), p.41.

mardi 28 juin 2011

Arletty me cause de Céline par Raphaël Sorin

Céline, l’ermite de Meudon, le reclus, le pestiféré, le maudit ? Sans doute, mais il en a vu défiler du beau monde au cours de sa vie en miettes. Des femmes, des écrivains, des journalistes. Beaucoup ont raconté «leur» Céline.
C’est David Alliot, jeune auteur de six livres sur Céline, qui s’y est collé. Son D’un Céline l’autre, paru dans Bouquins/Laffont, est une «biographie kaléidoscopique» (sic) de l’écrivain, indispensable et édifiante.
On y croise, parmi tant d’autres, Paul Léautaud, Max Jacob, Marcel Aymé, Roger Vailland, Michel Ragon, Michel Simon, Françoise Fabian et, bien sûr, sa grande copine, Arletty.
Elle est très présente dans cette somme. On vient l’interroger et elle répond toujours, avec talent. Marc-Edouard Nabe, Frédéric Ferney, Christian Gilles ont bien fait de l’écouter. Un témoin manque à l’appel et je le regrette parce que c’est moi.

« J’AI PAS VOULU CONNAITRE PROUST »
En octobre 1985, grâce à l’éditeur Pierre Monnier, j’ai déjeuné avec Arletty. Je l’avais vue une fois, au théâtre de l’Odéon, où elle jouait dans la pièce de Brendan Behan, Le Client du matin. Elle se promenait en combinaison. Comment oublier ses jambes magnifiques qui avaient inspiré tant de peintres ? Et sa voix, celle de Garance, celle des chansons idiotes que son phrasé haut perché rendait irrésistibles ? Pourquoi m’as-tu fait ça ? J’en ai marre. Dans sa baignoire. Azor. Autant d’airs marrants et bien envoyés.
A table, elle mangeait de bon appétit et ne crachait pas sur le jaja. La conversation roula bientôt sur Céline. Je l’ai reprise dans mon troisième volume de « produits d’entretiens », Les Terribles, chez Finitude. Alain Le Saux, le maquettiste de Champ Libre, a enjolivé le tout avec des vidéogrammes classieux.
Voici des échantillons de cet entretien: « Céline? C’est un poète, le poète du siècle. Le Voyage, je l’ai lu à la sortie, moi. Le choc a été extraordinaire, je l’ai dit cent fois. Envie de le rencontrer ? Aucune, c’est lui qui l’a voulu. J’ai pas voulu connaître Proust, je me fous de tout ça, je suis au-dessus de tout ça…»

« IL ETAIT MERVEILLEUX, UN BEAU TYPE, AVEC DES MAINS SUPERBES »
On est passés aux choses sérieuses, à celles qui fâchent: « Après la guerre, j’ai dit des choses pour lui, on peut pas dire que j’ai témoigné: il peut pas être un traître puisqu’il est de Courbevoie…» « Je connais tout, depuis sa thèse. Tiens, il était juif, Semmelweis. C’est pas de chance, le gars qu’il choisit pour sa thèse, c’est un juif, alors ç’aurait dû lui servir… C’est défendu Les Beaux draps? Oh, c’est très drôle, Les Beaux draps. Bagatelles ? Bon, c’est bon, je lui parlais pas de ses livres.»…
Les mains, les yeux bleus, visiblement il lui avait tapé dans l’oeil, et dans l’oreille, l’auteur du Voyage. Au dessert, elle commença à s’exalter.
Disons qu’elle revivait aussi son expérience de l’après-guerre. Par charité, même pas chrétienne, je la censurais dans mon papier. Je dois avoir l’enregistrement complet quelque part et j’espère ne jamais le retrouver.

Raphaël SORIN
http://lettres.blogs.liberation.fr/sorin/, 28/06/2011.


>>> Vient de paraître :
Raphaël Sorin, Les terribles, Ed. Finitude, 2011.
Commande possible sur Amazon.fr.

Soirée spéciale Céline jeudi 30 juin 2011 sur la chaîne Histoire

La chaîne Histoire programme une soirée spéciale Céline jeudi 30 juin 2011 à partir de 20h35. En voici la bande-annonce et le programme :




20:35 - Louis Ferdinand Céline
Documentaire (France) (62 min) (1976).
Réalisation : Claude-Jean PHILIPPE, Monique LEFEVRE. Production : ORTF.

21:40 - D'un Céline l'autre
21 :40 - Partie 1 / 22:35 - Partie 2
Emission présentée par Michel Polac
avec la participation de Michel Vianey (France) (2x52 min) (1969).
Réalisation : Yannick BELLON. Production : ORTF.

23:35 - Historiquement Show - Spéciale Céline
Magazine (35’) (2011). Présenté par Michel Field. Production : HISTOIRE
Michel Field reçoit François Gibault, avocat; Frédéric Vitoux de l’Académie française et Dominique Jamet, écrivain pour évoquer l’écrivain Céline.

00:20 - Lectures pour tous : Céline
Entretien de Céline avec Pierre Dumayet (France) (2x20 min) (1957). Production : ORTF.

00:45 - En français dans le texte
Entretien de Céline avec Louis Pauwels (France) (20 min) (1961). Production : ORTF.


www.histoire.fr

dimanche 26 juin 2011

Hommage à Céline vendredi 1er juillet à Meudon

La Société d'Etudes Céliniennes, présidée par Me François Gibault, rendra hommage à Céline pour le cinquantième anniversaire de sa mort vendredi 1er juillet 2011 par le dépôt d'une gerbe sur sa tombe au cimetière des Longs Réages de Meudon à 12h.

www.celine-etudes.org

Le Petit Célinien - Lettre d'actualité n°9

Pour recevoir gratuitement par courriel à chaque parution la lettre d'actualité du Petit Célinien, laissez-nous votre mail à l'adresse habituelle : lepetitcelinien@gmail.com.

