En association avec Sotheby's, l'étude Binoche & Giquello mettra aux enchères le 7 octobre 2014 à Paris la quatrième partie de la bibliothèque de Bernard Lolié, libraire parisien. Parmi les quelques deux cent lots proposés, quelques lettres et éditions originales de Céline.
Extrait d'une lettre de Céline à André Dézarrois du 24 avril 1947 |
CORRESPONDANCE
Pour commencer, une lettre à André Dézarrois (1), « haut fonctionnaire et notable, [que Céline] connaissait depuis 1934 et avait été son hôte à Saint-Malo » (2), daté par l'expert de la vente du 24 avril 1947 et estimée entre 3 000 et 4 000 €. Une lettre d'exil dans laquelle Céline évoque ses souffrances, son admiration pour sa femme Lucette et dresse un très beau portrait de son chat Bébert, « admirable bête » :« j'ai été bien étrillé ! martyrisé par tous les bouts… Le martyr comporte l'outrage et le glaviot des imbéciles. J'ai été gâté. Et puis 17 mois de cellule. J'en sors enfin. J'en émerge rompu. J'ai perdu 47 kilos. Et puis 2 ans de travail perdus ! On m'a tout brûlé à Paris. Et puis l'Allemagne. On ne peut plus être malheureux. Plus malchanceux… Je végète à l'hôpital. Mais traqué ici même par la presse communiste… »
« Ma femme Lucette est admirable. … C'est de plus une magnifique artiste. Il n'y a pas 3 danseuses comme elle en Europe. Elle réussirait ça à l'Opéra à merveille… »
« Quant à Bébert ex-chat de Le Vigan, c'est le seul bien que nous ayons conservé de tout notre naufrage. Il nous a été fidèle loyal et si mignon et si profondément intuitif et intelligent. Une admirable bête. Mieux, une âme - une poésie - notre seule douceur pour 3 années de supplice. Il vient d'être opéré. Mais il va mieux. Il a passé avec nous entre les 4 armées furieuses en pleine bataille, dans le plus grand cataclysme imaginable, sans jamais se plaindre ni avoir peur comme un chien. Mieux qu'un chien. Sans manger sans boire sans uriner pendant 17 JOURS dans un sac et puis trottinant. D'ailleurs il a fini par apprendre à parler... [...] Bébert est né à la Samaritaine. Lucette dans l'île Saint-Louis. Moi à Courbevoie. Et tous trois si loin si misérables... »
Deux correspondants déjà connus viennent ensuite au catalogue de cette vente : Théophile Briant, avec une lettre adressée par Céline de Copenhague du 30 mai 1947 estimée entre 3 000 et 4 000 € ; et J. H. Rosny, avec une lettre du 4 novembre 1932 (3) sur papier à en tête des Services Municipaux d’Hygiène et d’Assistance Sociale de la Ville de Clichy :
« Maître,
Je n’ai d’autre titre à être reçu par vous qu’en qualité de candidat au Goncourt de cette année avec un gros roman « Voyage au bout de la Nuit » que vous avez peut-être eu la bienveillance de parcourir. Dans le cas où vous auriez le désir d’être mieux renseigné sur ma personne, j’aurais l’honneur de me présenter à vous au jour et à l’heure que vous choisirez.
Déjà je peux vous dire que je suis né à Courbevoie (Seine) le 27 Mai 1894 - médaillé militaire, et médecin de ce dispensaire, le tout avec un grand choix de métiers, d’écoles communales et de simples - ou compliquées aventures. Pendant bien longtemps je n’ai connu que deux livres “La Guerre du Feu” et “Sans Famille”, à vrai dire il n’y en avait pas d’autres à la maison. Et j’ai longtemps crû [sic] qu’il n’en existait pas d’autres. Souvent encore je pense que c’était suffisant. Leur style a dû me demeurer… »
ÉDITIONS ORIGINALES
Un des 100 exemplaires sur Alfa de Voyage au bout de la nuit (reliure Paul Bonnet) |
Plus courant en salle des ventes, La Vie et l'oeuvre de Philippe Ignace Semmelweiss, la thèse de médecine de Louis Destouches avec un envoi à Henri Coutière (1869-1952), « membre de l’Académie de médecine et professeur à l’École supérieure de pharmacie de Paris, que Céline a probablement rencontré lors de ses séjours à Rennes entre 1919 et et 1925 » devrait s'arracher entre 4000 et 6000 €.
