A l’automne 1949, un document suspect est découvert dans une serviette abandonnée aux environs de Strasbourg. Il s’agirait d’un plaidoyer marqué d’une signature indéchiffrable. A lire le signalement froidement rédigé par un agent, on ne pourra manquer d’esquisser un sourire. Céline apparaît trop clairement sous les conditionnels et les formules de précautions employés dans cette note : « l’auteur serait médecin » et « semble être recherché par la police française ». Il n’en reste pas moins que cette brève description, digne d’un texte de Simenon, attise d’emblée notre curiosité. On imagine très bien un roman policier s’ouvrir sur cette note mystérieuse. Comment ce texte a-t-il pu voyager jusqu’ici ? Et quel visage inquiet se cache derrière ce singulier propriétaire ?
Comme s’il s’agissait d’établir un portrait à partir d’éléments épars, toutes ces allusions biographiques à la carrière de l’intéressé, ainsi qu’à ses récents démêlés judiciaires, dressent les contours d’une personnalité aisément reconnaissable. Ce texte expose, point par point, les arguments allégués par les avocats de Céline au cours de son procès. Il évoque également certains détails de son parcours professionnels et mentionne des noms qui lui sont familiers, tel le Dr Auguste Bécart (1896-1954), membre du PPF et spécialiste des maladies intestinales, que Céline range parmi ses « amis les plus chers »(1) Malgré ses liens avec les milieux collaborationnistes, ce-dernier obtiendra l’immunité à la Libération, coulant une vie paisible en plein Paris quand Céline connaît la tourmente de l’exil.
Nous proposons de reproduire l’intégralité du mémoire de défense, dactylographié en septembre 1949, et adressé aux renseignements généraux. Cette source, publiée par ailleurs, est déjà accessible dans différents cahiers (2). Mais on aura ici directement accès aux photographies d’un document issu du dossier Céline, aux Archives nationales.
Jean-François ROSEAU
Le Petit Célinien, 28 février 2012.
>>> A lire :
Notes
1 - Lettre du 16 février 1950 à Thorvald Mikkelsen, dans Céline, Lettres, Paris, Gallimard, « Collection la Pléiade », 2009, pp. 1285-1286.
2 - Une partie du mémoire a été reproduit à partir des cahiers de prison dans L’année Céline, Paris, Ed. du Lérot, 2006, pp. 36-38. On en trouve également certains extraits sur internet.
Ce document a-t-il été authentifié ? Connaît-on son véritable auteur ?
RépondreSupprimerC'est bien le même texte que l'original, avec ses erreurs initiales comme "Ferdinand de Brinon".
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