Dur de commémorer un homme dont l’image est à la fois celle d’un génie et d’un sale type, surtout en France, où l’on aime expliquer l’oeuvre par la vie et vice versa. Le 1er juillet 1961 mourait Louis-Ferdinand Céline. Auteur de Voyage au bout de la nuit et de pamphlets antisémites. Une vie qui l’a fait disparaître de la liste des célébrations nationales 2011. Une langue qui selon Henri Godard (Céline, Gallimard) « ouvre sur une manière totalement nouvelle d’écrire le français ». Lire ou ne pas lire Céline, c’est la question. Trois écrivains livrent leur réponse. Karine PAPILLAUD
Régis Jauffret (prix Fémina 2005 pour Asiles de fous, éd. Folio) « Aujourd’hui les pamphlets de Céline sont en libre téléchargement sur Internet, et je les ai récemment approchés. Je n’ai pu aller bien loin dans ma lecture. C’est gerbant. Céline a écrit certains des grands romans du siècle dernier. Ils m’ont enchanté. Mais à présent, j’ai du mal à entendre son nom sans penser à sa gueule de vieil antisémite bien de chez nous. Un antisémite avec chats, comme Léautaud. On m’a dit que je lui ressemblais physiquement. Je préférerais ressembler à Kafka. »
Claire Castillon (Les Bulles, éd. Fayard) « Le style de Céline offre un rythme unique en soi, quasi impossible à reproduire. Et puis il y a le pessimisme. Absolu, profond. Et à la fois rigolard. Les gens qui aiment Céline rient du monde qui les entoure mais ne sont pas dupes. Ce sont un peu des vieux enfants. J’en suis un, enfin une. »
Fabrice Humbert (La Fortune de Sila, éd. Le Passage) « L’ampleur de la vision de Céline sur les différents théâtres du monde me touche : la guerre, la décolonisation, le capitalisme moderne. Une certaine idée de l’homme, même si j’adhère moins qu’autrefois à son pessimisme. Céline n’est pas un grand homme de la Nation, comme Hugo, Zola, Malraux, qui ont pu servir l ‘idée que la France avait d’elle-même. Mais c’est d’évidence un grand homme de la littérature que je fais étudier à mes élèves dès la seconde.
>>> 20 Minutes Paris du 1er juillet 2011 est téléchargeable ici.
Régis Jauffret (prix Fémina 2005 pour Asiles de fous, éd. Folio) « Aujourd’hui les pamphlets de Céline sont en libre téléchargement sur Internet, et je les ai récemment approchés. Je n’ai pu aller bien loin dans ma lecture. C’est gerbant. Céline a écrit certains des grands romans du siècle dernier. Ils m’ont enchanté. Mais à présent, j’ai du mal à entendre son nom sans penser à sa gueule de vieil antisémite bien de chez nous. Un antisémite avec chats, comme Léautaud. On m’a dit que je lui ressemblais physiquement. Je préférerais ressembler à Kafka. »
Claire Castillon (Les Bulles, éd. Fayard) « Le style de Céline offre un rythme unique en soi, quasi impossible à reproduire. Et puis il y a le pessimisme. Absolu, profond. Et à la fois rigolard. Les gens qui aiment Céline rient du monde qui les entoure mais ne sont pas dupes. Ce sont un peu des vieux enfants. J’en suis un, enfin une. »
Fabrice Humbert (La Fortune de Sila, éd. Le Passage) « L’ampleur de la vision de Céline sur les différents théâtres du monde me touche : la guerre, la décolonisation, le capitalisme moderne. Une certaine idée de l’homme, même si j’adhère moins qu’autrefois à son pessimisme. Céline n’est pas un grand homme de la Nation, comme Hugo, Zola, Malraux, qui ont pu servir l ‘idée que la France avait d’elle-même. Mais c’est d’évidence un grand homme de la littérature que je fais étudier à mes élèves dès la seconde.
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