Blason de Saint-Pierre-et-Miquelon |
Céline au Septentrion
Un voyage aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon
« Je suis un fervent de St Pierre et Miquelon »
Situées à 25 km de Terre-Neuve, au large des côtes canadiennes et américaines, baptisées Saint-Pierre par Jacques Cartier en 1536, les îles de Saint-Pierre-et-Miquelon auront été témoins de la glorieuse épopée française en Amérique du Nord qui s'étalera du XVIè au XVIIIè siècle. Cet archipel passera alternativement sous domination française et anglaise pour définitivement revenir sous pavillon français en 1815. Il servait de base aux pêcheurs normands, bretons et basques au XVIe siècle, a été essentiellement voué au travail de la pêche, mais profitera aussi jusque dans les années 30, grâce à la prohibition du voisin américain, du trafic d’alcools, de vins français et de whisky. L'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon reste aujourd'hui le dernier territoire français en Amérique du Nord, dernier vestige de l'histoire de la Nouvelle-France.
Que Céline a t-il bien pu vouloir venir faire en 1938 sur ces îles à l'aspect rude et sauvage, au climat froid et humide ? Dans quel état d'esprit était-il au moment où sort Bagatelles pour un massacre, son premier texte antisémite ? Récit du voyage...
La traversée
Céline s'embarque à Bordeaux le 15 avril 1938 à bord du bateau de marchandises Le Celte, cargo à vapeur de 907 tonneaux commandé par le capitaine Jean-Marie Esnault pour la Compagnie générale de grande pêche. Chargé de 240 tonnes de charbon et produits divers, de 22 hommes d'équipages et de quatre passagers, dont Céline, il quitte la France en fin d'après-midi. Un seul témoignage nous reste de cette traversée de l'Atlantique qui va durer 11 jours, celui de la petite Jeanne, alors âgée de 10 ans, qui se souvient de l'illustre passager :
« Tous les récits de mes souvenirs de jeunesse ont laissé en moi une empreinte indélébile. Mais s'il est un chapitre auquel je suis particulièrement attaché, c'est bien celui de mon voyage Bordeaux – Saint-Pierre-et-Miquelon en date précise du 15 avril 1938.Le cargo français Le Celte en provenance de Zeebruge, arrivé deux jours avant à Bordeaux avait chargé deux cent quarante tonnes de marchandises. Vingt deux hommes sous la houlette du Commandant Henaut composaient l'équipage. Quatre passagers en supplément s'embarquèrent à bord pour la destination directe de Saint-Pierre-et-Miquelon :- M. Louis Destouches (Docteur en Médecine)- M. René Haran (originaire des Îles)- Mme Elisa Allain (également originaire des Îles)- Mlle Allain Jeanne, moi-même.La perspective d'entreprendre cette traversée de l'Atlantique inquiétait particulièrement ma mère et pour cause. Je venais d'être opérée d'une appendicite aigüe avec complications de péritonite quelque temps auparavant. Mais quand le commandant lui annonça qu'il y avait un médecin à bord, elle fut soulagée et sécurisée.On appareillait donc, en fin d'après-midi et ce jour-là, c'était un Vendredi Saint. J'ai remonté le temps en faisant le compte à rebours et je n'ai rien inventé. Ainsi, à l'heure de la cloche, nous nous sommes retrouvés à la table du commandant, dès le premier soir. Un repas de circonstance avec du poisson au menu. C'est ainsi que je fis la connaissance de l'écrivain que j'appelais aussitôt « Monsieur ».Dès cet instant, nous avons sympathisé tous les deux et je garde au coeur le privilège que j'ai pu avoir de le rencontrer. Il faut croire qu'il avait une grande influence sur moi pour en être marquée à tel point. On est donc rapidement devenus deux amis.Je garderai toute ma vie, l'image de ce grand monsieur à l'imperméable beige et au gros cache-nez à double tour chaussant des bottes en peau de phoques. A cette époque, je ne savais pas qu'il était écrivain, mais je sentais malgré tout qu'il passait entre nous un courant un peu spécial.Chaque jour, il me rendait visite dans ma cabine, il frappait à la porte, bien que cette dernière fut le plus souvent ouverte pour me permettre de regarder le mouvement.La plupart du temps je lisais Les Fables de La Fontaine, il trouvait cela très bien, m'avait-il dit. Mais moi, je lui ai posé une question un peu embarrassante. On dit toujours que la vérité sort de la bouche des enfants. Oui, lui ai-je dit, mais l'auteur pour moi avait menti en faisant parler les animaux.Une autre fois, un jour de très grosse mer, il m'avait demandé si je n'avais pas peur de ces montagnes de vagues qui déferlaient sur le bateau. Bien au contraire, je prenais plaisir à les voir venir mourir sur le hublot de ma cabine. Plus on dansait, quand il y avait du roulis, plus j'étais contente.