Le Petit Célinien - Lettre d'actualité n°9.

Quoi de neuf ? Céline ! par P.-L. Moudenc - Rivarol - 24 juin 2011

Nous nous intéresserons aujourd'hui à l'actualité célinienne. Elle est foisonnante, en ce cinquantenaire de la mort de l'écrivain. Singulièrement depuis le pas de clerc de Frédéric Mitterrand sur lequel il est inutile de revenir. Les publications se succèdent, de valeur inégale. Nombre de magazines ont consacré à Céline des numéros spéciaux, plus ou moins bien construits, plus ou moins tendancieux. Ce n'est pas de ce côté qu'il faut chercher une pitance substantielle. Encore moins savoureuse.
Il y a tout juste un an, le 17 juin 2010, à la salle Drouot avait lieu la vente aux enchères d'un ensemble exceptionnel concernant notre auteur. Livres, nombreux et souvent rares, études et thèses, manuscrits, lettres (dont deux d'Albert Paraz datées de février et d'avril 1951), souvenirs et écrits de proches, articles de presse, photos, tableaux, sculptures, objets, dessins (de Gen Paul, entre autres), affiches... Tout pour faire saliver d'envie les amateurs.
Hors de portée des bourses modestes, va sans dire. Reste le catalogue. Somptueux. En noir et en couleurs. Sur beau papier. Il contient de nombreux portraits de l'écrivain. A lui seul, une pièce qui doit figurer dans toute bibliothèque célinienne. En cherchant bien, on doit pouvoir encore le trouver. C'est l'intérêt d'Internet.

Pour ce qui est des livres, on pourra sans regret faire l'économie de celui de Maroushka, Une enfance chez Louis-Ferdinand Céline (1). Il relève de l'escroquerie. Pour la bonne et simple raison que le Docteur Destouches n'y apparaît qu'en filigrane. Ceux qui attendaient des révélations sur l'écrivain fréquenté et observé en son intime en seront pour leurs frais. Le titre, fallacieux, pourrait être remplacé par celui-ci : « Comment se faire de la pub grâce au nom d'un écrivain maudit ».
L'auteur, danseuse qui a, nous dit-on, atteint dans son art à une certaine renommée, fut, dans son enfance et sa jeunesse, l'élève de Lucette Almanzor qui la considérait un peu comme sa fille. Au point de lui faire des confidences. Oh, rien de sensationnel. Ni même de nouveau. Tout a été dit et écrit sur le caractère difficile, les épouvantables migraines. Pour avoir des détails sur Sigmaringen et le Danemark, sur le chat Bébert, mieux vaut lire Nord, D'un château l'autre et Rigodon plutôt que se fier aux souvenirs de madame Destouches.
Céline ? Maroushka l'a parfois, rarement, entrevu. A la sauvette. Elle se souvient surtout de sa présence invisible. Et des amis qui se succédaient route des Gardes, Michel Simon, Arletty, Marcel Aymé, quelques autres moins familiers. Encore ne nous apprend-elle rien sur eux qui soit un tant soit peu significatif ou original. Pas de quoi en être surpris : qu'aurait-elle pu, à son âge, saisir de la personnalité de ces visiteurs sinon des traits maintes fois ressassés ?

Aussi bien n'est-ce point de cela qu'on lui fera grief. Après tout, il en va des livres de souvenirs comme des autres. Tous ne sauraient susciter l'intérêt le plus vif. Déjà, en 2001, Véronique Robert avait publié sous le titre Céline secret (Grasset), des entretiens avec Lucette Destouches dont j'avais souligné l'inanité. Le présent récit n'est ni meilleur, ni pire. Plus déplaisant, en revanche, l'opportunisme souligné plus haut. Inutile de s'attarder davantage.

Tous les céliniens savent que la réception critique de Mort à crédit fut, en 1936, à tout le moins contrastée. Ils se souviennent que Brasillach éreinta le roman dans l'Action Française et que sa réaction ne contribua pas peu à la froideur des relations entre les deux écrivains. De leur côté, Lucien Descaves et Léon Daudet, qui s'étaient engoués pour le Voyage, s'enfermèrent, cette fois, dans un mutisme que l'on devinait réprobateur.
C'est cet accueil décevant et des ventes initiales plutôt étiques qui incitèrent Robert Denoël, éditeur de Céline, comme on sait, à monter lui-même au créneau. Son Apologie de Mort à crédit (2), plaquette tirée à trois mille exemplaires, premier ouvrage publié sous son nom, appartient aujourd'hui à l'histoire littéraire. Elle est fort opportunément rééditée.
Dans sa présentation, François Gardet, à qui l'on doit cette initiative, précise son intention : « ...rendre hommage à un grand découvreur de talents (Dabit, Sarraute, Artaud, Vitrac, Aragon) ainsi qu'à un éditeur qui se battait pour défendre ses auteurs. » Oeuvre pie s'il en est.
Si l'argumentation de Denoël ne manque ni de conviction, ni de force, il faut bien reconnaître qu'elle est parfois un tantinet spécieuse. Ainsi, à la froideur, voire aux éreintements de la critique, il oppose l'enthousiasme supposé du public. Il établit un rapprochement entre les injures subies par Balzac, Flaubert, Stendhal, Zola, et les invectives suscitées par Mort à crédit — son parallèle entre celles-ci et la réception réservée à La Terre et à L'Assommoir ne manque pas de pertinence. Conclusion attendue, le génie est toujours en butte à l'incompréhension.
Il fustige à son tour les critiques et leur médiocrité (« On jappe quand on ne sait point rugir »), réfute point par point leurs arguments, fait l'éloge du verbe célinien, cite longuement l'article d'un thuriféraire, Charles Bernard, publié dans La Nation Belge.

