La revue Le Jardin des Lettres, « revue mensuelle de tous les livres français et du mouvement intellectuel contemporain » a publié dans son vingt-troisième numéro de janvier 1933 un article sur les romans de Guy Mazeline, (Les Loups), de Ramon Fernandez (Le Pari), de Louis-Ferdinand Céline (Voyage au bout de la nuit), qui vient alors d'obtenir le prix Renaudot, et de Simonne Ratel, (La Maison des Bories). Nous reproduisons ci-dessous la partie consacrée à Céline.
C'est un livre d'une qualité
singulière et dans l'ensemble déconcertant qu'a choisi le Jury du
Prix Théophraste Renaudot, composé, comme on sait, de dix critiques
littéraires tenant leurs agapes pendant les délibérations de
l'Académie Goncourt : Voyage au bout de la Nuit de M.
Louis-Ferdinand Céline. Livre amer, désespéré, tantôt
sarcastique, tantôt violent, où l'auteur, médecin d'un
dispensaire dans la banlieue parisienne, met en scène avec une
verdeur de langage absolue ceux et celles qui luttent dans une
atmosphère opaque contre la misère et la mort.
L'impossibilité de tous ces êtres à l'emporter sur leur effroyable destin, c'est le leitmotiv de ce chant lourd de haine.
Le fou Bardamu qui conte son histoire, mêlée à celle de son ami Robinson, est le personnage central et le symbole vivant d'horreurs qui ont leur cadre tantôt à la Guerre, tantôt dans la brousse africaine, en Amérique, dans un coin de la banlieue rouge, où deux balles dans le ventre mettent un terme à son délire.
Le livre de M. Louis-Ferdinand Céline avait allumé le feu de la discorde au sein de l'Académie Goncourt récemment pacifiée. Il est, en effet, d'une véhémence sans pareille et laisse loin derrière lui les pages les plus corrosives de Léon Bloy et de Vallès. C'est un long cri de révolte et de fureur, un hurlement où s'entrecroisent les sanglots et les rires de la démence; en cela, il dégage une indéniable puissance, mais de telles outrances étaient-elles nécessaires, et le tableau eût-il vraiment perdu de sa force, si certains détails — d'une telle brutalité! — avaient été oubliés ?
L'impossibilité de tous ces êtres à l'emporter sur leur effroyable destin, c'est le leitmotiv de ce chant lourd de haine.
Le fou Bardamu qui conte son histoire, mêlée à celle de son ami Robinson, est le personnage central et le symbole vivant d'horreurs qui ont leur cadre tantôt à la Guerre, tantôt dans la brousse africaine, en Amérique, dans un coin de la banlieue rouge, où deux balles dans le ventre mettent un terme à son délire.
Le livre de M. Louis-Ferdinand Céline avait allumé le feu de la discorde au sein de l'Académie Goncourt récemment pacifiée. Il est, en effet, d'une véhémence sans pareille et laisse loin derrière lui les pages les plus corrosives de Léon Bloy et de Vallès. C'est un long cri de révolte et de fureur, un hurlement où s'entrecroisent les sanglots et les rires de la démence; en cela, il dégage une indéniable puissance, mais de telles outrances étaient-elles nécessaires, et le tableau eût-il vraiment perdu de sa force, si certains détails — d'une telle brutalité! — avaient été oubliés ?
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