- Tu vois, me disait-il, quand on va de gauche à droite, ça fait des zigs et ça fait des zags (des zigzags). Cela, j'aime à le répéter et je ne l'ai jamais oublié.Un autre jour, la conversation s'aiguilla sur les poissons. Très rapidement, croyant tout savoir sur ce sujet, j'énumérai tous ceux qui me venaient à l'esprit et que l'on trouvait au pays.- Ah ! Me dit-il, cherche bien, je suis sûr que tu en oublies un !Non, je ne voyais pas. Et le hareng ! Faut pas oublier que nous en avons un avec nous à bord. Il faisait allusion à un passager qui portait ce nom.- Et bien toi, me dit-il, tu seras la sardine. C'est ainsi que j'héritais de ce sobriquet pendant le reste du voyage.Ainsi donc défilaient les jours, en tanguant et en roulant selon les caprices du temps et pas un seul ne s'est passé sans que l'Ecrivain ne vienne me rendre visite chaque après-midi.Mais, il n'existe pas de voyage sans problème, que ce soit train, avion ou bateau et c'est toujours quand on s'y attend le moins que les catastrophes ou les surprises vous arrivent.Tout cela était trop beau pour durer et il a fallu qu'un coup du sort vienne me tomber dessus. Comme surprise, elle fut de taille ! Le vent avait-il viré, sans prévenir ? En tout cas, à l'instant même où j'entendis la cloche sonner pour le déjeuner, il est arrivé une énorme lame de travers, m'arrosant copieusement dans ma bannette. Prise de panique, je me mis à crier pour alerter. Je fus secourue et rassurée sur le champ. Je venais d'hériter d'une belle douche écossaise surnommée « le baptême de l'Atlantique ».Après m'être remise de mes émotions, je crois me souvenir que ce fut à table que l'on arrosa l'événement. Pour éviter un second baptême, la porte de la cabine fut fermée mais cela n'empêchait pas mon ami de me rendre visite. Je lui avais confié que j'aurais aimé rester à Bordeaux mais ma mère avait décidé de repartir à cause des rumeurs de la guerre et que l'on serait certainement plus tranquille à Saint-Pierre.Elle avait vu juste, mais moi, je ne comprenais pas très bien. La seule chose qui m'intéressait, c'était la perspective de retrouver ma famille. De jour en jour, on se rapprochait donc du pays sans penser aux risques qui nous attendaient. Mauvaise saison que ce mois d'avril, pour ceux qui naviguent dans le sillage des icebergs qui descendent du Grand Nord. Mais personne ne parlait de rien de cela à bord.Hélas, par un brouillard épais, une nuit nous avons eu très froid, cela nous a réveillés. Puis tout d'un coup, le bateau s'est penché, puis sans doute un changement de direction, nous a fait pivoter. Nous avions évité le pire, en frôlant une de ces masses de glace flottantes, détachée de la banquise. On peut dire, sans jeu de mots, que ça donne le frisson des glaces.Mais quand je pense à ce voyage sur Le Celte, nous avons eu beaucoup de chance de ne pas faire naufrage. Alors, nous avons senti que le bateau avançait à vitesse réduite par la suite. Mais, il le fallait impérieusement au risque de trouver la même chose à chaque minutes. Puis, on nous a annoncé l'arrivée à bon port sous quelques heures.Très exactement dans un brouillard épais, nous sommes rentrés le mardi 26 avril, dans l'après-midi, sous bonne escorte des pilotes. C'est là que le monsieur me dédicaça un autographe, avant de nous quitter, en me disant que je lirais ses romans plus tard, dans l'avenir.Je regrette beaucoup de n'avoir pas conservé cette preuve, en souvenir de ce voyage. Il n'en reste pas moins certain que lorsque j'en parle autour de moi, on n'ose pas croire que j'ai côtoyé L.-F. Céline pendant onze jours. » (1)