Un contre-feu à l'indéniable alacrité. Porté par l'indignation, l'éditeur se mue en pamphlétaire. Lequel de ses semblables partirait, de nos jours, en croisade pour défendre un auteur malmené ?
Ce document à l'intérêt certain est suivi par l'Hommage à Emile Zola que Céline prononça en 1933 à Médan, à la demande de Lucien Descaves. Un texte qui contribua à nourrir l'illusion que l'auteur du Voyage se situait dans la parentèle des naturalistes et des romanciers populistes.
On y lit cette phrase qui a conservé toute sa valeur : « On peut obtenir tout d'un animal par la douceur et la raison, tandis que les grands enthousiasmes de masse, les frénésies durables des foules sont presque toujours stimulés, provoqués, entretenus par la bêtise et la brutalité. » Méfions-nous donc de la bêtise et de la brutalité Elles sont mauvaises conseillères.

A la question « S'il n'y avait qu'un seul livre de Céline à emporter, lequel choisiriez-vous et pourquoi ? », Marc Laudelout, fondateur du Bulletin célinien, qu'il est inutile de présenter aux lecteurs de notre journal dont il s'est fait l'historiographe, répond : « Pour moi, son chef-d'œuvre absolu, c'est Mort à crédit. Dans ce roman il est au sommet de son art. »
On trouvera l'interview de Laudelout dans Céline l'infréquentable (3). Un recueil d'entretiens accordés à Joseph Vebret par huit bons connaisseurs à l'incontestable autorité en la matière, David Alliot, Emile Brami, Bruno de Cessole, François Gibault, Marc Laudelout déjà cité, Eric Mazet, Philippe Sollers et Frédéric Vitoux.
J'ai déjà, ici même, souligné les qualités de Joseph Vebret qui s'est fait une spécialité des entretiens littéraires. Il les mène avec un bonheur constant. On apprécie, ici, qu'il conduise ses interlocuteurs à s'exprimer sur des questions brûlantes, l'antisémitisme, les pamphlets et leur éventuelle réédition, et, plus généralement, l'implication de l'homme dans son œuvre.
Aucun n'esquive ces points capitaux et leurs réponses, pour nuancées qu'elles soient, expriment de façon majoritaire une convergence. Au lecteur de la découvrir.
Interrogés sur la reculade du Ministre de la Culture, tous réagissent vigoureusement. Pour David Alliot, « M. Mitterrand a préféré capituler (en un temps record !) devant une attitude communautariste, aussi estimable soit-elle. Cela veut dire qu'à l'avenir, il ne sera plus possible de célébrer le très antisémite et négrier Voltaire (dont le corps est au Panthéon), Jean Genet et ses amitiés masculines avec des soldats allemands, Louis Aragon, barde du stalinisme ! » Même raisonnement chez Eric Mazet. Quant à Bruno de Cessole, il parle, pour sa part, d'une affaire « à la fois pathétique et risible », de « capitulation honteuse ».
Dans sa préface mesurée (saurait-on attendre d'un académicien qu'il prenne feu et flamme ?), Jean-Marie Rouart constate à juste titre que « donner de bons ou de mauvais points aux écrivains selon leurs opinions politiques ou morales est le péché mignon de notre époque. » Céline, à l'en croire, y gagne « un charme vénéneux ».
Laissons la conclusion à Philippe Sollers, qui n'hésite pas à écrire : « En réalité, c'est vrai, Céline n'est pas un auteur du XXe siècle, mais bel et bien du XXIe siècle.

P.-L. MOUDENC
Rivarol n°3005, 24 juin 2011.


1. Une enfance chez Louis-Ferdinand Céline, Editions Michel de Maule. 165 pages, 19€.
2. Apologie de Mort à crédit, Editions de la Reconquête «www.editionsdelareconquete.com», 50 pages, 38 € + 8 € de port.
3. Céline l'infréquentable ?, Editions Jean Picollec, 206 pages avec annexes, dont un index, 16 €.

samedi 25 juin 2011

Jean-Pierre Marielle : Ah Céline ! Il a été pompé et sur-pompé...

Il y a un moment, à partir du début des années 70, où vous incarnez un personnage dans les films où vous êtes en tête d'affiche, de Séria ou de Blier, un personnage qui reviendra pendant une dizaine d'années, celui d'un Français pur jus, franchouillard et un peu beauf sur les bords...
(Interrompant) Ah bon ? Alors très bien, j'apprends des choses au moins (grand et long rire sonore) ! Vous savez, c'est très difficile : moi, je fais mon truc, j'exerce mon art mineur. Je veux dire que je ne m'en rends pas bien compte. Les gens de l'extérieur peuvent le dire, mais moi...

Il y'a quand même quelque chose qui se cré, qu'on retrouve de Sex Shop à Pétrole, pétrole, avec des réalisateurs qui semblent écrire spécialement pour vous.
Oui, oui, on me distribue un peu comme ça dans des personnages de GRAND CONNARD, extravagants... Des personnages un peu louches... J'aime bien quand ça dérape.

