C'est le sublime qui vous mine, vous tue, la résistance à Lucifer, le surmontage de soi-même. Voulez-vous voir une déjeture profonde, faites-vous vertueux vous allez voir ! Que la circulation s'arrête, les bajoues fripent, les couilles étirent, la verge croqueville, le dos s'envousse, c'est tout d'une horreur. Poussez-moi le trèpe à l'abattoir et la pine au cul nom de Dieu, zim les fanfares se déchaînent, tonnerres de louanges et patata ! Qu'on vous adule ! qu'on vous cajole ! Y a pas de trop bonnes paroles pour vous ! Nanan ! Pain des anges ! Je me serais donné à mes penchants, j'aurais versé dans les vices au lieu de m'occuper de la Patrie, d'hystérifier contre les massacres, énergumène pacificateur, personne m'aurait cherché des noises, ni les Juifs ni les Hottentots, ni les Russiques ni les Ostroques, j'aurais coulé des jours exquis, considéré, pâmé partout, enrichi des éditions rares, couvert d'or par les éditeurs, vingt mille cocottes seraient venues me sucer, en plus dix plaques de commandeur, Nicham, Prix Nobel et jujube. Ca vaut mieux que vingt mille assassins qu'affûtent leurs scies dans leurs caves...
Louis-Ferdinand Céline, Maudits soupirs pour une fois, Gallimard, 1985, pp.82-83.
Commande possible sur Amazon.fr (Rééd. 2007).
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Les penchants de Céline, à part celui pour les danseuses, ne sont pas toujours clairement identifiés. Qui s’est avisé de mettre le mot « pédophile » sur « Le Pont de Londres » (Guignol’s Band 2) ? C’est bien de cela qu’il s’agit, pourtant : Ferdinand y engrosse une fillette de 14 ans...
RépondreSupprimerCéline... Ferdinand... Louis ?....
RépondreSupprimerMaurice Bardèche, dans la biographie qu'il consacre à Céline (Louis-Ferdinand Céline, La Table Ronde, 1986), développe un chapitre sur Guignol's band II (page 201 à 223) :
RépondreSupprimer"Beaucoup plus que dans Guignol's band I Céline se laisse aller, dans Guignol's band II, à l'imaginaire pur, au délire poétique. La réalité ne l'intéresse plus, il décrit un rêve. Dans ce rêve, il recule les limites de l'absurde, mais en même temps il se laisse aller à toutes les glissades de la joie et de l'irréel. Il a pris conscience finalement de ce qui lui plaît, décrire ses délires et fantasmes, et il prend le parti de négliger tout le reste. C'est Orphée battant la campagne.
(...) Comme cette joie soudaine de l'écriture est indiscrète ! Quel Céline inconnu ! Il contemple sa petite fée et s'enivre, elle est la spontanéité, la vie, il s'enivre de la vie, elle est la poésie même. (...) Il est fou dans son rêve, ivre de sa vie et de sa jeunesse, il devient un enfant comme elle.
(...) C'est entraînant, scintillant, allègre et un peu inquiétant - les petites chaussettes - mais à cause de la magie du style qui transforme les objets, les voix, les sentiments, tout cela passe comme poudrée d'une neige joyeuse.
(...) Pendant que Céline s'abandonne à l'évocation d'une ballerine de treize ans (ne les avait-il imaginées qu'en rêve ? Gen Paul prétend qu'il aimait les petites filles et qu'il ne s'en cachait pas), les deux cyclopes, dans leur antre, forgent des masques à gaz fantastiques (...)
"je suis médecin - Et puis païen par mon adoration absolue pour la beauté physique, pour la santé - Je hais la maladie, la pénitence, le morbide - grec à cet égard totalement - J'adule l'enfance saine - je m'en Pâme - je tomberai facilement éperdument amoureux - je dis amoureux - d'une petite fille de 4 ans en pleine grâce et beauté blonde et santé - je hais la boisson, la fumée, les toxiques - je comprends, je crois l'enthousiasme des Grecs - Cela est fort rare en somme - Ni Popol ni tant d'autres artistes infiniment mieux doués que moi ne ressentent l'appel irrésistible de la jeunesse (même l'extrême jeunesse - saine et joyeuse) pour cela j'ai tant aimé l'Amérique ! la félinité des femmes ! Ah ! Hollywood - Ah - Goldwyn Mayer ! J'aurais donné 10 ans de ma vie pour occuper leurs fauteuils un instant ! Toutes ces déesses à ma merci ! (Renoir était bien aussi de cet avis) - Etalon très modéré, la vue, le palper, m'enchantent à souhait, m'enivrent, m'inspirent - Je donnerais tout Baudelaire pour une nageuse olympique !"Lettre à Hindus. 23 août 1947.
