jeudi 21 mars 2013

« Louis-Ferdinand Céline, le retour » - Séminaire mensuel du CRIST - 26 octobre 2012 (Montréal)

Le CRIST, Centre de recherche interuniversitaire en sociocritique des textes, a consacré la séance de son séminaire mensuel du 26 octobre 2012 à Céline. Yan Hamel analyse un extrait de Guignol’s Band II : «Touit-Touit, that's the way to be!» ; Bernabé Wesley s'interroge sur les rapports entre récit et histoire : «"Coudre tout de traviole" : l’oeuvre de Céline et la crise de la fiction dans l’après-guerre».

Yan HAMEL « Touit-Touit, that's the way to be! »
Yan Hamel analyse un extrait de Guignol’s Band II : le passage mouvementé de Ferdinand, de la jeune Virginie et du revenant Mille-Pattes dans « un club de nuit, quelque tripot…» — le « Touit-Touit Club » — où la musique de jazz provoque le déchaînement orgiaque des clients et des protagonistes. Il montre comment la poétique célinienne du jazz se construit avec la récupération et la fusion problématique de deux types de discours contradictoires qui circulaient, en France, entre les deux guerres mondiales : celui des détracteurs du jazz (Camille Mauclair, Georges Duhamel, Lucien Rebatet, etc.) et celui des intellectuels et des artistes réceptifs à cette musique (Jean Cocteau, Darius Milhaud, Michel Leiris, Jean-Paul Sartre, etc.).





Bernabé WESLEY : « "Coudre tout de traviole" : l’oeuvre de Céline et la crise de la fiction dans l’après-guerre »
Nous connaissons principalement l’histoire comme un récit. Mais quel récit est chargé de transmettre l’histoire et quelle histoire nous raconte les récits ? Qu’est-ce qui est induit par le type de narration que l’on choisit et à quels effets de sens cela donne lieu ? Inspirée par les travaux de Paul Ricœur sur la narrativité, cette interrogation sur les rapports entre récit et histoire part d’une analyse des nouvelles formes de narration présentes dans la trilogie allemande de L.-F. Céline. D’un château l’autre, Nord et Rigodon présentent en effet des modes de narrativité qui se distinguent d’un récit aristotélicien canonique. Notre analyse montre comment cette narrativité inédite s’enracine dans une réflexion historiographique qui part du constat que l’histoire est asservie à sa propre exigence d’ordre : avant même d’être instrumentalisée, elle est pensée et mise en forme d’après des principes de successivité, de causalité logique et d’orientation vers une finalité. Cette chronique « de bric et de broc » s’écrit contre la lisibilité factice de l’histoire que présente le modèle du récit classique.

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