C'est plus que ça parfois. Il y a ce personnage un peu anar', un esprit libre et bon vivant que l'on retrouve dans vos films avec Séria. Dans votre livre, vous dites de lui : "Ni faiseur ni metteur en scène classique, il a un ton presque célinien dans sa liberté quasi-anarchiste", un ton qui vous a permis "d'abandonner les personnages plus conventionnels que l'on me faisait alors jouer". On sent que la folie qui se dégage de ces rôles a été quelque chose d'important pour vous.
Oui c'est ça, c'était des rôles plus proches de moi, avec ce côté célinien... Oui, oui, Louis-Ferdinand... Ah, ah (grand cri "je bande") ... Ben oui. Y'a pas un mec qui prend une plume comme lui maintenant... Ah Céline ! Il a été pompé et sur-pompé...

Entre deux Séria, Les Galettes de Pont-Aven en 75 et Comme le lune en 76, vous jouez dans le Calmos de Blier (1976). A voir le film aujourd'hui, on est stupéfait, non seulement par son originalité et la liberté qui s'en dégage, mais aussi par ce qui le rapproche des films de Séria : cette truculence un peu machiste, qui arrive juste après les grandes heures de gloire du MLF... Vous vous parliez, entre vous, de l'aspect "politique" de ces films ?
Ah non, jamais !... Je connais plein de jeunes gens qui sont fanatiques de Calmos, nous on a adoré le tourner. Je travaillais pas avec les metteurs en scène les plus célèbres et les plus connus, c'était quand même des gens, comment dirais-je ?, qui étaient en dehors... Et moi, j'étais un peu en dehors, aussi : j'étais pas pris dans le monde du cinéma de l'époque. Je venais de la Galerie 55 (Cabaret de Saint-Germain-des-Prés où il se produisait avec son camarade de la rue Blanche, Guy Bedos - NDLR) où on faisait des improvisations quoi, j'étais pas non plus dans l'ordre établi du théâtre habituel. J'ai toujours été un peu en marge comme ça, dans des lectures et tout ça : j'ai jamais été typiquement acteur bourgeois.

Extrait de l'entretien réalisé par Christophe Ernault & Laurence Rémila pour le n°1 de la revue Schnock (été/automne 2011). En vente en librairie.
Commande possible sur Amazon.fr.

http://larevueschnock.com/


>>> A lire : Jean-Pierre Marielle évoque Louis-Ferdinand Céline



Voyage au bout de CÉLINE (documentaire, 2011)

Documentaire Voyage au bout de Céline diffusé jeudi 23 juin 2011 sur France 5, réalisé par Jean-Baptiste Pérétier. 52 minutes. Avec Henri GODARD, Yves BUIN, Yves PAGES, François GIBAULT, Jean-Pierre MARTIN et Michel WINOCK.


 

vendredi 24 juin 2011

Céline, mort il y a 50 ans, attise toujours les passions - AFP - 24 juin 2011

Génial et détestable, Louis-Ferdinand Céline, dont la puissance de l'oeuvre reste entachée par son antisémitisme, suscite toujours les passions cinquante ans après sa mort, le 1er juillet 1961, comme il l'avait fait de son vivant.

Ce 50e anniversaire devait-il être célébré ? La République française a jugé que non.

En janvier, Serge Klarsfeld, président de l'association des fils et filles de déportés juifs de France, s'était insurgé contre la présence de Céline dans les célébrations nationales 2011. Pour lui, le talent de l'auteur du "Voyage au bout de la nuit" ne doit "jamais faire oublier l'homme qui lançait des appels aux meurtres des juifs sous l'Occupation. Que la République le célèbre, c'est indigne". Certains, dont Bertrand Delanoë, l'avaient suivi, d'autres avaient parlé d'un mauvais procès. Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand avait tranché : le nom de Céline a été rayé de la liste des célébrations. "C'est injuste. Céline est un immense écrivain français, le plus traduit et le plus diffusé dans le monde après Proust... En dehors de ça, c'est un pur salaud", résume Henri Godard, éditeur de Céline dans La Pléiade et qui vient de publier une volumineuse biographie de l'écrivain. Comme le dit Philippe Sollers, qui se penche sur l'oeuvre de Céline depuis 1963, "des salauds, il y en a beaucoup. De très grands écrivains, il y en a très peu".

Céline, auteur de trois pamphlets antisémites, "a ajouté son cyanure et son vitriol à cet antisémitisme qui demeure (...) une plaie ouverte dans la conscience française", relève Jean-Marie Rouart, de l'Académie française. "Pour autant, cet antisémitisme doit-il disqualifier l'écrivain Céline ? Evidemment, non", estime-t-il dans une préface à "Céline, l'infréquentable" de Joseph Vebret. La vie et l'oeuvre de Céline, en grande partie autobiographique, sont inséparables, pour le meilleur et pour le pire.

Louis-Ferdinand Destouches, né le 27 mai 1894, passe son enfance passage Choiseul, à Paris, où sa mère tient un magasin de dentelles. Après la guerre de 1914-1918, pendant laquelle il est grièvement blessé à la tête, le futur écrivain commence ses études de médecine. Dans son premier roman, "Voyage au bout de la nuit", il relate son expérience de la guerre, sous un jour grotesque et sordide. Ce récit tourmenté à la langue volcanique fait l'effet d'une bombe. Publié en 1932, il manque de peu le Goncourt et obtient le Renaudot. C'est alors que le docteur Destouches prend pour nom de plume le prénom de sa grand-mère, Céline. Paru en 1936, "Mort à crédit", son deuxième livre, encore plus désespéré et disloqué, se nourrit de sa jeunesse et dérive dans l'imaginaire. La même année, il publie un texte anti-soviétique, "Mea Culpa", après un séjour en URSS où "Le Voyage" est traduit.