Céline débarque donc à Saint-Pierre-et-Miquelon le 26 avril 1938, « l'île du bout du monde, des grands vents, de l'océan, des brumes et de l'oubli. Territoire romanesque, territoire célinien sauvage et désolé » (2) Il s'installe à l'Hôtel Robert. Il n'en repartira que deux jours plus tard, le 28, à bord d'un vapeur postal, Le Belle-Isle qui l'amènera à Montréal. Deux jours. Pourquoi passer deux jours sur ces îles inhospitalières du bout du monde ? Les biographes seront peu diserts sur ce voyage, qu'ils mentionnent essentiellement comme un lieu de passage vers le Canada et les États-Unis. Céline a en effet plusieurs raisons de se rendre à Montréal et New York. Nous les évoquerons ici rapidement, pour revenir ensuite à Saint-Pierre-et-Miquelon. (Pour plus de détails sur ces escales montréalaise et new-yorkaise, voir les références en fin d'article). D'abord Montréal. C'est à titre personnel qu'il s'y rend dans l'objectif d'en apprendre un peu plus sur un mouvement fasciste canadien dirigé par Adrien Arcand. Une visite « sans tambours ni trompette, presque incognito » (3). Victor Barbeau réussi tout de même à le débusquer, et à le traîner presque malgré lui à un dîner d'une Société des écrivains du Canada français qu'il anime. Intérrogé par le journal La Presse, probablement alerté par Barbeau, Céline confirmera très clairement l'objet de sa visite montréalaise : « J'ai rencontré les chefs d'un parti fasciste à l'avenir duquel je m'intéresse ». C'est ensuite New York, où Céline se rend à titre professionnel pour suivre la publication de la traduction américaine de Mort à crédit.
Mais revenons à Saint-Pierre-et-Miquelon. A cette époque, Céline se trouve dans un état d'esprit bien particulier. Il vient de publier Bagatelles pour un massacre, dans lequel il dénonce furieusement les va-t-en-guerre et est dans l'angoisse d'une prochaine catastrophe qu'il sent poindre. La sortie du livre lui vaudra de nombreuses critiques (toutes ne seront pas mauvaises) et le forcera notamment à démissionner de son poste de médecin au dispensaire de Clichy. Il se sent persécuté. Il annonce son projet de départ en mars 1938 à Robert Allerton Parker ainsi : « Je pense me rendre bientôt dans quelques temps à NY – mais par Terre Neuve ou (St Pierre et Miquelon) Ne pense pas que ma vie est très "safe" à Paris » (4) puis son départ au Dr Bécart : « Je m'absente en lointain voyage pour 2 mois. En revenant, si je reviens... Sans doute de grands changements permettront de parler à coup sûr ! » (5). Ses correspondances font ressortir cet état d'esprit : « Je serai bientôt, je le sens, en exil quelque part... » (6), « Je ne sais pas où aller non plus. Je suis signalé et indésirable partout - même en Irlande. » (7). Entre ses peurs d'une Europe de nouveau en guerre et les pressions liées à son actualité littéraire, Céline cherche une porte de sortie : « Ma vie devient très sportive. Elle consiste à bien choisir le moment juste pour filer à l'étranger. » (8), « le temps n'est peut-être plus loin où il faudra fuir ou crever » (9). Il se met donc à la recherche active d'un point de chute, d'un refuge « suffisamment en marge du monde pour ne faire l'envie de personne et échapper ainsi aux batailles qui, sent-il, couvent déjà au-dessus de l'Europe... » (10) Il commence par placer une partie de son argent dans diverses banques européennes, puis poursuit une série de visites de lieux de refuge possibles. Parmi ceux-ci, on trouvera une autre île : Jersey, île anglo-normande visitée en compagnie de Lucette en mai 1937 : « Je vais à Jersey début mai voir un peu les choses, peut-être acheter une petite maison » (11). Les choses, il va les voir, et vivre sur les terres anglaises un épisode rocambolesque, que nous raconte Gaël Richard : « Une certaine tension régnait, côté britannique, à l'approche du couronnement de George VI, prévu le 12 mai ; le comportement manifestement paranoïaque dans lequel commençait à s'enfermer Céline à peut-être provoqué à Saint-Hélier un petit incident et attiré l'attention des autorités de police locale. En tout cas, très peu de temps après son arrivée sur l'île, la police, à l'occasion d'un contrôle de leurs papiers, mit le couple sous surveillance. [...] Privés de leurs papiers, les deux ressortissants français firent appel au consulat. » (12)
