Le « galérien du style » et le « grand jeu » de « l’interviouwe »
Écriture et
médiatisation littéraire chez Louis-Ferdinand Céline
par Michel Lacroix
À cinquante ans de
distance, deux auteurs volontiers campés dans une féroce
intransigeance emploient une même formule pour désavouer leur image
médiatique et manifester leur aménité : « jouer le jeu ». Sous
la plume du plus contemporain des deux, l’expression surgit dans
une nouvelle sur l’obtention du prix de Flore (1). Sur le mode
autobiographique, Michel Houellebecq y raconte comment, à de
multiples reprises, les acteurs du milieu littéraire ont redouté
ses apparitions sur la scène publique. De Jean Ristat, du prix
Tristan-Tzara, qui craint qu’il ne refuse le prix, à un
organisateur de colloque à qui on a dit « Houellebecq… bonne
idée… […] mais il faut faire gaffe… éviter qu’il ne se
déshabille en public (2) », tous anticipent le pire, ce qui conduit
Houellebecq à rectifier son image :
Établissons les
choses avec clarté. […] j’ai bavardé [à la télévision], […]
je me suis prêté avec bonne humeur au jeu des signatures et des
dédicaces. Je n’ai jamais insulté un photographe. […] De quoi
me soupçonne-t-on ? J’accepte les distinctions, les honneurs, les
récompenses. Je joue le jeu. Je suis normal. Écrivain normal. (3)
Dans les Entretiens
avec le professeur Y (4), Louis-Ferdinand Céline se montre lui
aussi prêt à assumer publiquement le rôle de l’auteur.
Toutefois, la revendication d’une singularité exceptionnelle — «
[c’est] moi […] le seul écrivain du siècle (5) » — rend
difficile toute prétention à la « normalité » de sa part ; de
même, l’emploi constant des guillemets met à distance la formule
« jouer le jeu » et la rattache à celui qui impose cette loi, dans
les Entretiens, Gaston Gallimard (6). Ainsi, là où Houellebecq
prétend adhérer sans réserve au personnage social d’écrivain et
construit comme une douce apothéose la découverte de son statut de
« star », Céline souligne plutôt qu’il ne s’y plie qu’à
son corps défendant, pour « sortir de [son] effacement (7) ».
Par delà ces
différences, tous deux se rejoignent dans leur lecture des scénarios
inhérents au « jeu littéraire ». Se prétendant novice en la
matière, Céline montre le « scientifique » en lui, curieux de «
prospecte[r] les abords de ce “jouer le jeu”(8) », ce qui lui
permet d’expliquer au lecteur que cela signifie d’abord « passer
à la Radio… toutes affaires cessantes !... d’aller y bafouiller
! tant pis ! n’importe quoi !... mais d’y faire bien épeler son
nom cent fois (9) », puis qu’il faut se faire filmer, interviewer
et photographier, pour « que ça repasse dans cent journaux !...
encore !... et encore (10) !... ». Présenté comme antérieur et
extérieur aux parcours et stratégies individuels des auteurs ou
éditeurs, comme un ensemble de règles implicites et d’activités
prédéterminées, ce jeu ne repose
pas sur un travail du
texte, n’implique l’écrivain que comme « auteur », personnage
ayant livré un texte au public. Tout comme chez Houellebecq, il
s’agit essentiellement d’un travail de promotion postérieur à
l’écriture et à la publication, d’une sorte de service
après-vente, comme l’indique Bertrand Legendre (11). En un mot, «
jouer le jeu » revient à accomplir un travail paratextuel où sont
simultanément médiatisés texte et auteur.
Quelles sont, selon les
époques, les diverses facettes de ce travail au nom du texte, ses
ressorts médiatiques, les genres qu’il emprunte ? Comment
ressources éditoriales et dispositions auctoriales, quatrièmes de
couverture et entrevues, publicités et photographies,
parviennent-elles à se concilier ou en viennent-elles à différer ?
Qui a la charge, économique, sociale et symbolique, de défendre
l’oeuvre, de parler pour elle ? Quelle médiation, par rapport au
texte ou à l’auteur, ce travail de médiatisation crée-t-il (12)
? Cette dernière question est particulièrement importante, dans le
cas de
Céline, car les
Entretiens avec le professeur Y ne font pas qu’aborder le phénomène
de la médiatisation comme objet de discours, ils le mettent en
scène, le livrent à la fiction et le relient au travail du texte.
