Comment Céline devint Céline ? Ou comment Destouches inventa Céline ? C'est à la recherche de réponses à ces questions que Pierre de Bonneville est parti dans cet essai Et Céline créa Céline qui paraît aux éditions Improbable. Par une sélection des lectures de Céline, il tente de comprendre d'où vient l'écrivain Céline, mais aussi ce qui peut le différencier des autres, le rendre à part.
Nous partons ainsi, à travers sept illustres personnages, à la découverte du créateur et de la construction de sa « mythologie personnelle ». Semmelweis ouvre la marche. Médecin hongrois, il sera le thème de la thèse de médecine de Céline en 1924 et le déclic de sa vocation d'écrivain. Pourra paraître en 1932 Voyage au bout de la nuit, créant le choc littéraire que l'on connait, et la naissance d'un style unique, qui viendra bousculer la langue académique, classique, avec l'intrusion de l'émotion du parlé dans l'écrit. Entre en scène alors Henri Barbusse envers lequel Céline avouera devoir beaucoup notamment pour Le Feu et ses fameux dialogues de Poilus.
Viennent ensuite quelques figures moins souvent évoquées lorsque l'on parle des influences de Céline. Freud et la naissance de la psychanalyse qui l'intéressera beaucoup et il reconnaîtra d'ailleurs dans une lettre à Evelyne Pollet datée de 1933 que les « travaux de Freud sont réellement très important » notamment pour la construction psychologique de ses personnages ou dans le quatuor « vie/jour - nuit/mort » qui traversera toute l'oeuvre célinienne. Pierre de Bonneville continue cette promenade littéraire en compagnie de Blaise Cendrars pour nous rappeler les analogies des deux biographies, ce qui séparent les deux écrivains et ce qui aurait pu inspirer Céline dans une comparaison des romans Moravagine et Voyage au bout de la nuit.
L'ouvrage se termine avec les évocations de Don Quichotte et la quête du « grand questionnement », Dostoïevski et enfin Shakespeare, écrivain essentiel pour Céline, qui lui inspirera, pour son travail de création, l'application du « Plan Shakespeare » (ou « songe interne », « rêve éveillé ») pour expliquer son effort de styliste, sa volonté de transposition du réel.
Une lecture qui viendra parfaitement compléter celle de Villon & Céline, du même auteur, paru cette année chez Dualpha.
M.G.
Le Petit Célinien, 19 décembre 2013.
Pierre de BONNEVILLE, Et Céline créa Céline, Ed. Improbable, 2013.
Préface d'Eric Mazet. Tirage limité numéroté. 120 pages, 25 €.
Edition Improbable
15, rue Henri-Heine
75016 Paris
contact@editionimprobable.com
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