Céline par Sam DILLEMANS (2006) |
C'est trop bête, je fais plus attention... je regarde les fleurs, les tombes
autour... C'est l'épanouissement partout, les marguerites, les roses,
jaunes, rouges... vraiment c'est la profusion... clématites, jacinthes... des
beautés de couleurs fraîches comme ça n'existe qu'au coeur d'été, en
plein moment où tout palpite, où la joie des plantes exhubère, tourne
folle, entête, que les papillons, les piafs virent voguent à portée, ivres,
posent, butinent, titubent en l'air d'odeur... Ah ! puis les lilas, y en avait
encore de juin, des géraniums incarnat à pas croire ses yeux de
violence... En pente tout ceci de l'inclinaison des allées... vous voyez ce
que je veux dire... le couchant de la Butte... entre Caulaincourt et
Joffrin... l'enclos des Troënes... cimetière privé presque... enfin mettons
deux trois cent tombes... et tout à l'extrême, au Lapin, en bordure de
rue, des peupliers des acacias, pas un arbre triste... juste un petit sapin
dans un coin... mais tout en haut le vent passait, la moindre brise...
C'était un bruissement, toute la voilure de Montmartre, tout un froufrou
vert sur le bleu...
Louis-Ferdinand CÉLINE, Maudits soupirs pour une autre fois, 1985.
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