Comme je tenterai de le montrer, le fil d’Ariane qui conduit, à
travers bien des méandres et des contradictions, du « jeu »
médiatique à l’exhibition de l’écriture, permet de voir
comment Céline construit son image d’écrivain dans la
confrontation hostile avec les personnages de l’éditeur, de
l’intervieweur et, ultimement, du lecteur.
LE « CLOWN » ET LA PUBLICITÉ HOSTILE
Série de cinq articles
publiés dans La nouvelle nouvelle revue française, en 1954 et 1955
(13), puis repris en volume, les Entretiens avec le professeur Y
mettent en scène un Céline « persécuté14 », « copié (15) »,
« volé », « épuré (16) », étiqueté « traître, génocide,
homme des neiges (17) », un génie maudit en somme, écrasé par le
silence. Pour en sortir, il se décide à se livrer au « grand jeu »
de « l’interviouwe (18) » et se choisit, à défaut d’un Jean
Paulhan oscillant entre le surmenage et les vacances, un
interviouweur « hostile… sournois et méfiant (19) », le
Professeur Y. Après un court prologue, le texte prend ainsi la forme
d’une longue entrevue entre les deux personnages, jusqu’au délire
ultime du professeur et au récit du parcours mouvementé des deux
comparses à travers Paris, du square des Arts-et-Métiers au siège
de la revue, 5 rue Sébastien-Bottin.
Céline l’écrivain met
donc en scène Céline l’auteur dans le rôle de l’interviewé,
rôle largement institutionnalisé, alors, dans les pratiques
médiatiques et les mécanismes de légitimation (20), mais
susceptible de nombreuses modalités. Or, une des particularités des
Entretiens avec le professeur Y consiste dans le renversement
de la dynamique de l’entrevue. Tout en exprimant sa réticence pour
l’exercice de « relations publiques », Céline se lance lui-même
dans la quête d’intervieweurs, sollicite d’abord Paulhan, «
puis deux !... puis trois !... puis dix [candidats] !... qu’étaient
très capables… et qui voulaient bien (21) », mais se bute sur
une exigence étonnante de la part de gens censés recueillir, eux,
ses paroles à lui : « [ils] posaient une condition : que je les
mouille pas ! … que je les cite pas ! Ils acceptaient, mais
“anonymes” (22) ». Fui plutôt que recherché, contrairement aux
personnalités médiatiques habituelles, le futur interviewé se voit
doté au détour d’une phrase de la fonction essentielle de
l’intervieweur, celle du contrôle de la parole, du pouvoir de
citer l’autre. Une rapide correction, au paragraphe précédent,
annonçait déjà cette confusion des rôles : « Paulhan, si on
s’interviouwait ?... plutôt si vous m’interviouwiez (23) ! »
Ce retournement
institutionnel et énonciatif où l’interviewé se cherche un
intervieweur et s’arroge ses prérogatives essentielles se
concrétise dans la relation entre Céline et le professeur Y. Une
fois les protagonistes réunis au square des Arts-et-Métiers,
l’entretien tarde à se mettre en branle : « je m’attendais à
ce qu’il me questionne… c’était convenu… non ! rien du tout
(24) !... », se désole Céline, qui passe alors à l’attaque : «
Vous êtes joliment peu aimable ! Monsieur le Professeur Y ! […] On
est là pour un interviouwe ! […] Comment voulez-vous que je
pérore, comment voulez-vous que je “joue le jeu”, si vous ne
posez aucune question (25) » ? Après quelques autres gentilles
invitations, le professeur Y se hasarde en guise de première
question à proposer « un petit débat philosophique […] un débat,
mettons, par exemple, sur les mutations du progrès par les
transformations du “soi” (26) ? », ce qui lui vaut un refus
radical de Céline qui déclare : « j’ai pas d’idées moi !
aucune ! » et précise « je vous le déclare : je suis hostile (27)
».
Dès la première
question du professeur Y, immédiatement invalidée, la dynamique de
l’entretien est établie : Céline sera le meneur de jeu,
contrôlant l’échange de paroles et le choix des sujets, sous le
signe de l’hostilité. Aux injures et reproches de l’écrivain à
l’interviouweur — « vous êtes tellement abruti (28) », « vous
êtes obtus (29) », « vous êtes ramolli, un véritable clancul
(30) », « vous sabotez l’interviouve31 » — répondent les
commentaires malveillants du professeur : « vous êtes grotesque de
prétention (32) », « vous rabachez, Monsieur Céline (33) ! », «
vous êtes d’une vanité de paon (34) », « vous êtes qu’un
vieillard scléreux, rabacheur, aigri, prétentieux, fini (35) ».
