samedi 11 février 2012

Céline aux archives par Jean-François Roseau

Archives de la Préfecture de Police.
4 rue de la Montagne Sainte-Geneviève,75009.
De 1944 à 1946, l’opinion française s’interroge abondamment sur la situation de l’écrivain. Vit-il en liberté, comme le suggèrent certains articles, ou moisit-il dans les cachots humides de Copenhague ? Placé sous l’égide de la Police nationale, le service des renseignements généraux suit l’affaire de très près si l’on en croit les vieilles coupures de presse accumulées, au pied de la Montagne Sainte-Geneviève, dans les archives parisiennes de la Préfecture de police. Marqué de la cote usuelle, EA 152. IV, comme un numéro de détenu, le dossier Céline regorge en effet de documents précieux sur l’époque orageuse qui précède le procès. Liasses froissées, papiers jaunis, documents abîmés à force d’être manipulés par certains amateurs qui, comme moi, ont pris l’initiative d’approcher les archives. Outre les pages de journaux précieusement conservées par la Préfecture de police, on trouve des pièces administratives, manuscrites ou dactylographiées, datées pour la plupart de 1947 à 1961. Plus loin, en plein du cœur du Marais, les Archives nationales ont elle aussi constitué un carton regroupant textes et coupures de presse sur la personne de l’écrivain. Muni de sa carte de lecteur, chacun pourra y accéder. La série F réunit tous les versements des ministères et des administrations qui en dépendent dans les fonds publics postérieurs à 1789.
Entrée des Archives Nationales,
60, ruedes Franc-Bourgeois. 75003.
Dans la salle des inventaires -1er étage-, un rapide coup d’œil sur les instruments de recherche du CARAN (site parisien des Archives Nationales) suffit à identifier l’emplacement des documents d’origine policière. Puis une consultation de l’état général des fonds de la Police Générale (F/7) nous oriente vers les dossiers individuels des personnalités politiques et artistiques soumises à la surveillance des renseignements généraux. Le carton qui nous intéresse est conservé sous la cote F/7/15519 (dossier n°7565), et sa consultation reste soumise à un régime spécial, impliquant une demande particulière auprès du personnel de salle. Il s’agit simplement d’un formulaire papier indiquant nom, prénom, adresse, statut et motifs de la recherche. La demande est ensuite adressée à la section du XXe siècle qui décidera, après évaluation du formulaire, de vous communiquer le dossier conservé sur Céline. Une fois entré dans ce lieu que Michelet désignait doctoralement comme la « nécropole des monuments nationaux » - on notera l’écho paradoxal d’une telle expression associée à Céline -, il reste à éplucher consciencieusement des sources d’intérêt inégal en vue d’en tirer des informations cohérentes et précises.

Je propose donc de publier sur les pages du Petit Célinien, à une fréquence hebdomadaire, le résultat succinct de mes recherches.
Ces courts articles, étayés par des photographies prises aux archives, visent principalement à mettre à la disposition de tous, amateurs et curieux, des documents trop souvent évoqués sans le texte à l’appui. Sans doute, le connaisseur n’apprendra rien ici. Mais ces articles sont l’occasion, pour un public plus large, de découvrir l’image associée aux faits, et d’accéder aux documents originaux. Il me semble que ce projet s’inscrit pleinement dans la vocation initiale du Petit Célinien, qui est de réunir des passionnés autour d’un même sujet, sans pour autant prétendre à la qualité d’un travail de spécialiste. Mais la connaissance se partage et s’acquiert aujourd’hui sur la toile comme elle s’épanouissait autrefois dans les bibliothèques, les universités et les académies. Si ces relais traditionnels de la recherche et du savoir ont encore de beaux jours devant eux, profitons néanmoins de l’espace que nous accorde ce blog pour publier des sources dont la connaissance ne sera pas inutile aux céliniens actuels et futurs.

Mardi prochain : « Céline et le Cercle européen »

Jean-François ROSEAU
Le Petit Célinien, 11 février 2012.


1 commentaire:

  1. Toutes mes félicitations pour cette excellente initiative.Merci pour vous recherches.

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