Puis il écrit des pamphlets orduriers, particulièrement contre les juifs : "Bagatelles pour un massacre", "L'Ecole des cadavres", "Les Beaux Draps". Son outrance est telle que les antisémites les plus virulents se désolidarisent de lui. En Russie, après guerre, on parle de lui comme "une nullité littéraire et un criminel fasciste". Au lendemain du Débarquement, il fuit la France. D'abord en Allemagne puis au Danemark. Il est sous le coup d'un mandat d'arrêt pour trahison.
En décembre 1945, il est emprisonné dans le quartier des condamnés à mort au Danemark, qui refuse de l'extrader mais le remet en liberté sur parole en juin 1947. En avril 1951, l'ancien combattant Louis Destouches est amnistié par la justice française. De retour en France, il écrira encore "Nord" (1960), dans lequel il retrace sa traversée de l'Allemagne en 1945, ou "Rigodon", publié après sa mort à Meudon.

Des originaux de ses livres ou de sa correspondance se sont vendus à prix d'or aux enchères cette année.

Myriam CHAPLAIN-RIOU
Photo : Affiche et photos de Louis-Ferdinand Céline lors d'une vente aux enchères à Drouot, le 17 juin 2011 (AFP/Archives, Lionel Bonaventure)

jeudi 23 juin 2011

Auteur français majeur et antisémite notoire, Céline continue d’intriguer - L'Orient, Le Jour - 23 juin 2011

Céline est-il fréquentable ? La question reste posée cinquante ans après sa mort, et une avalanche de livres se penchent à l’occasion de cet anniversaire sur l’auteur sulfureux du « Voyage au bout de la nuit », écrivain majeur du XXe siècle et antisémite furieux.

Né le 27 mai 1894, le Dr Louis-Ferdinand Destouches, alias Céline, est mort le 1er juillet 1961. Considéré comme un génie de la littérature, il est aussi l’auteur de pamphlets violemment antisémites... et l’écrivain français du siècle dernier le plus traduit et diffusé après Proust.
Parmi ces ouvrages, David Alliot dresse dans D’un Céline l’autre (Robert Laffont), au travers de 200 témoignages, un portrait inédit de l’écrivain, depuis sa jeunesse passage Choiseul à Paris jusqu’à sa mort en reclus à Meudon, dans la proche banlieue.
Ces témoignages, entretiens, correspondances, journaux intimes ou mémoires émanent de sa famille, d’amis, d’admirateurs ou d’adversaires. Chacun est replacé dans son contexte. Essentiellement français, ils viennent aussi du Danemark, dévoilant le Céline de l’exil de 1945 à 1951, ou d’Allemagne, évoquant le Céline de l’Occupation.
Un tiers des témoignages est connu du grand public. Un deuxième tiers ne lui était pas accessible jusqu’ici. Le dernier est totalement inédit.
L’universitaire Henri Godard, éditeur de Céline dans la Pléiade, publie Céline (Gallimard), une biographie dans laquelle il rappelle comment le Voyage au bout de la nuit en 1932 a été une révolution dans la manière de dire par le roman l’expérience humaine.
Peut-on dissocier le génie de l’écrivain des vilenies de l’homme? Pour Henri Godard, les deux sont inséparables. Cette biographie part à la découverte des vérités contradictoires de Céline, que restitue par fragments une abondante correspondance récemment réunie. Et c’est un portrait souvent inattendu qui se dessine, celui d’un homme à jamais marqué par la guerre, un médecin des quartiers pauvres, mais aussi un antisémite acharné, le prisonnier de Copenhague, enfin, le plus méconnu, l’amoureux du corps féminin et de la danse.
Gallimard propose aussi en poche un choix de lettres de Céline (1931-1961), paru dans son intégralité en 1991.
Céline, l’infréquentable ? de Joseph Vebret (éditions Jean Picollec) tente de démêler la réalité du fantasme, sans lui chercher d’excuses ni de fausses justifications. Le livre est construit autour de huit entretiens avec des céliniens qui font autorité, dont l’écrivain français Philippe Sollers.
Antoine Peillon reprend dans Céline, un antisémite exceptionnel (Le bord de l’eau) une note sur l’antisémitisme de l’auteur de Bagatelles pour un massacre, rédigée pour le physicien Georges Charpak.
Jean-Paul Mugnier met, lui, en scène dans Albert et Louis (Fabert) un dialogue improbable entre Albert Camus et Céline. L’auteur y invente une confrontation entre un Céline, de retour d’exil après avoir été condamné à mort par contumace, et un Camus, contesté pour ses prises de position sur la guerre d’Algérie.
Dans une autre fiction, Céline’s band (Robert Laffont), Alexis Salatko imagine sa rencontre avec Marcel Aymé, sur les rives de la Baltique au Danemark. L’auteur d’ Uranus a été l’ami intime de Céline pendant trente ans.
Enfin, Maroushka Dodelé évoque dans Une enfance chez Louis-Ferdinand Céline (Michel de Maule) ses souvenirs de jeune danseuse auprès de Lucette Destouches, épouse de l’écrivain.