Aussi Céline peut-il légitimement déclarer au professeur Y que
leurs entretiens ne correspondent guère au
modèle dominant :
implorant que vous
devez être !... vous devez adorer mes paroles !... et vous adorez
rien du tout !... […] les autres, les écrivains qu’on aime, sont
suppliés, révérés ! Chaque mot qui leur sort !.... même leurs
silences sont révérés ! leurs interviouweurs sont pâmants (36) !
Notons en passant que la mise en scène de l’« interview féroce !
[…] face aux fauves (37) ! » revient dans les romans ultérieurs
de Céline, en particulier dans le prologue de Rigodon, où les
intervieweurs se révèlent tous, en fait, des « insulteur[s]
(38) ».
La représentation que
Céline donne de lui-même dans ces entretiens est ainsi celle d’un
écrivain contraint d’accomplir lui-même la promotion et la
légitimation de son oeuvre, de prendre en charge tous les aspects du
travail paratextuel, dans un climat général d’hostilité. Certes,
il y a là-dessous des aspects institutionnels liés à la position
de Céline dans le champ littéraire de l’après-guerre et à
l’échec de sa rentrée chez Gallimard, celui d’un écrivain
placé sur la liste noire du C.N.E., en exil à Sigmaringen, puis au
Danemark, bref d’un véritable hors-la-loi du monde littéraire39,
dont la rentrée en France et sur la scène littéraire, en 1951,
signalée par le passage chez Gallimard, est marquée du sceau de
l’échec, tant commercial que critique (40). On peut donc voir,
dans l’auto-représentation en écrivain solitaire, isolé,
persécuté, précisément parce que génial, une réaction à cette
situation littéraire, un retournement de l’opprobre et du
désintérêt en manifestation de singularité conforme au mythe de
l’écrivain maudit ; toutefois, cela ne va pas sans ironie, chez
Céline, puisque les premières pages des Entretiens s’élèvent
précisément contre ce mythe et l’idée qu’« il convient que
l’artiste souffre ! Et pas qu’un peu ! […] puisqu’il
n’enfante que dans la douleur (41) ! », de sorte que selon « M.
Socle », « la véritable vie du véritable artiste n’est qu’un
long ou court jeu de cache-cache avec la prison (42) ». Ce ne serait
pas là la première contradiction célinienne, puisque, comme le
soulignait Marie-Christine Bellosta, l’art de Céline carbure à la
contradiction (43). On peut par ailleurs se demander si la relation
entre la topique de la persécution et la contre-attaque violente,
centrale à la variante célinienne du mythe, ne constitue pas une
métamorphose de la justification exprimée dans les pamphlets. D’une
solitude haineuse à l’autre, il y aurait une continuité méritant
d’autant plus l’analyse que le moteur initial de l’antisémitisme,
dans la mise en scène qu’en donne Bagatelles pour un massacre,
est celui de la rivalité littéraire.
La force des contraintes
exercées par l’état du champ littéraire sur la « fortune »
économique et symbolique de Céline est telle qu’une lecture des
Entretiens ne saurait négliger cette détermination.
Toutefois, il faut se garder de réduire le texte à une simple «
effet de champ » pour analyser plus finement la dialectique entre
déterminismes sociaux et travail textuel, et tenir compte des
diverses formes de médiation entre ces deux plans. Ainsi, il faut
noter, en premier lieu, que le rapport que Céline entretient avec sa
position dans le champ se joue sur diverses scènes discursives, dont
celle des lettres à son éditeur, celle de l’effort de publicité
et de critique déployé à son sujet et au sujet des autres auteurs
de la maison dans La nouvelle nouvelle revue française, et plus
largement, celle de la réception de ses oeuvres d’après-guerre.
On peut observer à cet égard que l’auto-représentation
célinienne déployée dans les Entretiens est d’abord esquissée
dans les Lettres à la NRF, où elle se fonde sur une lecture
de la critique contemporaine. Par ailleurs, il est possible de voir,
dans les Entretiens, un texte où Céline élabore une nouvelle
version de sa posture d’auteur, pour reprendre à Jérôme Meizoz
cette notion sur laquelle nous reviendrons (44).