RépondreSupprimerIl y a l'épisode "Paulette- Vivette" sur la Malamoa de Mahé... sorte d'Eponyme de seize ans... devenue Mireille dans Mort à Crédit...
Irène Mac Bride témoignera auprès de Gibault d'un Céline "courtisant une gamine de 15 ans" à Chicago en 1934, après la trahison de Craig et le refus de Karen Jensen... Voilà de quoi alimenter les suspicions de pédophilie.
Il y a aussi les propos de Gen Paul... mais quelle valeur leur accorder ?
Faut-il à partir de là voir de la pédophilie, un passage à l'acte d'un fantasme, d'un culte de la beauté, de la jeunesse, l'identification intégrale de Ferdinand de Londres avec L. Destouches ? Faut-il le mettre dans la même famille que Ronsard et d'autres ? Quand a commencé la notion de pédophilie en France (ou en Belgique), et à quels critères fixée ? On peut trancher en se référant aux lois...
Je suis d’avis qu’il faut juger Céline à propos de son attirance pour la pédophilie, comme on le juge pour ses appels à la shoah , c’est-à-dire : rétrospectivement, à la lumière des lois récentes, celles qui permettent de bien voir l’infamie de son passé. Nuremberg a donné l’exemple : la rétroactivité, il n’y a pas mieux.
RépondreSupprimerEt toi, qui te jugera ?
SupprimerPas prêt d'avoir une rue à son nom...
RépondreSupprimer"Louis-Ferdinand Céline, écrivain antisémite et pédophile, 1894-1961."
Mais qui a lu «Guignol's band 2» ? Il n'y a pas eu, à ma connaissance, d'ouvrages, de colloques ou d'émissions télévisées - faites entrer l'accusé - à ce sujet. Il reste encore du travail aux chercheurs pour déshabiller Céline intégralement. Est-ce vraiment rendre service à son œuvre ? Sera-t-il en encore un minimum fréquentable le Céline à poil ?
Pour juger, il faut des preuves, un objet, des dates, lieux, circonstances, témoins... Qu'y a-t-il dans le dossier du juge ? Ne pas confondre littérature, rêves ou délires et faits divers ou historiques.
RépondreSupprimerLa mansuétude discrédite une bonne justice partisane. En fuite en 1944 et réfugié à Sigmaringen avec les collaborateurs qui figuraient tous sur les listes noires, d’heureuse mémoire (http://www.thyssens.com/06docu/listes_noires.php), Céline ne peut être que coupable. Pas besoin de preuves ! Assez d’arguties ! Qu’on l’écartle !
RépondreSupprimerAdmirable, formidable travail que celui de Thyssens sur son site ! Voici des documents, des preuves, des écrits. On peut se demander pourquoi le sculpteur Belmondo, et d'autres, n'ont pas été inquiété après leur voyage à Berlin. Tant mieux pour lui et pour eux. Mais il est des noms qui n'apparaissent pas et on peut se demander pourquoi. Je serai curieux de savoir aussi quels ont été les artistes de cinéma, de music-hall, de cabaret, les médecins, qui ont été inquiétés à la libération. Beaucoup d'amis de Céline de Montmartre le furent. Interdits de spectacle pendant trois mois, six mois, deux ans, trois ans... Tous ses amis auxquels il n'osait écrire du Danemark pour ne pas les compromettre, auxquels il n'a pas osé demander de témoigner en sa faveur. Abel Gance par exemple... "Ami de Céline" ? - ça pourrait aggraver votre cas qui n'est pas si brillant, même si on n'a pas grand chose à vous reprocher..." C'est arrivé à Mahé. Un juge d'instruction à Mahé : "Vous étiez l'ami de Céline ! " - "Oui, et alors ! je n'ai pas à le renier... et j'avais des amis de l'autre camp...vous voulez la liste ? " etc... etc...
RépondreSupprimerNe faut-il pas passer à l'acte pour être taxé de pédophilie? Ou suffit-il de reluquer une jeune fille un long moment?
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