Un des rares exemplaires sur Arches de Voyage au bout de la nuit, d'un tirage estimé à 20 exemplaires selon l'expert, celui-ci hors commerce, avec envoi à Mme Lucien Descaves, et pour lequel vous devrez débourser entre 80 000 et 100 000 €.
Un des 100 exemplaires sur Alfa de Voyage au bout de la nuit, reliure mosaïquée Paul Bonnet (photo ci-contre) ; auquel a été ajouté 11 feuillets autographes portant chacun un extrait du texte recopié par Céline, coûtera entre 30 000 et 40 000 € au riche amateur souhaitant ajouter à sa bibliothèque ce volume agrémenté d'un envoi autographe : « A l’enfant rare/et retrouvé !/et reperdu !/L F Céline ».
Un des rares exemplaires sur Arches de Voyage au bout de la nuit, d'un tirage estimé à 20 exemplaires selon l'expert, celui-ci hors commerce, avec envoi à Mme Lucien Descaves, et pour lequel vous devrez débourser entre 80 000 et 100 000 €.
Un des 100 exemplaires sur Alfa de Voyage au bout de la nuit, reliure mosaïquée Paul Bonnet (photo ci-contre) ; auquel a été ajouté 11 feuillets autographes portant chacun un extrait du texte recopié par Céline, coûtera entre 30 000 et 40 000 € au riche amateur souhaitant ajouter à sa bibliothèque ce volume agrémenté d'un envoi autographe : « A l’enfant rare/et retrouvé !/et reperdu !/L F Céline ».
Non coupé, un des 22 premiers exemplaires sur Japon Impérial hors commerce de Mort à crédit, non censuré, imprimé spécialement pour Mme Robert Denoël. 60 000 € - 80 000 €. Il porte cet envoi autographe (photo ci-contre).
Pour les bourses plus modestes, des exemplaires de D'un château l'autre, Nord et Rigodon, exemplaires sur Hollande avec de belles reliures Semet et Plumelle et Danielle Mitterrand ne devraient pas dépasser les 4 500 € par volume.
M.G.
Mardi 07 octobre à 14h30
Galerie Charpentier
Galerie Charpentier
76, rue du Faubourg-Saint-Honoré
75008 Paris
Notes
1 - Lettre attribuée à René Héron de Villefosse dans Lettres (Pléiade, (2009)
2 - Portrait détaillé dans le Dictionnaire de la correspondance, vol. I, Du Lérot, 2012.
3 - Lettre datée du 11 novembre 1932 dans le volume des Lettres (Pléiade, (2009)
2 - Portrait détaillé dans le Dictionnaire de la correspondance, vol. I, Du Lérot, 2012.
3 - Lettre datée du 11 novembre 1932 dans le volume des Lettres (Pléiade, (2009)
On ne voit pas très bien ce qu'il y a d'inédit dans cette lettre du 24 avril 1947 publiée dans la Pléiade (47-28) et attribuée par l'éditeur à Héron de Villefosse...
RépondreSupprimerLes exemplaires de la thèse sont rares. Peut-être plus encore ceux qui ne portent pas le tampon "161", qui indique les exemplaires déposés par le doctorant à la faculté ; les exemplaires sans tampon et dédicacés se comptent sur les doigts d'une main... ce sont ceux réservés à l'auteur !
RépondreSupprimerLa lettre du 30 mai 1947 est connue, inventoriée (Dictionnaire de la correspondance tome 1, notice Briant), mais son texte est resté presque entièrement inédit. Sur la reprise des relations épistolaires Céline-Briant, voir La Bretagne de Céline, p. 473-474...
RépondreSupprimerLe 24 avril 1947, dans La Bretagne de Céline, merveilleux et richissime livre de Gaël Richard, on découvre dans une lettre de Dezarrois à Henri Mahé que Dezarrois ne connaissait pas l'adresse de Céline, et n'avait pas de nouvelles de lui. En outre, les allusions à Cognacq-Jay et à Sceaux montrent que cette lettre est bien adressée à Héron de Villefosse.
RépondreSupprimerQu'est-il écrit dans l'autographe à Cécile Denoël ? Je crains de ne pas avoir l'expérience pour déchiffrer l'écriture du médecin qu'est Céline...
RépondreSupprimerJe lis tout de même
"à Cécile Denoël
Très sincère hommage au cœur(?) d'une autre tragédie(?)"
ça ne doit pas du tout être ça !
Merci d'avance
"... au cours d'une autre tragédie" ?
RépondreSupprimerAh, oui, finalement je n'étais peut-être pas si loin... Merci pour la réponse Monsieur Chalmin
RépondreSupprimer