Dans cette optique,
l’hostilité omniprésente dans les Entretiens ne tient pas
seulement à l’échec de la rentrée de Céline chez Gallimard et
dans le champ littéraire français, après 1951, mais tient aussi à
des traits textuels, dont la propension à la caricature. Cette
violence célinienne peut aisément être lue sous le signe de
l’humour, comme le montre le compte rendu, par Gide, des Bagatelles
pour un massacre (45) ; sur ce plan non plus, par conséquent,
les Entretiens ne sont pas exceptionnels au sein du corpus
célinien. Toutefois, contrairement aux pamphlets, où l’humour
constitue en quelque sorte un effet pervers de l’outrance plutôt
qu’un objectif explicite, la violence verbale est ici textuellement
associée au rire. « Je fais le clown (46) », lance ainsi le
personnage de Céline au professeur Y, exploitant une des figures
courantes de l’autodérision littéraire, comme l’a montré
Claude Abastado (47). Dans la même veine, le narrateur explique son
hostilité envers l’interviewer par une stratégie de l’effet
comique : « je lui dis tout ce que je trouve de méchant !... […]
qu’on se boxe si on s’interviouwe pas !... je raconterai le tout
à Gaston ! Il se marrera !... il m’avancera une brique de mieux48
!... » Comment dire plus clairement que la mise en scène de
l’hostilité plaît au lecteur, qu’il y a une stratégie du clown
violent dans l’auto-représentation célinienne ? « Le lecteur
veut rire et c’est tout », résume le narrateur dans D’un
château l’autre (49).
Cela dit, la complicité
avec Gaston affichée dans ce passage n’est pas caractéristique
des Entretiens. L’image de l’éditeur dominant ce texte
correspond bien davantage aux clichés habituels, celui de l’homme
riche qui pense « coffre (50) », qui ne lit rien (51), préférant confier cette tâche à son comité de lecture. Ce portrait
vaut en fait pour l’ensemble de la N.R.F., peuplée de gens
constamment partis en vacances (52), qui dorment, ronflent, se
baladent « à la campagne, en ville, dans le monde, en croisière
(53) », mais ne « font rien (54) », pendant que les «
crève-la-faim » travaillent. Cette dichotomie nettement populiste,
voire poujadiste, sera reprise et développée dans les romans
ultérieurs de Céline, avec plus de hargne encore contre Gallimard
et Paulhan. D’un côté se trouvent
Gaston, « l’achevé
sordide épicier, implacable bas de plafond con » et les éditeurs,
« macs tous ! », « banc de squales ! […] tout gorgés du sang
des scribouilleurs ! », de l’autre, Céline et les « malade[s]
travailleur[s] (55) ». Ceci range Céline du côté des ouvriers les
plus misérables, voire plus bas encore : « Moi, je serai toujours
bien inférieur question forfait ou “à la pièce” à Julien
Labase manoeuvre-balai… forçat de choc (56) ». À cet égard,
comme pour la représentation des relations avec les journalistes,
les Entretiens correspondent à une phase de mise au point
d’un discours désormais invariable, résumé par l’exclamation
suivante : « au turf ?... personne ! Moi ! à moi la cuisine ! Moi,
le boulot (57) ! ».
Dans la longue série des
métaphores associant l’écrivain à la figure de la prostituée et
des complaintes contre la mentalité honteusement commerciale des
éditeurs (58), croquer l’éditeur en maquereau ne se démarque
guère par son originalité, bien qu’il soit plus rare que l’on
fasse un portrait-charge d’un éditeur aisément identifiable dans
des romans et presque inconcevable de trouver la caricature d’un
éditeur dans un roman publié dans sa propre maison. Toutefois, dans
le contexte des Entretiens, celui de la promotion, s’y
glisse une critique relativement lucide d’une des conséquences du
système des entrevues, à savoir le transfert partiel sur l’auteur
des tâches relevant
des services de presse et
de publicité des maisons d’édition : un éditeur signalait
d’ailleurs le bonheur que représentent les écrivains qui, dans
les entrevues, sont « autovendeurs (59) ». Le commentaire de Céline
au professeur Y — « c’est pour Gaston que nous travaillons (60)
» — s’avère sous cet angle assez incisif. L’écrivain qui
accepte de « jouer le jeu » ne fait pas qu’oeuvrer à
l’amélioration de son capital symbolique et économique, il
travaille aussi à la fortune de son éditeur ; il travaille même à
sa place, dans la perspective de Céline.
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Michel LACROIX
Études littéraires, vol. 40,
n° 2, 2009, p. 109-125.
NOTES
1- Michel Houellebecq, «
Je suis normal. Écrivain normal », dans Des nouvelles du prix de
Flore, 2004. Il s’agit là d’un exercice d’écriture auquel
furent astreints tous les récipiendaires du prix, de 1994 à 2003.