L'Orient-Le jour.com, 23/06/2011
Quotidien libanais d'expression française

mercredi 22 juin 2011

Stanislas de la Tousche - Y'en a que ça emmerde... ? à Avignon du 8 au 31 juillet 2011

Stanislas de la Tousche interprétera son spectacle Y'en a que ça emmerde... ? au théâtre des vents à Avignon du 8 au 31 juillet 2011 (11h).

Théâtre des vents
63 rue guillaume Puy
84000 Avignon
Réservations : 06.20.17.24.12


"Courbevoie, Seine, Rampe du Pont... Y' en a que ça emmerde qu'il y a des gens de Courbevoie...?"

Un homme en colère
À l'occasion du 50e anniversaire de sa mort, L.F. Céline, l'abominable homme des Lettres, s'invite dans le paysage culturel français pour solder les comptes.
Pendant une heure, le médecin reclus de Meudon nous reçoit pour une consultation en tête à tête. Il râle, raille, gémit, éructe à l'encontre du monde qu'il a connu
et dont le nôtre est devenu la caricature. Tout y passe, pêle-mêle: Les malades, les lecteurs, la clique germanopratine, la vie chère, Bikobimbo - 1916,
les années de prison...la persécution jusqu'au délire.
Et puis au détour d'une phrase, l'émotion surgit d'un coup, sans sirop ni pommade et nous prend à l'estomac... un pas de danse, une femme aimée, le visage d'une mère.
Ciselée ou impromptue, la parole de Céline claque comme un coup de fouet sur l'échine de notre sensibilité contemporaine. Elle parle vrai et fort... sans souci de "parler juste".

"Y' en a que ça emmerde...?" À ce qu'il paraît!
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Textes tirés de : Féerie pour une autre fois, D'un château l'autre, Rigodon. Entretiens avec A. Zbinden, M. Hanrez, P. Audinet, J. Guénot, Céline vous parle, extraits de correspondance.

"Au delà d'une extraordinaire et troublante ressemblance physique, Stanislas de la Tousche ne se contente pas d'interpréter Céline, il est Céline !" David Alliot


>>> A lire : Les Entretiens du Petit Célinien (I) : Stanislas de la Tousche

Rencontre - débat autour de Céline jeudi 23 juin 2011 à Paris

La Revue des Deux Mondes (qui consacre son dossier de juin à Céline) et la Librairie de Paris organisent une rencontre-débat autour de Louis-Ferdinand Céline le jeudi 23 juin 2011 (18h) à la Librairie de Paris, avec François Gibault, avocat à la cour, spécialiste de Céline et Michel Crépu, directeur de la Revue des Deux Mondes.

Librairie de Paris
7 place de Clichy
Paris XVIIe

Réservations à Aurélie Julia
01 47 53 62 16
presse@revuedesdeuxmondes.fr

Pétain et ses fantoches par David Alliot

Dans « D'un château l'autre », Céline relate au plus près la déréliction de la France pétainiste.

Sans Céline, l'épisode de Sigmaringen en Allemagne aurait depuis longtemps disparu de notre mémoire collective. Dans « D'un château l'autre » (Gallimard 1957), il relate les pathétiques, dérisoires et ultimes soubresauts de la France de Vichy. Les paroles de Laval, la mort de Jean Bichelonne, les manies d’Abel Bonnard, les visites à De Brinon… Ou est la réalité, ou est la fiction, bien peu le sauront.

Novembre 1944. Céline, Lucette, le chat Bébert et l'acteur Le Vigan débarquent à Sigmaringen, dernier refuge des pétainistes en pleine déconfiture. Regroupés dans la ville par l'autorité allemande, tout le gotha de la Collaboration y attend une hypothétique victoire des armées du Reich. Mais pour Céline, Sigmaringen n'est qu'une étape. Son objectif est de filer au Danemark où il a caché son or avant guerre. Prévu pour quelques semaines, le séjour durera plusieurs mois.

De novembre 1944 à avril 1945, Sigmaringen va osciller en permanence entre le surréalisme et le grand-guignol, - deux traits dont Céline, douze ans plus tard, rendra également compte. Les Allemands, soucieux de ne pas insulter l’avenir, ont organisé la cité à leur façon. Aucun détail n’est négligé. Surplombant la cité, le château des Hohenzollern - dans lequel réside le maréchal Pétain et son gouvernement- lui inspire cette énumération sarcastique : « stuc, bricolage, déginganderie tous les styles, tourelles, cheminées, gargouilles… pas à croire ! super Hollywood ! ». Le drapeau français flotte sur la bâtisse. Non sans ironie, les autorités allemandes ont déclaré Sigmaringen « enclave exceptionnelle française ».

Au pied du château c’est la cité « si jolie, fignolée, rose, verte, un peu bonbon, demi-pistache […] tout style “baroque boche” et “Cheval blanc”… vous entendez déjà l’orchestre ». À Sigmaringen, s’entassent plusieurs centaines de reprouvés « l’article 75 au derge » tous passibles des tribunaux de l’Épuration : « un plateau de condamnés à mort 1142 !… je savais exactement le nombre ».Pour organiser la cohabitation entre les habitants et les réfugiés, les Allemands ont édicté des règles drastiques et ubuesques. Pour rejoindre la dernière capitale de l’État français, il faut obtenir un emploi. Pour obtenir un emploi, il faut un logement… La ville étant en constante surpopulation, on loue les lits à six personnes qui dorment à tour de rôle. Céline, lui, est affecté au Züm Löwen. Un petit hôtel où sa chambre sert aussi de cabinet médical. Pendant son séjour dans la ville, il va tenter, avec les moyens du bord de soigner les malades.

