lundi 31 mars 2014

Vient de paraître : À travers Céline, la littérature d'Henri GODARD

On ne passe pas plusieurs décennies à étudier Céline sans trouver à son oeuvre un intérêt certain. Dans son nouvel essai, À travers Céline,la littérature, Henri Godard a décidé de revenir sur son parcours célinien. C'est la première partie du texte.

Henri Godard nous raconte ainsi sa découverte de Céline, à l'âge de 20 ans, avec la lecture de D'un château l'autre. Se dévoile à lui, dans ce roman au style exceptionnel, une « manière entièrement nouvelle d'écrire le français », un « son neuf », une littérature qui lui permet de sortir des écrivains enfermés dans le bon français et « respirer un air plus léger ». Un roman « aux innovations langagières » qui raisonne d'autant plus en lui qu'il fait le lien avec son enfance et les scènes vécues de bombardements.

Nous traversons ensuite avec l'auteur, depuis sa brève rencontre avec Céline à Meudon, sa lente sortie du purgatoire et la publication après sa mort du premier volume en Pléiade, auquel il ne participe pas encore, des Cahiers de L'Herne en 1963 et 1965, alors « le plus grand apport de connaissances », des Oeuvres aux éditions Balland, première véritable édition critique des romans, jusqu'à ses lectures plus tardives des écrits polémiques de Céline : Mea culpa et Bagatelles pour un massacre qu'il lit en 1967 (« un choc aussi violent que celui de D'un château l'autre, mais dans l'autre sens »), pour lequel il reproche à Céline une régression stylistique, son pacifisme et sa poésie se retrouvant totalement débordés par son antisémitisme. Cette déception le poussera à s'interroger sur l'idée et la valeur de la littérature, de ce qui peut le rattacher si fortement à Céline malgré l'ombre portée par les pamphlets. Ce sera son travail de thèse et la publication en 1985 chez Gallimard d'une Poétique de Céline.

A partir de ce moment, s'enchaîneront la publication des Romans dans la Bibliothèque de la Pléiade, le tome II sort en 1974, une nouvelle édition du premier volume en 1981, ses recherches de manuscrits auprès des universités et des collectionneurs (de savoureuses anecdotes animent le texte, et une séquence inédite de la version primitive de Voyage au bout de la nuit est reproduite), ses rencontres fructueuses avec Marie Canavaggia, ses souvenirs plus mitigés d'Henri Mahé, l'aventure des Cahiers Céline avec Jean-Pierre Dauphin.

La seconde partie de l'essai, plus théorique, est une analyse très fine de la stylistique célinienne et de sa lente évolution car « Céline est passé d'un roman au suivant par approfondissements successifs de ses intuitions » : l'oral dans l'écrit, le détournement des trois points, la déconstruction de la phrase, le mélange et le dépassement réalité/fiction ; et les thèmes majeurs de toute l'oeuvre : la lutte contre la matière, la violence et la mort et la réponse de Céline à cette vision dure et pessimiste : le comique, le rire comme contrepoids qu'Henri Godard évoque dans de très belles pages en n'oubliant pas de rappeler la profonde compassion de Céline pour les souffrances de l'homme, qui au fond de lui-même, n'a jamais pu supporter. Ce qui amène l'auteur à terminer cet essai sur des réflexions plus générales sur la littérature et la création.

M.G.
Le Petit Célinien, 31 mars 2014.

Henri GODARD, À travers Céline, la littérature, Gallimard, 2014.
Disponible sur Amazon.fr.


Dans la presse :
> Le Nouvel Observateur, 10 avril 2014

A lire :
> "Lectures d'enfance" par Henri Godard
Interview par Joelle Smets (Le Soir, 2011)
> Entretien avec Henri Godard (Le Nouvel Observateur, 2011) 

A écouter :
> « Au miroir de Céline » (France Culture, 2014)
> Séminaire de l'IHA (2012)

2 commentaires:

  1. La vraie compassion de Céline est le premier sentiment qui m'a traversé en le lisant; dans mon 1°carnet intime je retrouve ceci: "j'avais de la peine, pour une fois, pour tout le monde, pour moi, pour elle, pour tous les hommes. C'est peut-être ça qu'on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir". L.F.Céline

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  2. Je crois que c'est l'essence même de la condition humaine...

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