Comme l’explique Frédéric Beigbeder, fondateur du prix, à
Ravalec, dans la « Préface autosatisfaite » du recueil : « le
Café de Flore offre six mille euros et un verre de pouilly fumé
quotidien à chaque lauréat pendant un an. Depuis dix ans, nous
avons exigé en échange que les auteurs primés rédigent une
nouvelle sur le Prix de Flore » (Frédéric Beigbeder, « Préface
autosatisfaite », Des nouvelles du prix de Flore, op. cit.,
p. 23). Cet exercice d’autolégitimation collective par lequel les
auteurs légitiment le jury qui les a consacrés en lui consacrant
une nouvelle constitue une première dans l’histoire des prix. Tard
venu sur la scène encombrée des récompenses littéraires —
Bertrand Labès en dénombre 1336 dans son Guide Cartier 2000 des
prix et concours littéraires, Paris, Le Cherche Midi, 1999 —
le prix de Flore est contraint à une surenchère médiatique dont le
recueil est l’aboutissement, non sans ironie : de la « préface
autosatisfaite » à la quatrième de couverture, vantant le prix «
le plus littéraire de l’univers » et le « cahier de photos
extrêmement people » joint aux nouvelles, on y amalgame constamment
complaisance et distance.
2- Michel Houellebecq,
loc. cit., p. 77.
3- Ibid., p. 78.
4- Louis-Ferdinand
Céline, Entretiens avec le professeur Y, 1955.
5- Id., p. 83.
6- En fait, Gaston
Gallimard emploie l’expression dans une lettre du 17 septembre
1952, dans laquelle il réagit aux reproches de Céline, qui accuse
les Éditions Gallimard de n’avoir pas fait de publicité pour son
Féerie pour une autre fois, premier texte original publié chez
Gallimard depuis la signature de son contrat, l’année précédente.
Gallimard y écrit : « Parbleu, je comprends très bien que vous ne
veuillez pas jouer le jeu, que vous refusiez toutes concessions —
Cela me plaît même — Mais ne rendez pas la N.R.F. responsable
d’une mévente qui n’est due qu’à votre attitude »
(Louis-Ferdinand Céline, Lettres à la N.R.F., 1931-1961,
1991, p. 174).
7- Louis-Ferdinand
Céline, Entretiens avec le professeur Y, op. cit., p. 11.
8- Ibid., p. 11.
9- Id.
10- Ibid., p. 12.
11- Bertrand Legendre, «
Le premier romancier à l’épreuve de la fabrication de l’auteur
: constructions et déconstructions », dans Marie-Pier Juneau et
Josée Vincent (dir.), La fabrication de l’auteur, à
paraître chez Nota Bene.
12- Entre autres travaux
permettant d’aborder la question de la médiatisation de
l’écrivain, signalons, en plus des actes du colloque mentionnés
dans la note précédente : « Images de l’écrivain », Textuel,
n° 22 (1989) ; Pascal Brissette, La malédiction littéraire. Du
poète crotté au génie malheureux, Montréal, Presses de
l’Université de Montréal (Socius), 2005 ; Federico Ferrari et
Jean-Luc Nancy, Iconographie de l’auteur, Paris, Galilée
(Lignes fictives), 2005 ; Jean Marie Goulemot et Daniel Oster, Gens
de lettres, écrivains et bohèmes. L’imaginaire littéraire,
1630-1900, Paris, Minerve, 1992 ; Jean-François Louette et
Roger-Yves Roche (dir.), Portraits de l’écrivain, Seyssel,
Champ Vallon, 2003.
13- Louis-Ferdinand
Céline, « Entretiens avec le Professeur Y », La nouvelle
nouvelle revue
française,
parutions en juin (vol. III , n° 18), novembre (vol. III , n° 23)
et décembre 1954 (vol. II, n° 24), puis en février (vol. IV, n°
25) et avril 1955 (vol. IV, n° 27).
14- Louis-Ferdinand
Céline, Entretiens avec le professeur Y, op. cit., p. 29.
15- Ibid., p. 35.
16- Ibid., p. 44.
17- Ibid., p. 37.
18- Ibid., p. 13.
19- Ibid., p. 14.
20- P hilippe Lejeune en
a tracé un portrait historique centré sur les séries d’entretiens
radiophoniques de l’après Seconde Guerre mondiale : « La voix de
son maître. L’entretien radiophonique », dans Je est un autre.