À Sigmaringen, les distractions sont rares. Chaque jour, la population assiste à la promenade du Maréchal Pétain que Céline surnomme ironiquement « Philippe le dernier ». Dans le ciel, les bombardiers alliés bombardent les environs : « Mosquitoes, Maraudeurs foncent ! piquent ! filent !… Ils pourraient facile nous broyer !… une petite bombe !… non ! il semble qu’ils prennent que des photos… » Considérée comme non-stratégique, la ville est épargnée. Et De Gaulle veut les « collabos » vivants pour les juger. L’ambiance est chaque jour un peu plus pesante : « l’armée Leclerc rapproche… rapproche… sont pris d’une de ces inquiétudes !… d’une envie d’en savoir plus !… »

À Sigmaringen, il y a aussi un gouvernement qui travaille. Les « ministres » du Maréchal tentent de s’accaparer le peu de pouvoir que les Allemands leur laissent : préparer les matchs de football, organiser la fanfare municipale, s’attribuer des préséances ridicules… Le gouvernement du Maréchal attribue des postes qui n’existent que sur le papier. À Pierre Laval, Céline demandera d’être nommé « Gouverneur de Saint-Pierre et Miquelon » ! Officiellement, tous les ministres sont confiants en la victoire de l’Allemagne, et fondent leurs espoirs dans les fameuses armes secrètes promises par Hitler. Dans la réalité, tous lorgnent vers la Suisse voisine, où à défaut, l’Espagne ou la Suède, pays neutres qui pourraient les accueillir au cas où. Pour remotiver les troupes, les Allemands organisent une conférence avec Léon Degrelle en uniforme SS. Comme à son habitude, Céline sabotera la réunion : « Quel est ce roi des cons qui ne fera même pas un beau pendu avec sa gueule de jean-foutre ? » En avril 1945, Céline, Lucette, et le chat Bébert parviennent à se réfugier au Danemark. Comme par enchantement, le dernier gouvernement de Vichy disparaît à la vue du premier soldat allié. La pièce est finie, et pour les anciens de la Collaboration, l’heure des comptes a sonné. Désormais c’est chacun pour soi.

David ALLIOT
Article paru dans Marianne Hors-Série de Juillet-Août 2011.

mardi 21 juin 2011

Voyage au bout de Céline

Le documentaire "Voyage au bout de Céline", qui sera diffusé jeudi 23 juin sur France 5, est disponible en ligne jusqu'au 30 juin sur le site de la chaîne :

http://documentaires.france5.fr/documentaires/voyage-au-bout-de-celine

"Dieu qu'ils étaient lourds" au Lucernaire jusqu'au 23 juillet 2011

Dieu, qu'ils étaient lourds... !, entretien théâtral et littéraire avec Louis-Ferdinand Céline sera de nouveau joué au Lucernaire à Paris jusqu'au 23 juillet 2011.(20h, 53 rue Notre Dame des Champs).

Conception, adaptation et mise en scène de Ludovic Longelin, avec Marc-Henri Lamande (Céline) et, en alternance, Ludovic Longelin et Régis Bourgade (le journaliste)

Production En Votre Compagnie.

Une saisissante rencontre loin des consensus et des coquetteries littéraires avec Céline, qui, seul sur scène, répond aux questions qui lui furent posées par les intellectuels de l'époque. Face aux spectateurs appelés à être ses confidents privilégiés, il parle de sa vie, son enfance, de ses dramatiques prises de position politique et de ce style qui bouleversa la littérature...

lundi 20 juin 2011

David Alliot - RFI - 19/06/2011

David Alliot était l'invité de l'émission "Idées" diffusée sur RFI dimanche 19 juin 2011 :




www.rfi.fr

Vente aux enchères du 17 juin 2011 - Résultats

Les résultats de la vente aux enchères du 17 juin 2011 consacrée à Louis-Ferdinand Céline sont disponibles sur le site de l'étude Néret-Minet & Tessier :

www.neret-tessier.com

Le catalogue est téléchargeable ici.

David ALLIOT : « D'un Céline l'autre » (2011)

David ALLIOT était l'invité de la librairie Mollat à Bordeaux le 15 juin 2011 à l'occasion de la sortie de "D'un Céline l'autre" aux éditions Robert Laffont.



dimanche 19 juin 2011

Archives de la vie littéraire sous l'Occupation

Parution chez Tallandier du catalogue de l'exposition "Archives de la vie littéraire sous l'Occupation" réunissant plus de 700 pièces d'archives. Plusieurs références à Céline.

Présentation de l'éditeur
Depuis la « montée des périls » jusqu’aux lendemains de la Libération, quelle a été la vie quotidienne des intellectuels français? De quels enjeux ont-ils été les otages ou les porte-parole ? Quelles formes ont-ils données à leurs débats politiques et moraux, à leurs angoisses et à leurs espoirs ? A ces questions, les archives déposées à l’Institut Mémoires de l’Edition contemporaine (IMEC) répondent avec sensibilité et réalisme : plus de sept cents pièces d’archives sont ainsi présentées dans ce catalogue qui accompagne l’exposition organisée à l’Hôtel de Ville de Paris (jusqu'au 9 juillet 2011). Lettres, manuscrits, photographies, articles de journaux, ouvrages, tracts, documents administratifs ou personnels illustrent la difficile situation des représentants de l’« intelligence en guerre » tout au long de ces années sombres. Qu’ils soient collaborateurs, attentistes, déportés, prisonniers, résistants de la première ou de la dernière heure, en exil ou dans la clandestinité, les intellectuels français se sont abondamment servis de la première de leurs armes : les mots. Bien qu’occulté par les stratégies des hommes politiques et des militaires, le rôle des écrivains s’avéra décisif car, dans l’affrontement avec la propagande allemande et française, qui eut lieu aussi au coeur des nombreuses revues littéraires et poétiques comme des journaux, leur voix relaya et exalta l’esprit de Résistance dès juin 1940… C’est aux traces de cette parole, d’abord fragile, puis de plus en plus ramifiée et audacieuse, que cet ouvrage est consacré.