Illustration de Céline pour "Scandale aux abysses" |
Dans ces romans, Céline fera apparaître de rares fois le nom de Saint-Pierre-et-Miquelon. On trouve une référence dans Nord : « En fait !... j'avais bien prévu, c'était une grosse blonde, pas mal... ...question l'épicerie, une grande chaumière comme les autres, mais là-dedans rien que des étagères... tout le tour des murs... j'ai vu comme ça au Canada, à Saint-Pierre aussi, Miquelon... aussi au Cameroun en 18, le genre factorie... je veux pas vous bluffer que je suis le bouleversant voyageur, le "Madon des Sleepings", maintenant qu'aller-retour Le Cap est un petit impromptu de week-end !... New York par la stratosphère plus ennuyeux que Robinson... » (19) Mais c'est surtout dans un célèbre passage de D'un château l'autre qu'il évoquera l'archipel. Alors réfugié à Sigmaringen, il se fera officiellement nommer gouverneur de St-Pierre ! :
« Qu’est-ce que je peux faire pour vous, Docteur ? — Monsieur le Président, si vous voulez bien m’écouter… d’abord, pas ouvrir le flacon !… ensuite rien dire à personne !… — Oui !… c’est entendu ! mais vous-même ?… tout de même, vous avez bien un petit désir ? » Voilà une autre idée qui me monte ! pourtant je peux dire j’ai tout refusé ! tout !… mais où on est… plus rien a plus d’importance !… « Vous pourriez peut-être, monsieur le Président, me faire nommer Gouverneur des Îles Saint-Pierre et Miquelon ? » J’ai pas à me gêner ! « Promis !… accordé ! entendu ! vous noterez n’est-ce pas, Bichelonne ? — Certainement, monsieur le Président ! » Laval tout de même… Laval a une petite question… « Mais qui vous a donné l’idée, Docteur ? — Comme ça, monsieur le Président ! les beautés de Saint-Pierre et Miquelon !… » Je lui raconte… je parle pas par « on-dit »… j’y ai été !… on mettait alors vingt-cinq jours Bordeaux-Saint-Pierre… sur le très fragile Celtique… on péchait encore à Saint-Pierre… je connais bien Langlade et Miquelon… je connais bien la route… l’unique route de bout en bout de l’île… la route et la borne du « Souvenir », la route creusée en plein roc par les marins de l’Iphigénie… j’invente rien… du vrai souvenir, de la vraie route !… pas que les marins de l’Iphigénie !… les forçats aussi… ils ont eu un bagne à Saint-Pierre… qui a laissé aussi une borne !… « Vous verriez ça, monsieur le Président ! en plein océan Atlantique ! » Le principal : j’étais nommé Gouverneur... je le suis encore !... » (20)
« J’ai connu aussi Laval à Sigmaringen. Je ne l’aimais pas. Il ne m’aimait pas, de longue date. Et puis à son contact (je l’ai soigné) je me suis pris de sympathie pour lui. Il avait deux vertus admirables à mes yeux. Il était ennemi absolu de toute violence – gandhiste [sic] à cet égard – et très patriote, fanatique sur ce point, comme moi – En rigolant ensemble je lui demandais toujours s’il revenait au pouvoir (??!!!) de me faire nommer gouverneur de St Pierre et Miquelon – ma seule ambition terrestre. Il me promettait toujours d’étudier la chose…! Je suis un fervent de St Pierre et Miquelon – c’est l’île la plus pauvre et la plus désolée du monde – c’est tout ce qu’il nous reste du Canada, de notre grandeur –― c’est l’Ile-Reproche ― » (21)
En 1957, Céline évoquera une dernière fois avec drôlerie ces îles lointaines, dans une lettre à sa secrétaire, Marie Canavaggia : « Au prochain ouvrage j'irai me reposer à St Pierre Miquelon que je connais bien, j'ai l'âge, et tous les droits ! J'enverrai les épreuves par "bouteilles à la mer" les recevra qui pourra ! Ne sera-ce poétique ? » (22)
« Ne sera-ce poétique ? »
Matthias GADRET
Le Petit Célinien,1er septembre 2013
Notes
1 - Jeanne Allain-Poirier, Vie de famille aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon, Éd. Du Petit Véhicule, 1997.2 - Frédéric Vitoux, La vie de Céline, Folio Gallimard, 2005.
3 - Victor Barbeau, Aspects de la France, 17 janvier 1963.
4 - « Céline et Robert Allerton Parker », Études céliniennes n°5, Hiver 2009-2010.
5 - Lettre au Dr Auguste Bécart, 11 avril 1938.