L’autobiographie, de la littérature aux médias, 1980. Voir aussi
les numéros des revues Lieux littéraires (« L’interview
d’écrivain », nos 9-10 (2006)) et Nottingham French Studies
(vol. 42, n° 1 (printemps 2003)).
21- Louis-Ferdinand
Céline, Entretiens avec le professeur Y, op. cit., p. 14.
22- Ibid., p. 14 ; je
souligne.
23- Ibid., p. 13.
24- Ibid., p. 15.
25- Ibid., p. 16.
26- Ibid., p. 19.
27- Id.
28- Ibid., p. 25.
29- Ibid., p. 35.
30- Ibid., p. 45.
31- Ibid., p. 51.
32- Ibid., p. 23.
33- Ibid., p. 34.
34- Ibid., p. 38.
35- Ibid., p. 52.
36- Ibid., p. 51-52.
37- Ibid., p. 21.
38- Louis-Ferdinand
Céline, Rigodon, 2001 [1969], p. 732. Ces romans
fictionnalisent parallèlement les tensions entre l’écrivain et
les éditeurs ou les autres figures de la scène littéraire. Voir,
entre autres, dans ce même volume les notes de Henri Godard («
Céline et les éditeurs », p. 1006-1014).
39- Sur l’épuration
littéraire, voir : Pierre Assouline, L’épuration des
intellectuels, 1944-1945,
Bruxelles, Complexe (La
mémoire du siècle), 1985 ; Tony Judt, Past Imperfect : French
Intellectuals, 1944-1956, Berkeley, University of California
Press, 1992 ; Gisèle Sapiro, La guerre des écrivains, 1940-1953,
1999. Sur la trajectoire de Céline, à l’époque : Philippe
Alméras, Céline. Entre haines et passion, Paris, Robert
Laffont (Biographies sans masque), 1994 ; François Gibault, Céline.
1944-1961 : cavalier de l’apocalypse, Paris, Mercure de France,
1985 ; Patrick McCarthy, « Occupation and Exile : 1940-51 », dans
William K. Buckley (dir.), Essays on Louis-Ferdinand Céline,
Boston, G. K. Hall, 1989, p. 204-226.
40- Les deux premiers
romans publiés chez Gallimard, Féerie pour une autre fois
(1952) et Normance (1954) n’eurent que de très rares échos
critiques et des ventes faibles. Le rapport envoyé par Robert
Gallimard à Céline, le 23 mars 1954, fait état de seulement 6 300
exemplaires vendus du premier, en deux ans (Lettres à la N.R.F.,
1931-1961, op. cit., p. 212). Ayant connu à deux reprises (avec
le Voyage et Bagatelles pour un massacre) des ventes
supérieures à 80 000 exemplaires, Céline ne peut être que déçu
de ce retour manqué.
41- Louis-Ferdinand
Céline, Entretiens avec le professeur Y, op. cit., p. 9.
42- Id.
43- Marie-Christine
Bellosta, Céline ou l’art de la contradiction, 1990.
44- Jérôme Meizoz,
Postures littéraires. Mises en scène modernes de l’auteur,
2007.
45- Gide insiste sur la
dimension caricaturale des textes céliniens : « il est bien évident
qu’il veut rire », « il va de soi que c’est une plaisanterie »
(« Les Juifs, Céline et Maritain », p. 302), rapprochant pour ce
faire les tirades antisémites des pamphlets du morceau de bravoure
sur les asticots à la fin de Mort à crédit. Gide prend cependant
garde de noter : « si ce n’était pas une plaisanterie, alors il
serait, lui Céline, complètement maboul » (p. 302-303).
46- Louis-Ferdinand
Céline, Entretiens avec le professeur Y, op. cit., p. 42.
47- Voir, à ce sujet,
Claude Abastado, Mythes et rituels de l’écriture, 1979, p.
236-246. Significativement, le personnage du clown signale la dérive
carnavalesque du mythe du poète, amalgame dérision et cruauté,
accompagnant souvent les dénonciations de la « prostitution du
poète », de « l’exhibition devant un public qui le paie » (p.
242).
48- Louis-Ferdinand
Céline, Entretiens avec le professeur Y, op. cit., p. 21.
49 Louis-Ferdinand
Céline, D’un château l’autre, op. cit., p. 71.
50- Louis-Ferdinand
Céline, Entretiens avec le professeur Y, op. cit., p. 77.
51- Ibid., p. 93.
52- Ibid., p. 13-14.
53- Ibid., p. 94.
54- Id.
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