Dans une lettre savoureuse, écrite au directeur de la Santé de Seine-et-Oise le 23 juillet 1940, Céline est contraint de justifier son départ de Sartrouville pour La Rochelle. C’est son exode (5) : « C’est avec un peu d’étonnement que j’ai reçu (transmise) la note ci-jointe de la mairie de Sartrouville. (...) J’ai accepté d’assurer deux heures par jour la consultation de médecine générale à Sartrouville depuis le mois de Mars en remplacement du Dr Dubroca (titulaire) médecin-chef du dispensaire municipal. Là se borne mon rôle. Il est exact d’autre part que j’ai accepté pour rendre service de faire partie du convoi d’évacuation de la mairie de Sartrouville, le 10 juin. À cet effet j’ai quitté mon domicile à Paris pour me joindre avec la pompe à incendie, les archives, les vivres, etc… sous la direction du Maire de Sartrouville à la colonne se dirigeant primitivement sur Pressigny-les-Pins. En cours de route j’ai donné mes soins à d’innombrables blessés et malades. J’ai pu mettre en lieu sûr à travers les bombardements deux enfants d’un mois — à Issoudun Cher — enfin au cours d’un long et très pénible périple (Sartrouville-La Rochelle), j’ai réussi à sauver de la destruction l’ambulance de Sartrouville qui m’avait été confiée et que j’ai pu ramener à la mairie le 14 Juillet. Observant que tout ceci ne m’a pas rapporté un sou de traitement (je suis payé par Sartrouville à la consultation), que tous les frais du voyage furent entièrement à ma charge et de ma poche du départ à l’arrivée c’est-à-dire pendant cinq semaines (essence, réparations etc…) j’ai perdu, confiés à d’autres camions environ 5 000 francs de bagages personnels, que j’ai entretenu pendant plusieurs semaines à mes frais personnels, ambulance, chauffeur, malades en ambulance etc… sans avoir reçu au départ un sou de la mairie (à laquelle d’ailleurs je ne réclame rien). Enfin je n’ai pas eu à “apprécier les raisons justifiant mon départ”. Je suis parti avec la colonne administrative d’évacuation commandée par le maire en personne — et pour rendre service — presque rien ne m’y obligeant — n’ayant aucune situation médicale ou administrative stable à Sartrouville. En bref, aucun avenir. Je ne regrette rien. Curieux de nature et si j’ose dire de vocation, j’ai été fort heureux de participer à une aventure qui ne doit se renouveler j’imagine
que tous les 3 ou 4siècles. (...) »
Frédéric ANTOINE, avec les conseils de David Alliot
Le Courrier des Yvelines, 31/08/2011.
Photo : Le dispensaire de Sartrouville.
Notes
(5) Choix de lettres de Céline et de quelques corrrespondants (1907-1961), préface, repères chronologiques, notes par Henri Godard, La Pléaide, Editions Gallimard 2009, p. 607.
que tous les 3 ou 4siècles. (...) »
Frédéric ANTOINE, avec les conseils de David Alliot
Le Courrier des Yvelines, 31/08/2011.
Photo : Le dispensaire de Sartrouville.
Notes
(5) Choix de lettres de Céline et de quelques corrrespondants (1907-1961), préface, repères chronologiques, notes par Henri Godard, La Pléaide, Editions Gallimard 2009, p. 607.
On sait précisement quel fut le trajet emprunté ?
RépondreSupprimerVous devriez pouvoir trouver les détails dans les différentes bio (Gibault, Vitoux, Alméras, etc...)
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