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vendredi 1 juillet 2011

Au cimetière de Meudon, l'hommage à Céline par Jérôme Dupuis - L'Express - 1er juillet 2011

C'est à Meudon, où il passa les dernières années de sa vie, que Céline est enterré. Ses fidèles ont tenu à lui rendre hommage ce vendredi 1er juillet, 50e anniversaire de sa mort.

Le président Sarkozy n'était pas là. Pas plus que son ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand. Mais, faute de commémoration officielle (on se souvient de la violente polémique qui avait éclaté à ce propos au printemps dernier), une soixantaine de "céliniens" ont tenu à participer à une cérémonie officieuse sur la tombe de Louis-Ferdinand Céline, au cimetière de Meudon, en ce 1er juillet 2011, cinquantième anniversaire de la disparition de l'auteur de Voyage au bout de la nuit. L'initiative en revient à la Société d'Etudes Céliniennes (SEC), présidée par François Gibault, par ailleurs biographe de l'écrivain et proche de sa veuve, Lucette (toujours vivante et qui entrera dans sa centième année, le 20 juillet prochain).

Des représentants de l'aile droite
La petite foule, réunie autour de la tombe du romancier, sur laquelle est gravée un bateau, comprenait plusieurs témoins ayant connu Céline : Sergine Le Bannier, amie de Saint-Malo, Robert Massin, célèbre maquettiste et premier Français à avoir interviewé l'écrivain en son exil danois, Christian Dedet, qui rencontra l'ermite de Meudon deux jours avant sa mort, et même une ancienne voisine de Meudon... On reconnaissait aussi les "céliniens" David Alliot, Marc Laudelout (du Bulletin Célinien), Frédéric Monnier et même quelques représentants de l' "aile droite" de la Célinie - un jeune homme à chapeau melon se faisait un plaisir de se laisser photographier un exemplaire de Bagatelles pour un massacre à la main...

Après le dépôt d'une gerbe blanche, François Gibault a brièvement pris la parole. Ses mots furent mesurés mais fermes: "Louis-Ferdinand Céline n'a pas besoin de commémoration officielle. Ses nombreux lecteurs lui rendent déjà hommage en achetant ses livres. Et puis, la France lui a déjà rendu le plus beau des honneurs en lui attribuant ses médailles militaires. Ayons également une pensée pour sa fille Colette, récemment disparue, et pour sa veuve, Lucette, avec nous par la pensée, qui défend magistralement l'oeuvre de son époux depuis un demi-siècle." Une minute de silence a conclu cette cérémonie empreinte d'une discrète ferveur célinienne.

Le fantôme de Louis Destouches
A la sortie du cimetière, quelques proches se sont retrouvés dans le jardin du 25 ter, route des Gardes, la pavillon où Céline vécut les dix dernières années de sa vie et où réside toujours Lucette. A travers la vitre de ce qui fut jadis le bureau du génial romancier, on devine, dans une grande cage, un perroquet, Toto (qui a succédé au célèbre Toto évoqué par Céline dans ses derniers livres). Et puis, soudain, alors que chacun bavarde une coupe de champagne à la main, monte du jardin la silhouette de... Céline ! Même coiffure, même gibecière en bandoulière, mêmes traits émaciés. L'assistance est saisie. L'homme s'approche : "Bonjour, Stanislas de la Touche, je suis comédien, je vais présenter un spectacle autour de Louis-Ferdinand Céline à Avignon, en juillet." Nous aurons donc vu le fantôme de Louis Destouches à Meudon. Cela vaut toutes les commémorations officielles.

Jérôme DUPUIS
L'Express.fr, 01/07/2011

3 commentaires:

  1. marc-henri lamande4 juillet 2011 à 19:12

    Quelle honte de venir faire le pitre sur la tombe de LFC, profitant d'une ressemblance fortuite !!! il y en a qui n'ont peur du plagiat, ni du ridicule !!!

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  2. Ressemblance fortuite..., connaissant Stanislas, je sais qu'il n'y a rien de moins fortuit que la façon dont il incarne Céline au théâtre. Ses spectacles ont recueilli de fameux éloges et je serai le premier à applaudir ses créations, son énergie et son dévouement dans le domaine. Courrez donc le voir à Avignon et redonnez-nous de ses nouvelles!

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  3. Curieuse réflexion en effet. Et réitérée dans un commentaire plus récent.
    Il n'est pas idiot de se demander si l'auteur est bien celui qu'il prétend être... Il conviendrait, le cas échéant, d'appliquer à son comportement discourtois la formule qui donne le titre à son spectacle, fort bon au demeurant.
    Dans le doute, misons sur une mauvaise farce et affirmons par la même occasion la complémentarité de spectacles qui rendent hommage à Louis-Ferdinand Céline et à son œuvre.
    Chassons également de notre esprit la tentation de voir dans cette pratique une stratégie somme toute assez puérile d'intoxication.

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