Archives de la vie littéraire sous l'Occupation, Ed. Tallandier, 2011.
Commande possible sur Amazon.fr.

Louis-Ferdinand Céline sur France 5 jeudi 23 juin 2011 à 21h30

Un documentaire de 52 minutes "riche en témoignages et archives" sera diffusé sur France 5 jeudi 23 juin 2011 de 21h30 à 22h35. Laurence Piquet recevra ensuite sur le plateau l'acteur et réalisateur Christophe Malavoy qui vient d'achever un scénario sur l'écrivain et vient de faire paraître Céline, même pas mort ! aux éditions Balland.

www.france5.fr

Synopsis de l'émission
Son oeuvre littéraire est l'une des plus importantes du XXe siècle mais l'homme, Louis-Ferdinand Desouches, dit Céline, continue de susciter la polémique. Ce fils de petits bourgeois déclassés, longtemps médecin des pauvres, a publié son «Voyage au bout de la nuit» en 1932. Céline devient alors une figure revendiquée par la gauche. Treize ans plus tard, il est emprisonné pour haute trahison avec l'ennemi. Comment en est-il arrivé là ? Jean-Baptiste Péretié livre un documentaire riche d'archives, de témoignages et de rares entretiens dans lequel l'homme décédé il y a aujourd'hui cinquante ans apparaît sous ses deux facettes.

Louis-Ferdinand Céline sur la radio publique allemande mardi 21 juin 2011

La radio publique allemande SR/ARD consacrera son émission "Literatur im Gespräch" de mardi 21 juin 2011 à Céline. (de 20h04 à 21h00)

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Bewundert, bezweifelt, bespuckt
Der Streit um Louis-Ferdinand Céline spaltet die Grande Nation

Ein Feature von Tilla Fuchs

Darf man Louis-Ferdinand Céline feiern? Und wenn ja: wie? Ein halbes Jahr vor dem 1. Juli 2011, dem 50. Todestag des umstrittenen Autors, sagte Kulturminister Frédéric Mitterand stellvertretend für die französische Regierung die geplanten offiziellen Feierlichkeiten zu Ehren des Schriftstellers ab. Führende Persönlichkeiten der französischen Öffentlichkeit, allen voran Serge Klarsfeld, Präsident der Organisation Söhne und Töchter der deportierten Juden Frankreichs, hatten gegen die „Pantheonisierung eines antisemitischen Schriftstellers“ Protest eingelegt. „Zensur“, antworteten Autoren wie Philippe Sollers und David Alliot, der in Le Monde sogar „literarischen Stalinismus“ monierte. Und der Philosoph Alain Finkielkraut befürchtete, die Absage könne das Gerücht über eine einflussreiche „jüdische Lobby“ nur verstärken.

So lodert seit Monaten eine lebhafte Kontroverse zwischen Célinianern, die an einen der bedeutendsten Schriftsteller des 20. Jahrhunderts erinnern wollen, und jenen, die ihn als Antisemiten abtun. Der Streit geht weit hinaus über die alte Frage nach dem Verhältnis von schlimmer Biographie hier und faszinierendem Werk dort, denn Célines umstrittene Kampfschrift „Bagatelles pour un massacre“ (1938 unter dem Titel „Die Judenverschwörung in Frankreich“ erschienen) ist ein eindeutig antisemitisches Buch. Die Kontroverse verläuft quer zu den politischen und weltanschaulichen Lagern und verlangt von jedem Einzelnen eine Entscheidung.

Das Feature begibt sich auf Spurensuche in die Heimat des Schriftstellers, der viele Jahre als Armenarzt in der Pariser Vorstadt gearbeitet hat. Auch Experten kommen zu Wort, etwa der Céline-Herausgeber Henri Godard, der Schriftsteller David Alliot und der Historiker Serge Klarsfeld. Erzählt wird die Lebens- und Schaffensgeschichte eines pessimistischen Misanthropen, der diese Haltung perpetuiert und zur Kernaussage seines Werkes gemacht hat – worauf u.a. die Modernität von „Voyage au bout de la nuit“ (1933 unter dem Titel „Reise ans Ende der Nacht“ erschienen, 2003 neu übersetzt) oder „Nord“ (1969 unter dem Titel „Norden“ erschienen) gründet.

Gleichzeitig wird versucht, die inneren Widersprüche in Célines Biographie darzustellen und aus der Sicht von Experten zu beleuchten: wie wurde aus dem Armenarzt und dem Wissensdurstigen, der zu Abenteuerreisen rund um die Welt aufbrach, jener lärmende antisemitische Menschenverächter, der sich mit der Vichy-Regierung solidarisierte und darum beinahe hingerichtet worden wäre? War er ein Provokateur? Ein Überzeugungstäter? Ein genialer Künstler auf politischen Abwegen? „Wenn Monsieur Céline die Menschen empört, dann weil Gott ihn genau dafür geschaffen hat“, schrieb Georges Bernanos bereits 1932…