6 - Lettre à Evelyne Pollet, 17 décembre 1937.
7 - Lettre à Karen Marie Jensen, Début 1938.
8 - Lettre à Karen Marie Jensen, 15 mars 1938.
9 - Lettre à Karen Marie Jensen, 5 avril 1937.
10 - Jean-François Nadeau, Adrien Arcand, führer canadien, Lux, 2010.
11 - Lettre à John Marks, avril 1937.
12 - Gaël Richard, La Bretagne de Céline, Du Lérot, 2013.
13 - Sur ce projet espagnol, voir « Le rêve espagnol de Céline – Documents inédits », Histoires littéraires, vol. XIII, n°51, juillet-août-Septembre 2012.
14 - Lettres à Gen Paul, 1938.
15 - Lettre à Gen Paul, mai 1938 ; Lettres 38-15.
16 - Jeanne Allain-Poirier, Vie de famille aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon, Éd. Du Petit Véhicule, 1997.
17 - François Gibault, Céline, Tome II, Mercure de France, 1985, p187.
18 - David Alliot, D'un Céline l'autre, R. Laffont, 2011.
19 - Nord, Romans II, Pléiade, pp.439-440.
20 - D'un château l'autre, Romans II, Pléiade, pp. 245-246. Plus loin dans le texte, Céline mentionnera de nouveau l'archipel, mais de manière moins significative : « peut être on contestera mes titres ?... que j’ai pas Saint-Pierre et Miquelon !... d’abord, que Laval est mort !... et que Bichelonne a rien laissé, rien écrit !... qu’on ne trouve rien aux « Colonies » ! et que ma parole suffit pas !... [...] me demander ce qui m’irait le mieux ?... Gouverneur du Mont Valérien ? Ou Gouverneur de Saint-Pierre ? vous pensez !… méditations ?... on va m’en foutre !... surtout depuis quelques jours... vraiment houspillé depuis quelques jours... oh, rien de bien grave !… mais enfin… des pressentiments...»
21 - Lettres à son avocat, 118 lettres inédites à Me Albert Naud, La Flûte de Pan,1984.
22 - Lettre à Marie Canavaggia, Lettres 57-9.
Ce voyage à Saint-Pierre est en effet un peu mystérieux et méritait ce bel article et ces belles photos. Félicitations. Peut-être manque-t-il quelques détails. Dans mes petites fiches, j'avais noté :
RépondreSupprimer26 avril 1938 (mardi) : Céline débarque à Saint-Pierre, descend à l'Hôtel Robert.
Situé en bordure de l'océan, il a été construit pendant la prohibition dans les années 1920 et a compté parmi ses clients le célèbre Al Capone. A 3 minutes de marche du terminal du ferry, avec des chambres spacieuses et confortables.
Là, il rencontre Ferdinand Légasse, fils d’armateurs, qui organise le séjour de Céline.
Rencontre Georges Landry, directeur de la banque des îles Saint-Pierre et Miquelon.
Voir lettre à Mourlet du 26 octobre 1949 (Année Céline 2009) : « Ces cailloux ont du bon avec le marquis Légasse seigneur des lieux. (…) Ces Légasse pourraient très bien me louer (et te louer) une de leurs maisons ! (…) Je vais moi-même me remettre en rapport avec eux… (…) je reste médecin et écrivain attiré irrésistiblement par l’Hôpital de Saint-Pierre et la poésie des Bans et l’anachronisme patriotique qui m’attache à ces cailloux… parcelle glacée de notre Empire Canadien… (de notre grandeur !) (…) En plus je ne sais quoi me dit que ces cailloux sont tombés du Ciel pour qq raison… » / Légasse peut très bien te payer un voyage gratuit là-bas Bordeaux - St Pierre avec ta femme sur l’une de leurs pinasses ! »
Voir lettre à Mourlet du 5 janvier 1950 (AC 09) : « C’est Gensdoerfer député de St Brieux (et maire (R.D.) je crois) (très actif) qui faisait la pluie et la foudre à St Pierre et Miquelon – ainsi qu’un Inspecteur des Colonies nommé je crois Meral ou Metral – tous deux youtres je pense. / Ce caillou glacial est toujours en crise économique endémique. Il y avait un singulier vétérinaire là-bas qui envoyait en France de la « Conserve d’oursins ». Il y avait aussi un médecin juif et un Procureur nègre – Tout de même tu vois une colonie bien française ».
Il y aurait donc encore quelques recherches à faire sur les noms évoqués.